Toute l’histoire du monde
frère de l’Empereur, et d’Hortense de Beauharnais, fille de Joséphine. Né en 1808, il avait quarante-trois ans. Jusque-là, il avait mené une vie d’exil et de conspiration (avec les carbonari italiens ou contre la Restauration). Emprisonné au fort de Ham, il s’en était évadé – bref, un personnage aventureux.
Le 2 décembre 1851, le président proclama le Second Empire. Il prit le nom de Napoléon III (le numéro II étant réservé au fils de l’Empereur, mort à Vienne).
L’action du 2 décembre fut davantage un abus de pouvoir, Louis-Napoléon étant déjà en place, qu’un véritable coup d’État. À l’image de son oncle, Louis venait de transformer la république démocratique, issue de 48, en république autoritaire, dont il se voulait le dictateur « à la romaine ».
Il y eut des opposants. Ils furent arrêtés ou s’enfuirent. Victor Hugo résida pendant toute la durée du Second Empire à Guernesey – terrible handicap, pour le nouvel empereur, que d’avoir contre lui le génial poète, pourtant grand admirateur de l’oncle.
Napoléon III vaut mieux que le portrait méprisant que l’écrivain trace de « Napoléon le Petit ». Il fut un homme d’État, au moins pendant la première partie d’un règne de vingt ans. On peut dire qu’il instaura un régime socialo-capitaliste.
Le rôle majeur du capital est évident. Napoléon III fut entouré de banquiers, comme les frères Pereire ou Volinsky (souvent d’origine protestante ou israélite). Il créa les établissements de crédit et les banques d’affaires, tel le Crédit lyonnais. Il encouragea le financement de grands travaux : la plantation de la forêt des Landes, la bonification de la Sologne, les chemins de fer. C’est l’empereur qui fit confiance à Ferdinand de Lesseps pour percer le canal de Suez, que sa femme inaugura : voie d’eau stratégique qui raccourcit de moitié la route des Indes.
Les saint-simoniens étaient nombreux autour de l’empereur. Ce Saint-Simon (à ne pas confondre avec son ancêtre du temps de Louis XIV) eut une grande influence : avec son Catéchisme des industriels , il donnait une utopie optimiste à la révolution économique.
La grande distribution est née sous le Second Empire : le Printemps, la Samaritaine, le Bon Marché. C’est aussi Napoléon III qui inventa le cadre juridique du néo-capitalisme : celui de la société anonyme. Avant lui, les entrepreneurs possédaient des firmes familiales. Leur argent et celui de leur société étaient confondus. La société anonyme permit le capitalisme des actionnaires. Cette avancée juridique fut codifiée en 1867. La même année paraît Le Capital, où Karl Marx s’attache à critiquer les défauts inhérents à l’économie de marché.
Cependant, l’empereur eut toujours des visées sociales. En prison, au fort de Ham, il avait écrit un ouvrage au titre évocateur : L’Extinction du paupérisme. Il fut soucieux du niveau des salaires et put toujours compter sur le vote des ouvriers et des paysans, car son régime « populiste » organisait régulièrement des plébiscites.
Le mouvement ouvrier était né et cherchait à s’organiser avec des leaders (Fourier, Proudhon, Marx), des partis socialistes et des syndicats (en Angleterre, les trade-unions ). La Première Internationale vit le jour à Londres le 28 septembre 1864. Or l’empereur n’y fut pas hostile. On parle à ce sujet de « césaro-socialisme ».
Ce qui résume le mieux ce règne, c’est la transformation de Paris que l’empereur confia à la main puissante du préfet Haussmann. Très directive, l’œuvre haussmannienne donna à Paris son visage actuel du Paris des vingt arrondissements, après annexion des communes de banlieue situées entre le mur d’enceinte, construit par Thiers, et la municipalité.
Beaux immeubles au style imposé, grandes percées (qui favorisaient la circulation, mais aussi l’intervention de l’armée en cas d’émeutes) : paradoxalement, l’œuvre immense du baron Haussmann contribua, par suite de la spéculation immobilière, à chasser les ouvriers hors des murs et à faire de la Ville-Lumière (expression d’époque, Haussmann ayant fait installer l’éclairage public au gaz) une ville bourgeoise. Le magnifique Opéra Garnier est représentatif de cette transformation.
La politique extérieure du Second Empire, au début, a été très intelligente. Depuis Waterloo, la France était isolée et
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