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Toute l’histoire du monde

Titel: Toute l’histoire du monde Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Claude Barreau , Guillaume Bigot
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sortant cent livres dans le temps qu’il fallait aux copistes pour en recopier un !

Les Réformes et les guerres de religion
    Les mœurs des papes de la Renaissance, qui avaient maîtresses et enfants (César et Lucrèce Borgia) et qui vivaient de manière bien peu évangélique, scandalisaient quand même beaucoup de croyants, d’autant qu’à l’évidence l’Église avait grand besoin de réformes.
    L’Église catholique en avait déjà connu, et sans rupture : la réforme grégorienne, la réforme franciscaine. Si les chrétiens d’Orient détestaient ceux d’Occident, c’était moins pour des questions de mœurs ou de dogmes qu’en raison du pillage de Constantinople par les marins vénitiens et les chevaliers latins en 1204, lequel laissa de forts ressentiments.
    Au XVI c siècle, la réforme entraîna des schismes. Mais ce n’était pas écrit d’avance. Prenons conscience de la déformation optique qui est la nôtre : nous en connaissons la fin, mais la plupart des événements auraient pu tourner autrement ! Rien n’est écrit et les historiens s’amusent, depuis qu’ils existent, à réécrire l’histoire. « Si le nez de Cléopâtre avait été plus court… »
    Un moine allemand, en particulier, trouvait scandaleux ce qui se passait à Rome. Surtout les trafics auxquels se livraient les papes transformés en marchands du temple, par exemple le commerce des indulgences (rémissions de peines moyennant finance). Martin Luther (1483-1586) afficha donc le 31 octobre 1517, sur les portes de l’église du château de Wittenberg, quatre-vingt-quinze thèses pour condamner ce trafic. Les pressions les plus diverses ne purent l’amener à se rétracter ; au contraire, il publia en 1520 un manifeste À la noblesse de la nation allemande et brûla la bulle du pape qui le condamnait.
    Sa protestation était parfaitement fondée, les papes de la Renaissance ressemblant fort peu à Jésus de Nazareth. Le malheur fut que les pontifes ne prirent pas Luther au sérieux (trois siècles auparavant, Innocent III avait su recevoir François d’Assise qui lui faisait la leçon). D’où la rupture et la naissance d’une réaction évangélique à laquelle on donna le nom de « protestantisme ». Il faut noter que Luther avait tiré de l’Évangile le goût de la pureté, mais pas celui de l’égalité : lorsque éclata en Allemagne une révolte des paysans, en 1525, il choisit le parti des princes quand ceux-ci décidèrent de réprimer cette jacquerie dans le sang.
    La nation allemande prit conscience d’elle-même avec Luther, lequel traduisit d’ailleurs la Bible en allemand. Luther joua pour les Allemands le rôle qu’avait joué Jeanne d’Arc pour les Français – avec cette différence que Jeanne avait le souci des pauvres, alors que Luther était passionnément « réactionnaire ». L’identité nationale allemande en gardera trace. Le côté obéissant et discipliné que l’on reconnaît aux Allemands, leur côté sombre (les mauvaises langues disent « germanique ») doit beaucoup au luthéranisme.
    L’Allemagne se sépara en deux, au nord et au sud de l’ancien limes romain, entre catholiques et protestants.
    Beaucoup de princes allemands y trouvèrent prétexte pour s’affranchir de Rome et confisquer les biens d’Église. L’empereur catholique Charles Quint, malgré le bannissement de Luther à la diète de Worms, ne put arrêter la Réforme et fut contraint au compromis. Le grand maître, catholique, de l’ordre militaire des Chevaliers teutoniques, Albert de Brandebourg, prit prétexte de sa conversion au protestantisme pour créer, en 1525, le duché de Prusse (la Prusse entra ainsi dans l’histoire) ; il fonda l’université de Königsberg (Kaliningrad). Beaucoup d’autres princes devinrent luthériens, dont les rois de Suède et de Danemark. En 1530, la Confession d’Ausbourg énonça la règle : Cujus regio, ejus religio. Les sujets doivent avoir la même religion que celle de leur prince. Une réaction de liberté contre le pape et l’empereur, maîtres lointains, s’était transformée en aggravation de l’asservissement aux « princes », maîtres trop proches !
    En 1534, le roi d’Angleterre Henri VIII (1491-1547), qui voulait divorcer malgré le refus du pape (refus politique, et non religieux : Henri était marié à la tante de Charles Quint, l’empereur catholique), trouva dans le luthéranisme un exemple commode. Il rompit avec Rome et

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