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Toute l’histoire du monde

Titel: Toute l’histoire du monde Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Claude Barreau , Guillaume Bigot
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république qu’en 1888. Ainsi l’Amérique portugaise ne se divisa-t-elle pas. Par ailleurs, le mélange des races y fut plus harmonieux qu’en Amérique espagnole : Portugais, Indiens, et les nombreux Noirs africains déposés là par la traite. Ces raisons expliquent peut-être que le Brésil soit aujourd’hui la seule puissance mondiale de l’Amérique du Sud : les citoyens, malgré de sanglantes luttes sociales, y sont davantage intégrés nationalement. Le marché et l’industrie bénéficient de cette intégration. Le Brésil vend du café, mais fabrique des avions, bien que l’injustice sociale y soit grande.
    La Grèce aussi est fille de la Révolution.
    Depuis longtemps, les chrétiens orthodoxes des Balkans se révoltaient contre leurs maîtres turcs, l’Europe restant tout à fait indifférente à leur sort.
    Avec la Révolution, le « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » et la remontée des souvenirs antiques rendirent les intellectuels européens sensibles aux malheurs des Hellènes. Quand en 1821 ceux-ci se révoltèrent et créèrent à Épidaure une Assemblée, les écrivains de France (Victor Hugo) et d’ailleurs prirent fait et cause pour les Grecs. Le célèbre poète anglais Lord Byron se fit tuer à leurs côtés en 1824 à Missolonghi. Les gouvernements s’émurent. La Grande-Bretagne, la France et la Russie écrasèrent la flotte ottomane en 1827 à Navarin. Un morceau du monde grec fut proclamé indépendant en 1830 – première entorse à la Sainte-Alliance antirévolutionnaire. Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est fort dangereux pour les vieilles monarchies. Les puissances imposèrent toutefois à la Grèce un prince bavarois comme roi.
    En Belgique se joua un scénario comparable. Après Waterloo, le pays avait été annexé par la Hollande. Mais les Belges, alors dominés par les Wallons francophones et les Flamands catholiques, s’en accommodaient mal.
    Leurs États généraux réclamèrent la séparation d’avec la Hollande. Le 4 octobre 1830, la Belgique fut reconnue comme État indépendant – seconde entorse aux principes du congrès de Vienne. Cependant, les monarchies obtinrent que le pays fût une monarchie, et non une république. La couronne se posa sur la tête d’un prince de Saxe-Cobourg, devenu roi des Belges : Léopold. L’Angleterre avait accepté la Belgique comme État-tampon contre la France. Cet État, déclaré neutre, donnait en effet aux Britanniques l’assurance que le port d’Anvers – « pistolet braqué vers le cœur de l’Angleterre », ne les menacerait pas.
    Création stratégique, l’État belge réussira mal à surmonter l’opposition entre les Flamands néerlandophones et les Wallons parlant le français. La Piazza Mayor de Liège s’appelle « place de la République française ». Cette opposition dure encore.
    En France, Charles X, le dernier survivant de la branche française des Bourbons, était fort loin d’avoir l’intelligence de son frère Louis XVIII. Il était beau et bon cavalier, mais bête. En essayant de rétablir certaines lois de l’Ancien Régime, il déclencha une grave « réplique » des journées révolutionnaires d’antan : les « Trois Glorieuses ». Les 25,26 et 27 juillet 1830, le peuple de Paris se souleva contre les ordonnances prises par le roi. Celui-ci ne put réprimer l’émeute. Il venait d’envoyer son armée conquérir Alger le 5 juillet précédent. Charles X abdiqua et prit le chemin de l’exil. Sa chute marqua la fin du règne des Bourbons de France.
    Un prince d’Orléans, qui passait pour n’être pas antirévolutionnaire, Louis-Philippe, fut alors porté sur le trône par la bourgeoisie libérale. Les rois d’Europe n’étaient pas encore disposés, à cette date, à accepter le retour en France de la République.
    La monarchie louis-philipparde est un compromis. Le roi ne fut pas sacré « roi de France » (comme l’avait été Charles X), mais désigné « roi des Français ». La caution de La Fayette (eh oui ! celui d’Amérique) assura les intellectuels du caractère libéral de la « monarchie de Juillet ». Louis-Philippe réussira à régner dix-huit ans avec des Premiers ministres de talent – tel Guizot, porte-parole des milieux d’affaires, dont le slogan reste fameux : « Enrichissez-vous. »
    Le règne du roi bourgeois a coïncidé avec une extraordinaire mutation technique : la première révolution industrielle.

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