Toute l’histoire du monde
Palestiniens de l’ouest du Jourdain devenaient mentalement des Jordaniens. On s’acheminait vers une reconnaissance réciproque de facto.
La guerre des Six Jours, en 1967, remit tout en cause. En quelques journées, du 5 au 10 juin, les chars de combat et les avions Mirage de Tsahal anéantirent complètement les armées jordanienne, syrienne et égyptienne (les Irakiens n’eurent pas le temps d’arriver). Tsahal démontra qu’elle était (et demeure) la meilleure armée du Proche-Orient. Elle alla faire sécher son linge sur le canal de Suez. (Allusion à une chanson des soldats anglais de la guerre mondiale : « Nous irons pendre notre linge sur la ligne Siegfried. ») Les territoires jordaniens à l’ouest du Jourdain devinrent « les territoires occupés ». Le plateau syrien du Golan fut occupé.
L’armée d’Israël, armée de conscription (trois ans de service pour les garçons et deux ans pour les filles), est une admirable armée. Comment ne pas se réjouir en imaginant la tête que doit faire Hitler, s’il regarde les magnifiques combattants juifs sur leurs Panzer, lui qui les méprisait tant ! Les généraux des Six Jours font penser à Rommel, ou à Leclerc. Cela prouve encore une fois que la valeur au combat dépend de la motivation. Les « sionistes » qui s’illustrèrent héroïquement lors de la révolte du ghetto de Varsovie (en 1943) n’avaient d’ailleurs que mépris pour la passivité résignée de certains juifs de la diaspora.
Mais, triomphe militaire, cette guerre de 1967 fut une terrible faute politique. De Gaulle avait prévenu, à la veille du conflit, l’ambassadeur d’Israël : « Vous avez bénéficié jusque-là de circonstances exceptionnelles. Contentez-vous de ce que vous avez. Si vous dépassez la "ligne verte", croyez-en notre expérience, vous allez devenir des occupants », dit-il en substance au diplomate. L’« ubris » emporta le sionisme. Victoire des armes à la Bonaparte, cette guerre fut un désastre géopolitique. Avec elle naquit une conscience nationale palestinienne qui s’exprima dans l’OLP, présidée par Arafat depuis 1969 jusqu’à sa mort en 2004.
Le 6 octobre 1973, le successeur de Nasser, allié aux Syriens, lança une violente attaque surprise (le jour de la fête juive du Kippour) prouvant que les Arabes aussi savaient se battre. Les chars syriens descendirent sur le lac de Tibériade. Le génie militaire du général Sharon, qui contre-attaqua avec ses blindés au-delà du canal de Suez vers Le Caire, sauva Israël (Sharon est un grand général. Sera-t-il un grand politique ? Il n’y a qu’un Bonaparte ou un de Gaulle par siècle). L’alerte avait été chaude. Tsahal, erreur fatale, avait sous-estimé l’adversaire. Ayant compris la leçon, Israël se hâta de conclure la paix avec Sadate, au prix de l’évacuation du Sinaï. Ce qui valut au président Sadate, qui n’avait pas craint de se rendre en personne à Jérusalem, d’être assassiné par un intégriste musulman le 6 octobre 1981.
Après une vaine occupation du Liban, Israël se trouva affronté, non plus à des armées, mais à une résistance. Il le comprit et, en septembre 1993, admit la mise en place d’une Autorité palestinienne dans les territoires occupés. Le lucide général Rabin le paya de sa vie, assassiné en novembre 1995 par un intégriste juif. Depuis cette date, le « processus de paix » patine et les « intifadas » (révoltes des pierres) palestiniennes se succèdent, aggravées par un terrorisme aveugle.
Israël en Palestine évoque Sparte au Péloponnèse, camp militaire au milieu des Hilotes. Les deux légitimités, l’israélienne et la palestinienne, sont incontestables.
La légitimité d’Israël n’est cependant ni religieuse ni raciale ; elle est historique. Elle procède du sang versé et des sacrifices consentis par les colons juifs.
À l’inverse, les Arabes occupent depuis des temps immémoriaux un territoire qui jusqu’au xx c siècle ne leur était contesté par personne, les Ottomans étant puissance protectrice.
À l’immense tragédie de la « Shoah », on ne peut objectivement pas comparer la « Nakbah » ; mais, subjectivement, l’Arabe palestinien pense le contraire. Le monde arabe a l’impression qu’on lui demande de payer la facture nazie. Si la haine était excusable (elle ne l’est jamais : même quand il faut combattre, on doit le faire sans haine), le jeune sioniste devrait haïr
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