Toute l’histoire du monde
j’ai des plans pour construire des engins très propres à l’attaque ou à la défense des vaisseaux qui résistent au feu des plus grands canons.
« De même, je ferai des chars couverts, sûrs et inattaquables, qui rentreront dans les rangs ennemis avec leur artillerie, et aucune infanterie ne serait capable de les détruire, et les hommes d’armes pourront suivre ces chars impunément sans rencontrer d’obstacles. Au besoin, je fabriquerai des mortiers, très beaux, utiles, différents de ceux que l’on emploie communément. Là où l’usage du canon n’est pas possible, j’inventerai des catapultes, mangonnaux, trébuchets et autres machines d’une admirable efficacité. Bref, selon les cas, je fabriquerai un nombre infini d’engins variés pour l’attaque et pour la défense.
« En temps de paix, je crois pouvoir vous donner entière satisfaction, soit en architecture, pour la construction des édifices publics et privés, soit pour la conduite de l’eau d’un endroit à l’autre. Enfin, je puis exécuter des sculptures en marbre, bronze ou terre cuite.
« J’ajoute qu’en peinture mon œuvre peut égaler celle de n’importe qui ! »
La dernière phrase ne manque pas de sel, concernant l’auteur de La Joconde… Léonard termina sa vie sur les bords de la Loire, où le roi de France l’avait fait venir, après avoir conçu l’escalier à double révolution du château de Chambord.
Bref, au XVI c siècle, l’Italie était le centre de la puissance et de la gloire. On comprend pourquoi tous les souverains de l’époque voulaient la contrôler.
Et d’abord le plus puissant d’entre eux : Charles Quint (1500-1556).
Charles Quint avait réuni sur sa tête une fabuleuse succession : duc d’une Bourgogne il est vrai réduite aux Pays-Bas (la Belgique actuelle – mais ces Pays-Bas étaient fort développés), il hérita de sa mère, Jeanne la Folle, fille d’Isabelle de Castille et de Ferdinand d’Aragon, la couronne d’Espagne (et donc l’Amérique latine) et, de son père, Philippe le Beau, le domaine héréditaire des Habsbourg (l’Autriche actuelle). Le royaume de Naples et la Sicile s’ajoutant en prime à cet extraordinaire héritage. Charles se fit enfin élire empereur germanique.
Le titre impérial échoyait depuis longtemps aux Habsbourg. Mais, comme il s’agissait tout de même d’une « élection » (par les grands seigneurs allemands), Charles, cette fois-là, dut batailler contre la candidature du roi de France. Il ne l’emporta qu’en achetant les électeurs grâce à l’argent d’un banquier de Francfort, Jacob Fugger (dit le Riche).
Évidemment, après avoir repoussé les Turcs devant Vienne en 1529, Charles voulut dominer l’Europe -d’autant plus qu’après la disparition de l’empire d’Orient, il n’existait plus qu’une seule couronne impériale. Charles Quint fut un grand « Européen » (infiniment plus que le barbare Charlemagne). Il disait d’ailleurs : « Je parle français aux hommes, italien aux femmes, espagnol à Dieu et allemand à mon cheval. » Notons qu’il ignorait l’anglais…
Mais la couronne du Saint Empire était un fantasme. Elle obligea Charles Quint à disperser ses forces de la Castille à la Bohême. Son rêve impérial échoua. Deux ans avant sa mort, il se retira dans un monastère espagnol, à Yuste. Seul exemple – avec Dioclétien, qui avait pris sa retraite treize siècles plus tôt à Split (Spalato, le Palais) en Dalmatie – d’un empereur quittant de lui-même le pouvoir.
Le rêve européen de Charles disparut avec lui. Après sa mort, ses possessions furent raisonnablement divisées en deux : à Philippe II, son fils, les domaines espagnols ; à Ferdinand, son frère, l’Autriche et la couronne du Saint Empire. (L’empire restera dans la famille des Habsbourg jusqu’en 1918.)
L’Empire avait échoué à cause de l’opposition du royaume de France, lequel occupait une position stratégique au milieu des possessions des Habsbourg. Cette situation centrale obligeait les troupes impériales qui devaient aller d’Autriche en Espagne à effectuer de dangereux détours par l’Italie. Comme ces soldats étaient souvent des mercenaires allemands, les « lansquenets », l’empereur très catholique ne put les empêcher de piller
Rome en 1527. Ce fut un terrible saccage ! L’Empire ne put donc abattre la couronne de France.
La monarchie française avait gagné en puissance depuis
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