Toute l’histoire du monde
les vents mauvais de l’intérieur. Là, ils fondèrent cinq villes dont les ruines restent admirables : Cyrène, Apollonia, Ptolémaïs, Arsinoé et Bérénice (aujourd’hui Benghazi).
Les colonies phéniciennes, à part la Cyrénaïque et l’ouest de la Sicile, furent au contraire fondées sur la côte sud de la Méditerranée.
En 800 avant Jésus-Christ, Tyr fonda en Tunisie la ville de Carthage, qui deviendra beaucoup plus puissante qu’elle-même. Là encore, les noms (la « toponymie ») rappellent le passé, ici libanais et sémite : Gabès et Cadix sont des mots phéniciens ; Carthagène, au sud de l’Espagne, veut dire « Nouvelle Carthage », etc.
Malgré les contraintes techniques des galères, ces grands navigateurs quittèrent hardiment la Méditerranée. Les Grecs, après avoir passé les Colonnes d’Hercule (détroit de Gibraltar), remontèrent les côtes océanes vers le nord jusqu’aux îles Britanniques, jusqu’à la mer Baltique. Les Phéniciens, eux, descendirent la mer Rouge vers le sud, jusqu’aux Indes. Ils firent même le tour de l’Afrique pour le compte du pharaon Néchao II, vers -600. Parties d’Égypte, les galères phéniciennes marchèrent au midi avec la côte à leur droite. Chaque soir, les marins poussaient leurs navires au rivage pour faire de l’eau et commercer avec les tribus indigènes. Après des mois de navigation, ils constatèrent avec surprise, la côte étant toujours à main droite, que le soleil, qui se levait depuis le départ à leur gauche, se levait maintenant à leur droite. Ils comprirent qu’ils avaient fait le tour de l’Afrique et qu’ils remontaient vers le nord. En effet, ils ne tardèrent pas à franchir le détroit de Gibraltar.
Ainsi les mers côtières se sont-elles ouvertes à l’homme à cette époque, et déjà pour des voyages au long cours – Afrique, Indes, Baltique – même s’il était encore impossible de s’éloigner des côtes. Les premières cartes maritimes datent de ce temps-là. Les hommes ont alors une idée à peu près complète de l’Ancien Monde : Europe, Asie, Afrique.
Les Grecs ne furent pas seulement des commerçants, comme les Phéniciens. En politique, ils inventèrent et expérimentèrent dans leurs cités toutes les formes imaginables de gouvernement : démocratie (de démos , peuple, et kratoSy pouvoir), monarchie (de monos , seul, et arkhê commandement), ploutocratie ( ploutos , richesse), oligarchie (de oligoij peu nombreux), etc.
D’ailleurs, toutes les cités grecques n’étaient pas commerçantes. Athènes, la grande cité de l’Égée, fut une démocratie maritime ; mais, au cœur montagneux du Péloponnèse, la cité de Sparte, sa rivale, fut une oligarchie militaire et continentale – un vrai camp de guerriers au milieu des voisins subjugués, les « hilotes ». Cependant, les dizaines de cités grecques de Méditerranée parlaient la même langue, adoraient les mêmes dieux (Zeus, Aphrodite, etc.) et avaient des sanctuaires communs
comme Delphes. Une histoire commune aussi, mycénienne puis hellénique. Et une littérature fondatrice : l’Iliade et l’Odyssée homériques.
Tous les quatre ans, les cités déléguaient des représentants à Olympie pour disputer des jeux pacifiques. Il s’agit évidemment des jeux Olympiques, concours sportifs mais aussi concours d’éloquence, de poésie, de philosophie. Les Grecs décomptaient d’ailleurs le temps en fonction de ces rassemblements olympiques : « du temps de la troisième, de la cinquième olympiade », etc.
L’influence historique de la civilisation hellénique fut si grande qu’aujourd’hui, dans la plupart des langues européennes, les mots savants sont grecs : « héliothérapie » vient de therapeia , soin, et hélios , soleil ; « thalassothérapie », de thalassa, mer ; « galaxie », de gala , lait (notre galaxie apparaissant dans la nuit comme une laiteuse traînée d’étoiles) ; « hypnotique », de hypnos, sommeil.
Bref, la langue grecque est « l’alpha et l’oméga » (première et dernière lettres de l’alphabet grec) de nos langues actuelles.
Ce sont aussi les Grecs qui inventèrent la géométrie et formulèrent les théorèmes (encore un mot grec) dont tous les lecteurs connaissent les noms : ceux de Pythagore, d’Euclide ou d’Archimède, qui furent de grands savants hellènes. Ils trouvèrent aussi le chiffre Pi (une lettre grecque) pour calculer la circonférence du
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