Toute l’histoire du monde
La machine à vapeur de Denis Papin devint locomotive. Les lignes de chemin de fer (Paris-Orléans) furent inaugurées grâce à la force de la vapeur. Les manufactures se transformèrent en usines aux cheminées fumantes – triomphe du charbon, qui fournit l’énergie, et du fer, qui remplaça partout le bois.
Beaucoup de paysans pauvres quittèrent leurs champs pour devenir ouvriers dans les usines. Jusqu’à Louis-Philippe, il existait des manœuvres du bâtiment ou des artisans ; à partir de là surgit en France, en Angleterre, en Allemagne, la « classe ouvrière ». La vie de ces ouvriers d’usine, que les socialistes appelaient « prolétaires », était dure.
Mais le roi bourgeois et Guizot furent complètement indifférents à la question sociale. Elle allait les balayer : le 24 février 1848 éclata une grande insurrection parisienne. Cette « réplique », la révolution de 48, ébranla l’Europe entière, presque à l’image de la grande secousse de 1789.
À Paris, on osa proclamer la République (deuxième du nom). Les républicains de Budapest, avec Kossuth, fondèrent une république hongroise. Le pape s’enfuit de Rome, les révolutionnaires y ayant pris le pouvoir. Il y eut des émeutes jusqu’à Vienne, où l’empereur Ferdinand abdiqua.
À Paris, un gouvernement provisoire s’était installé à l’Hôtel de Ville, gouvernement autoproclamé dont faisait partie le poète Lamartine. Voici ce qu’en dit Victor Hugo dans Choses vues :
« Lamartine m’entraîna dans l’embrasure d’une fenêtre : "Ce que je voudrais vous donner, c’est un ministère : Victor Hugo ministre de l’Instruction publique, ce serait bien. "
« Comme je faisais remarquer à Lamartine que je n’avais pas été hostile à Louis-Philippe, il me dit : "Les nations sont au-dessus des dynasties. "
« Nous fumes interrompus par le bruit d’une fusillade… Une balle vint briser un carreau au-dessus de nos têtes. "Qu’est-ce que cela ? " s’écria douloureusement Lamartine. Des gens se précipitèrent sur la place de l’Hôtel-de-Ville pour voir ce qui se passait.
« "Ah, mon ami ! reprit Lamartine, que ce pouvoir révolutionnaire est dur à porter ! On a de telles responsabilités, et si soudaines, à prendre… Depuis deux jours, je ne sais plus comment je vis… " Au bout de quelques minutes, on revint lui dire que c’était une échauffourée dont on ne comprenait pas le sens, que la fusillade était partie toute seule, mais il y avait des morts et des blessés.
« Un jeune garçon apporta une assiette avec une cuisse de poulet : c’était le déjeuner de Lamartine. »
Au même moment ou presque, un certain Karl Marx publia (avec son ami Friedrich Engels) le Manifeste du Parti communiste , afin de poser non seulement le problème politique, mais aussi la question sociale : il y réclamait non plus les libertés publiques, mais la justice sociale.
À Paris, d’ailleurs, la révolution politique se transformait en émeute ouvrière : en juin, les ouvriers cassèrent tout, réclamant de meilleurs salaires. La bourgeoisie prit peur et fit tirer l’armée sur le peuple. Les émeutes sociales furent écrasées par le général Cavaignac. Face au « péril rouge », les modérés se regroupaient. Le drapeau de 1848 était en effet le drapeau rouge. Lamartine avait eu du mal à maintenir les couleurs bleu-blanc-rouge de la Révolution et de l’Empire comme emblème national.
Le 10 décembre 1848, les républicains modérés, rassemblés dans le parti de l’Ordre, assurèrent l’élection au suffrage universel d’un candidat inattendu contre Cavaignac et Lamartine, un neveu du grand Napoléon : Louis-Napoléon Bonaparte. L’ordre revint.
Dans le reste de l’Europe, l’armée autrichienne en profita pour écraser les insurrections dans le sang, avec seulement quelques concessions au nationalisme hongrois. Le jeune empereur François-Joseph monta sur le trône des Habsbourg (il y restera jusqu’à sa mort, en 1916). Le pape retourna à Rome.
Cette première moitié du xdc c siècle mit fin aux soubresauts révolutionnaires. Louis-Napoléon était président en France. L’ordre était rétabli. L’Angleterre dominait les mers. Les États d’Amérique latine, le Brésil, la Grèce, la Belgique étaient nés, autant d’enfants de la Révolution française.
L’Europe des nations
Le nouveau président de la République, Louis-Napo-léon était fils de Louis,
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