Toute l’histoire du monde
des Scythes, peuple des grandes steppes.
Avec eux s’imposèrent le cheval et la cavalerie. Certes, Égyptiens et Mésopotamiens utilisaient les chevaux, mais ils n’avaient pas l’idée de monter dessus. Sur les bas-reliefs de ces pays, le roi est toujours sur son char, le cheval étant attelé et par le cou, ce qui réduit sa force. Or Scythes, Mèdes et Perses sont avant tout des cavaliers.
La cavalerie va devenir une formidable arme militaire. Mais il faut souligner que, dans l’Antiquité, l’étrier n’existait pas. Instables, les cavaliers n’étaient pas une arme de choc. Les cavaliers perses galopaient vers l’ennemi ; arrivés à bonne distance, ils tournaient bride, puis, se retournant à moitié, lui décochaient une volée de flèches – ce qu’on appelle la « flèche du Parthe ».
Grâce à cette cavalerie, les Perses, civilisés par leurs voisins, en firent la conquête en trente ans sous deux empereurs : Cyrus (-550/-530) et son fils Cambyse (-530/-522) mirent fin à l’indépendance de la Mésopotamie, des États indiens et de l’Égypte. Il faut dire que ces civilisations étaient dépourvues de sentiment patriotique. Les Grands Rois perses s’en firent donc facilement accepter. Depuis leurs diverses capitales – Ecbatane, Persépolis -, situées sur le vaste plateau iranien qui sépare le Tigre de l’Indus, ils construisirent des routes pour leurs messagers et des villes, qui étaient surtout des palais royaux. Les ruines de Persépolis, dans le désert iranien, sont aujourd’hui encore impressionnantes.
Les Perses avaient leur propre religion, le mazdéisme (du nom de leur dieu Ahura-Mazda) ; des prophètes qui inspirèrent ceux des juifs, dont Zoroastre (le Zarathoustra de Nietzsche) ; un livre saint, l’Avesta. Plus tard apparut Mani, un prophète schismatique qui opposera le dieu du Bien et le dieu du Mal. Cette opposition du Bien et du Mal, le « manichéisme », court au fond de la religion des Perses.
Les Grands Rois ne cherchaient pas à imposer leur religion aux peuples conquis, dont ils respectaient les coutumes. Ils se voulurent tolérants (et, par exemple, ils laissèrent retourner en Palestine les juifs déportés par Babylone sur l’Euphrate). Les gouverneurs iraniens, les « satrapes », ne prélevaient que des impôts légers.
Cependant, leur mondialisation douce fut mise en échec par les cités grecques. Quand un troisième empereur, Darius, envoya ses bateaux en Grèce (les cavaliers persans avaient en effet annexé la marine phénicienne) et une petite armée près d’Athènes, son corps expéditionnaire fut écrasé à Marathon par les soldats athéniens, les « hoplites » (victoire connue pour avoir donné son nom à une course olympique). En effet, pour annoncer la bonne nouvelle, le stratège grec envoya à Athènes un coureur qui mourut d’un infarctus à l’arrivée.
Dans l’armée du Grand Roi, seuls les Perses étaient motivés, nullement la multitude des soldats issus des peuples conquis. Au contraire, les Grecs, libres citoyens, étaient fort patriotes et se battaient donc mieux. On appelle cette expédition manquée la première guerre médique.
Le fils de Darius, Xerxès (-486/-465), vexé, ne voulut pas rester sur cet échec. Mobilisant son armée et sa marine, il attaqua par terre et par mer. La seconde guerre médique commença dix ans après la première, en -480.
Les cités grecques, même les rivales Sparte et Athènes, firent alliance. Au défilé des Thermopyles, les Spartiates arrêtèrent quelques jours l’invasion, puis furent submergés. On y gravera l’inscription suivante : « Passant, va dire à Sparte que ses fils sont morts pour être fidèles à ses lois. » Athènes elle-même fut conquise et brûlée. Son gouvernement avait évacué la population dans les îles et gardait sa marine sous le commandement de Thémistocle. Les galères athéniennes écrasèrent la flotte du Grand Roi à Salamine. Eschyle fit le récit de cette première grande bataille navale dans sa tragédie Les Perses. (Notons qu’il s’agit en réalité d’un combat entre Grecs et Phéniciens – le premier – car la marine perse était libanaise, les Iraniens restant des cavaliers des steppes.)
L’immense empire perse, qui couvrait la moitié de l’Eurasie, venait d’échouer devant quelques libres cités. Il y eut des milliers de morts. Ce fut la victoire de la libre citoyenneté sur la sujétion.
Athènes atteignit
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