Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Toute l’histoire du monde

Titel: Toute l’histoire du monde Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Claude Barreau , Guillaume Bigot
Vom Netzwerk:
l’ordre ne régnèrent sur la Méditerranée comme pendant tous ces siècles. C’est aussi la seule époque de l’histoire où la Méditerranée fut unie. Elle ne l’est plus. Aujourd’hui, on change d’univers quand on change de rive. À cette époque-là, d’Antioche à Naples ou à Nîmes, c’était la même civilisation, bornée au sud par le Sahara, au nord par le Rhin, le Danube et les forêts germaniques, reliée à l’Inde et à la Chine par les Iraniens. L’hellénisme a triomphé du temps grâce aux Romains. Cependant, cette formidable grandeur avait aussi ses ombres et ses abîmes.
    Cette civilisation ignorait la pitié. Elle était extraordinairement cruelle. Au moment même où l’empereur Marc Aurèle écrivait les lignes sublimes citées plus haut, il se rendait (par obligation, en ce qui le concerne, davantage que par plaisir) aux jeux de l’amphithéâtre où des centaines d’hommes s’entrégorgeaient pour flatter le sadisme des spectateurs : Morituri te salutant « Ceux qui vont mourir te saluent »… Pour réprimer la révolte de Spartacus, Rome avait fait dresser des croix de Naples jusqu’en ses faubourgs, sur la voie Appienne – des milliers de croix sur lesquelles étaient exposés des suppliciés.
    La croix était la manière de mettre à mort les esclaves : Rome réservait le glaive à ses ennemis et le poison à ses patriciens.
    Il y a quelque chose d’incompréhensible dans ce sadomasochisme à grand spectacle, assez bien rendu par le film de Ridley Scott, Gladiator – incompréhensible pour nous du moins, marqués que nous sommes par le judéo-christianisme. Même les nazis, hommage du vice à la vertu, cachaient leurs camps d’extermination et d’humiliation. Les Romains, eux, en faisaient du grand guignol. La philosophe Simone Veil, qui mourut en « Française libre » à Londres, n’hésitait pas à comparer les Romains aux nazis. Excessive, cette comparaison n’en recèle pas moins une part de vérité.
    Et puis il ne faut pas oublier l’esclavage. Certes, les esclaves domestiques étaient bien traités, souvent affranchis, et alors ils pouvaient accéder aux plus hautes charges. Mais Rome a connu une servitude de masse qu’ignorait la Grèce ancienne, avec des milliers de morts-vivants dans ses latifundia et ses mines – son « goulag » à elle.
    Toutefois, malgré ces horreurs, l’impérialisme romain n’a pas laissé un trop mauvais souvenir.

Le judéo-christianisme
    Nous avons souligné que les juifs ont imposé durablement l’idée d’un Dieu unique, l’idée de personne, et celle de progrès. La femme aussi, puisque leur Dieu est un amant et, surtout, puisque l’image de Dieu est pour eux à la fois masculine et féminine : « À l’image de Dieu Il les créa, homme et femme II les créa. »
    En découla une nouvelle conception des rapports de l’homme avec la nature. L’homme est fait pour dominer la nature ; il y contemple les beautés de la création, mais il s’en distingue, échappant ainsi aux engluements de la magie. On comprend ici qu’une certaine écologie refusant cette distinction entre l’homme et la nature menace notre héritage judéo-chrétien. Pour toutes les sociétés traditionnelles, l’homme fait partie de la nature pour le meilleur et pour le pire (le « Yin » et le « Yang » chinois). Pour l’Hébreu, il s’en distingue.
    En résultèrent aussi les « dix commandements » -l’idée d’une loi, non plus juridique comme celle des Romains, mais morale et surtout universelle : les « droits de l’homme » en sont issus. Ils auraient été inconcevables dans une autre religion que le judaïsme.
    On saisit ici combien les religions changent notre vision du monde.
    Pour cette raison, certains veulent enseigner les religions à l’école laïque. L’intention est bonne ; mais ces penseurs ne se rendent pas compte à quel point est oubliée l’histoire générale elle-même. Si l’on est incapable de les situer dans la chronologie, comment comprendre les religions ? Il faut en vérité les étudier en racontant l’histoire générale – ce que nous essayons de faire.
    Installés en Palestine autour de Jérusalem et du Temple, depuis leur retour de Babylone, les juifs avaient depuis longtemps l’habitude d’émigrer. Sans être des navigateurs, ils furent de grands émigrants et la « diaspora » existait déjà. Dans toutes les villes romaines, on trouvait des synagogues et des

Weitere Kostenlose Bücher