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Toute l’histoire du monde

Titel: Toute l’histoire du monde Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Claude Barreau , Guillaume Bigot
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obstacle qui empêchait l’unité allemande autour de la Prusse était, en effet, la France. Elle ne faisait pas le poids, avec sa petite armée coloniale, contre la puissante armée de conscription allemande. De plus, Napoléon III se laissa stupidement aller à déclarer la guerre le premier. Cet homme, par certains côtés administrateur génial, a toujours été nul en matière militaire – le contraire de son oncle. Son commandement fut déplorable. En deux mois, l’armée française était écrasée, et Napoléon III fait prisonnier à Sedan, le 2 septembre 1870. Avec l’emprisonnement de son chef, le Second Empire s’écroula.
    Bismarck pensait que, l’armée régulière anéantie, la guerre était terminée. Il se trompait. Les Français, devant l’invasion, se crurent revenus en 93. Le 4 septembre, à Paris, une émeute porta à l’Hôtel de Ville, centre emblématique du pouvoir révolutionnaire, les députés de la capitale. Ils s’autoproclamèrent « gouvernement de la Défense nationale » et rétablirent la République (en fait, la troisième du nom, même si la Constitution n’en sera votée qu’en 1875). Parmi eux se trouvait un homme énergique, Italien récemment naturalisé : Léon Gambetta.
    Surprises, les armées allemandes investirent Paris, mais se gardèrent bien de donner l’assaut à son immense camp retranché. Bismarck comptait sur la faim. Il se disait surtout que, à l’opposé de celle de 93, cette république-là n’avait pas d’armée.
    Il se trompait. Gambetta, ministre de l’Intérieur et de la Guerre, quitta la ville assiégée en ballon, le 7 octobre 1870, afin d’aller organiser la résistance en province. Il se fixa à Tours, acheta des fusils à l’étranger et leva des armées improvisées (les mobiles, mot tiré de « mobilisation »), obligeant les Prussiens à s’enfoncer dans le cœur du territoire national. À Coulmiers, ils furent même battus le 9 novembre 1870, le général Chanzy engageant sur le Loir une brillante retraite. Cependant, les mobiles auraient eu besoin de temps pour s’aguerrir. Or, le temps manquait. Paris, assiégé depuis des mois, allait mourir de faim.
    Même après la perte de Paris, Gambetta pensait que la résistance aurait eu ses chances : les armées prussiennes, éloignées de leurs bases, en plein hiver, devenaient vulnérables. Mais il eût fallu pour cela, renouant avec la Convention, faire la guerre à outrance. Le gouvernement, composé de modérés, et la bourgeoisie de province, redoutant de possibles soubresauts sociaux, ne le voulurent pas.
    Le 28 janvier 1871, le gouvernement demanda l’armistice. Bismarck le lui accorda (il avait eu peur), non sans profiter du moment pour faire accepter le roi de Prusse, par les princes allemands réunis à Versailles, comme empereur d’Allemagne.
    Pendant des siècles, à l’exception de l’Autriche, l’Allemagne, divisée en une poussière de petits États, n’avait pas compté. Voilà qu’elle surgissait, armée de pied en cap, menaçante, fumante de cheminées d’usine. Cependant, Bismarck à son tour tomba dans la démesure.
    Il exigea l’annexion de l’Alsace (française depuis 1683) et d’une partie de la Lorraine (française quasi depuis le Moyen Âge). Erreur fatale et lourde de conséquences : si Bismarck s’était contenté de faire l’unité allemande sans rien annexer, il est certain que la France et l’Allemagne se seraient réconciliées rapidement. Mais Bismarck n’était plus un homme des Lumières ; c’était un pangermaniste. Pour les Français, la nation se fondait sur les lois ; pour les pangermanistes et Bismarck, elle se fondait sur la race. Il est évident que Strasbourg est une ville germanique ; mais, francisée, elle cohabitait depuis des siècles avec Marseille la méditerranéenne ou Quim-per la celtique. Le droit du sol fonde la France, le droit du sang l’Allemagne ; (la RFA n’y a renoncé que très récemment). Cette idée ethnique de la nation trouvera son apogée sous Hitler.
    En attendant, le quart des Alsaciens quittèrent leurs vignes et leurs maisons pour garder la nationalité française ; beaucoup s’installeront en Algérie. Cette annexion rendit impossible la réconciliation franco-allemande. L’Alsace-Lorraine resta au flanc de la France une plaie ouverte, obsédante, même quand on n’osait pas en parler par crainte de l’Allemagne : « Y penser toujours. N’en parler jamais. » De cette erreur

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