Toute l’histoire du monde
celles qui assurent la défense des faibles et attirent sur ceux qui les violent un mépris universel. Pour les affaires publiques, nul n’est gêné par sa pauvreté ou l’obscurité de sa condition, s’il est capable de rendre service à la cité…
« Nous savons concilier le goût des études avec l’énergie et le goût du beau avec la simplicité. Notre cité est l’école de la Grèce et du monde.
« Même si toutes les choses sont vouées au déclin, puissiez-vous dire de nous, siècles futurs, que nous avons construit la cité la plus célèbre et la plus heureuse. » Vingt-cinq siècles plus tard, nous pouvons assurer que
Périclès avait raison. La devise d’Athéna, déesse d’Athènes, « Courage et culture » serait à méditer par notre monde actuel qui n’apprécie guère le courage physique et dédaigne les « humanités » ! Rappelons que Socrate eut pour disciple Platon, lequel aura pour disciple Aristote, lequel aura pour élève Alexandre le Grand ! Cependant, il y a des ombres au tableau.
D’abord, tous les hommes n’étaient pas citoyens. Il y avait des esclaves à Athènes. Aristote lui-même se demandait si les esclaves avaient une âme.
L’universalisme grec ne concernait pas tout le monde. En particulier, il ignorait la femme. Athènes était une cité sans femmes.
Si l’éducation était obligatoire pour les garçons, la plupart des filles, à l’exception des courtisanes, ne savaient pas lire. Confinées dans leur rôle de reproductrices, elles étaient enfermées dans le « gynécée ».
Dans ces conditions, les jeunes hommes ne pouvaient guère aimer les jeunes filles que la famille leur donnait à épouser, à peine pubères de surcroît.
Tradition qu’ont gardée bien des Méditerranéens, et qu’on retrouve dans l’islam. Le monde antique est un monde sans femmes (à l’exception du peuple juif, nous l’avons vu).
L’amour chez les Grecs était homosexuel (voir Le Banquetât Platon), et la pédérastie de pratique courante : les aînés tombaient amoureux des jeunes garçons et les éduquaient en même temps. À Thèbes (de Grèce, pas d’Égypte), un régiment de l’armée s’appelait le « régiment des amants ».
Cela durera jusqu’au triomphe du judéo-christianisme. Jules César était bisexuel. À l’occasion de son triomphe à Rome, ses légionnaires chantaient : « Voici notre général chauve, l’amant de toutes les femmes, la maîtresse de tous les hommes. »
Il ne s’agit pas de porter un jugement moral, mais de souligner l’absence de femmes. Une civilisation peut-elle être harmonieuse en ignorant la moitié de l’humanité ? Si les hommes étaient pédérastes, les rares femmes évoluées étaient courtisanes (comme la compagne de Périclès) ou lesbiennes (du nom de l’île grecque de Lesbos).
Enfin, la cité grecque, dont les citoyens étaient tellement plus cultivés que les sujets des empires, avait aussi un côté « Clochemerle », qui fera son malheur.
Les cités ne réussirent qu’épisodiquement à s’unir. En 431 avant Jésus-Christ commença entre elles une terrible guerre qui ne se terminera qu’en -401 : la guerre du Péloponnèse.
Athènes ne résista pas à la tentation d’un impérialisme mesquin. Sparte ne parvint pas à sortir de son militarisme.
Les cités grecques sont pleines d’enseignements très actuels sur la possible décadence des démocraties. Platon, dans La République , a écrit là-dessus des pages que nous devrions relire avec infiniment d’attention.
Malgré ces ombres, la Grèce antique illumina le monde comme un soleil. Les ombres de l’esclavage et de l’enfermement de la femme ne doivent pas faire oublier les splendeurs de l’Acropole.
À cette époque sont donc nées les deux forces d’où provient la civilisation moderne : l’humanisme grec à Athènes et le monothéisme juif à Jérusalem.
Alexandre ou la première mondialisation
Quand un pays est divisé contre lui-même comme l’était la Grèce après les guerres du Péloponnèse, une puissance étrangère vient y mettre bon ordre. C’est ce qui arriva aux cités grecques. La chance de l’humanité fut que cette puissance étrangère était déjà profondément hellénisée. La Macédoine (qui existe toujours, mi-indépendante, mi-grecque, et dont la ville principale est le port de Thessalonique, en grec « Victorieuse de la mer ») était un royaume dont le roi Philippe, de culture grecque,
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