Toute l’histoire du monde
tenue en suspicion. Or, Napoléon III réussit à s’allier à l’Angleterre. Sous son règne, la Grande-Bretagne passa du rôle d’ennemie héréditaire à celui d’alliée privilégiée de la France.
Le tsar de Russie voulait mettre la main sur Constantinople et les Détroits. Puissance maritime, l’Angleterre s’y opposait. Ce fut la guerre de Crimée, en 1855. Napoléon III envoya un corps expéditionnaire, et la forteresse russe de Sébastopol fut prise.
Le traité de paix, signe des temps, fut signé à Paris en 1856. La Russie renonça à s’emparer du Bosphore. Pour la dédommager, on enleva deux provinces à l’empire ottoman : la Roumanie et la Serbie, deux pays orthodoxes et soumis à l’influence russe. La turbulente Serbie fit ainsi son entrée dans l’histoire contemporaine.
La grande idée de Napoléon III était que chaque peuple avait droit à son unité et à son indépendance nationales. L’Italie en fut l’application exemplaire.
Napoléon III connaissait l’Italie pour avoir fréquenté des militants du Risorgimento qui se battaient pour l’unité italienne. À cette époque, la péninsule était encore divisée. L’Autriche, depuis la destruction de la république de Venise par Napoléon I er , en dominait le nord – à l’exception du royaume de Piémont. Le royaume de Naples (ou des Deux-Siciles) continuait au sud sa vie indolente. Le pape restait un souverain temporel.
Le royaume de Piémont, sur lequel régnait une dynastie savoyarde (la Maison de Savoie), s’étendait de part et d’autre des Alpes, sa capitale étant passée de Chambéry à Turin. Le roi Victor-Emmanuel II s’était doté, en la personne de Cavour (1810-1861), d’un excellent Premier ministre qui avait modernisé le pays.
Napoléon III décida de faire l’unité italienne autour de la monarchie de Savoie. À Plombières, il promit son aide à Cavour, qui déclara la guerre à l’Autriche, appuyé par les armées françaises que Napoléon III dirigea en personne à Magenta et Solferino (juin 1859). À l’occasion de ces batailles, le Suisse Henri Dunant créa la Croix-Rouge. L’Autriche, battue, se retira de l’Italie. Le Piémont encouragea alors l’expédition des « Chemises rouges », animée par Garibaldi, qui s’en alla renverser les Bourbons de Naples.
L’unité italienne était quasi réalisée. En remerciement, le roi de Piémont, devenu roi d’Italie, donna à la France la Savoie et le comté de Nice. Des plébiscites ratifièrent cette annexion. La Savoie, située du côté français des Alpes et parlant français, était naturellement destinée à regarder davantage vers Paris que vers la péninsule. En revanche, Nice était bien une ville italienne, parlant italien. Garibaldi, héros du Risorgimento, en était originaire. La rapide assimilation de Nice témoigne de la force d’attraction de la France impériale.
Cette opération aurait pu être le chef-d’œuvre du Second-Empire : rattachement pacifique de belles provinces ; création aux frontières d’une puissance amie. Elle fut gâtée par la « question romaine ». Rome était, en effet, la capitale naturelle de la nouvelle Italie. Napoléon III n’osa pas la lui donner, car elle appartenait au pape et l’empereur ne voulait pas mécontenter les catholiques français. Il refusa donc Rome aux Italiens et y fit même installer une garnison française. La ville ne sera annexée par l’Italie qu’en 1871 (le pape s’enfermant au Vatican). Du coup, les Italiens passèrent de la reconnaissance envers la France au ressentiment.
Cette façon de ne pas aller au bout de ses bonnes idées est caractéristique de Napoléon III, dont l’indécision ne fera que croître avec l’âge. Par exemple, en Algérie, conquise par la France depuis 1830 – en fait, depuis l’action militaire énergique et souvent sanglante du maréchal Bugeaud sous Louis-Philippe (l’émir Abd el-Kader s’était rendu aux Français en décembre 1847) -, l’empereur, influencé par les saint-simoniens, conçut d’abord une politique libérale de protectorat. Il fit libérer l’émir (qui s’établit à Damas, où il mourut en 1883) et rêva d’un « royaume arabe » dans lequel indigènes et Français auraient les mêmes droits ; mais il n’eut pas la continuité de décision nécessaire pour imposer cette politique intelligente aux Européens. En outre, la démesure l’avait saisi.
La Bérézina du neveu ne se déroula pas
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