Toute l’histoire du monde
cercle.
Il est impossible d’évoquer le monde méditerranéen de cette époque sans parler d’un petit peuple qui eut une extrême importance idéologique : le peuple juif ou « hébreu ».
Les juifs n’étaient pourtant pas des marins, mais à l’origine des bédouins qui nomadisaient entre l’Égypte et la Mésopotamie. Leur histoire commença par la sortie d’Égypte, l’Exode (la Pâque), et fut marquée, nous l’avons vu, d’un exil cruel en Mésopotamie, « au bord des fleuves de Babylone ».
Enfin, ils devinrent paysans en Palestine, à la frontière précisément des influences du Nil et de l’Euphrate. Ils y fondèrent, autour de la ville sainte de Jérusalem, un petit État qui fut détruit en -588 par le roi babylonien Nabuchodonosor, et qui ne sera restauré qu’en 1948. Les paysans hébreux continuèrent d’habiter la Palestine, sous divers protectorats. Dans les dizaines de livres saints regroupés dans la Bible se retrouvent des influences mésopotamiennes, égyptiennes, phéniciennes (Tyr était toute proche) et grecques. Les juifs inventèrent le monothéisme : un seul Dieu.
Cette idée du Dieu unique avait déjà été évoquée à plusieurs reprises, en particulier par le pharaon égyptien Akhenaton (-1374/-1354), mais sans succès durable.
Ce sont les juifs qui réussissent à imposer le Dieu unique, à affirmer que les étoiles ou la mer ne sont pas Dieu, à abandonner les idoles.
De nombreuses conséquences idéologiques vont en découler.
La nature n’est plus divine ; elle est créée, et l’homme est appelé à la dominer. Ce sont les premiers mots de la Bible, au livre de la Genèse.
Le temps n’est plus cyclique. L’histoire a un sens -celui du salut. Le monde créé est inachevé, mais, finalement, il réussira. C’est ce qu’on appelle le messianisme, dont les implications sont énormes.
L’avenir peut être meilleur que le passé. Le temps n’est plus une roue, mais une flèche qui va quelque part. Le changement n’est plus maudit ; au contraire, les prophètes (ceux’qui parlent au nom de Dieu) l’appellent de leurs vœux. Ainsi apparaît dans l’histoire des hommes l’idée de progrès.
Le judaïsme imposa également l’idée de personne : si Dieu est « quelqu’un », l’homme aussi est « quelqu’un ». L’individu n’est plus méprisable, l’injustice n’est plus acceptable. D’ailleurs, le Dieu juif, Yahvé, est un Dieu bon, et non une divinité lunatique comme les dieux païens. Il aime son peuple et chaque être, comme un amant aime une femme. Lisons ce que le prophète Isaïe fait dire à Dieu :
« Un court instant, je m’étais mis en colère contre toi. Mais il est impossible d’oublier la femme de sa jeunesse. Alors, ému d’une immense tendresse, je reviens vers toi. »
Lisons le Cantique des Cantiques, livre biblique qui à l’origine décrit les amours charnelles d’un homme et d’une femme :
« Les bras de mon amant sont des cylindres d’or, son sexe une masse d’ivoire », dit la femme, et l’homme de répondre :
« Les seins de ma bien-aimée sont comme des grappes de palmier, je monterai au palmier pour en saisir les grappes. Ouvre-moi ta porte, ma sœur, ma compagne », ce à quoi l’amante rétorque :
« Mon amant avance la main par le guichet de la porte, et mes entrailles frémissent à cause de lui. Filles de Jérusalem, dites-lui que je suis malade d’amour. » Ce texte érotique sert à faire comprendre aux croyants l’intensité de l’amour de Dieu. Il s’achève d’ailleurs par cette affirmation sublime :
« L’amour est plus fort que la mon. Les grandes eaux ne peuvent éteindre l’amour, ni les fleuves le submerger- »
Pendant que les commerçants grecs et phéniciens couraient les mers, les croyants de Palestine avaient changé la représentation religieuse du monde.
L’empire perse et le monde grec
Vers le VI e siècle avant Jésus-Christ, l’homme dominait ainsi la terre en Égypte, en Mésopotamie, aux Indes et en Chine, et aussi les mers côtières de l’Eurasie.
À cette date, on assiste à la première tentative de mondialisation. Les Hittites d’Anatolie avaient essayé de conquérir le Proche-Orient. Pharaon les avait battus à Qadesh en 1299. Les Perses, eux, vont réussir. Les Perses seront l’instrument de cette universalisation.
C’étaient des nomades indo-européens (le persan est apparenté à la fois au grec et au sanscrit), héritiers
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