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Tsippora

Tsippora

Titel: Tsippora Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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les mains, les yeux brillants de joie, elle
dit :
    — C’est toi qui choisiras le nom de
mon fils et qui lui couperas le prépuce selon la tradition de Madiân.
    — Pour le nom, répondit Jethro en
soulevant l’enfant, c’est facile. Nous l’appellerons Gershom, l’Étranger.
    Quand Moïse apprit que son fils allait
perdre un morceau de son sexe minuscule et saigner sur l’autel d’Horeb, il
protesta :
    — Voulez-vous le tuer alors qu’il
vient d’ouvrir les yeux ? Voulez-vous le rendre impuissant ?
    Jethro, sans s’offusquer, répliqua :
    — On m’a fait cela quand je suis né.
Tu vois, je vis encore et j’ai eu sept filles et un garçon.
    Cela n’apaisa pas Moïse. Alors Jethro lui
expliqua que le dieu d’Abraham avait réclamé ce signe afin que Son Alliance fût
inscrite dans la chair de tous Ses fils.
    — Et cela nous le faisons encore dans
Madiân, car c’est le dernier lien qui nous rattache à nos ancêtres.
    — Cela ne vaut pas pour mon
fils ! Je ne suis pas de Madiân, et Tsippora encore moins.
    Il alla voir Tsippora pour lui dire :
    — Ce n’est pas possible, tu ne peux
pas faire ça à mon fils.
    — Qui es-tu pour parler au nom de ton
fils ? lui répliqua Tsippora, furieuse. Crois-tu qu’il suffit d’avoir pris
du plaisir entre mes cuisses pour décider de son sort ? Tant que tu ne
seras pas mon époux, mon père Jethro sera celui de l’enfant sorti de mon
ventre.
    La honte de Moïse fut si grande que durant
cent jours il se tint à l’écart de la cour de Jethro et ne revit pas Gershom.
    Les larmes aux yeux, il suivit la
circoncision de loin et entendit Jethro crier devant l’autel d’Horeb le nom de
son premier-né : « Étranger ! Étranger ! »
    Chaque fois, en écho à la voix du sage des
rois de Madiân, il répéta le nom de Gershom comme s’il serrait son fils contre
sa poitrine.

 
L’épouse de sang
    Tsippora apprit à être mère. Gershom peupla
ses nuits de cris et de pleurs vite calmés, ses jours de grimaces adorables
qui, peu à peu, devinrent des sourires. Elle apprit à agrafer sa tunique de
manière à porter son enfant en toutes circonstances. Elle apprit à deviner ses
faims et ses soifs au seul contact de sa peau, à songer à lui sans répit, à
rire et à craindre avec lui. Les femmes l’entouraient sans cesse, on lui
prodiguait mille conseils et parfois de doux reproches.
    Ce tourbillon féminin tint Moïse à distance.
Tsippora ne demanda jamais qu’on le laisse approcher d’elle ou de leur enfant.
Pendant quelques lunes, ce fut comme s’ils s’ignoraient absolument. Sefoba, une
seule fois, remarqua avec un peu d’aigreur que Gershom portait trop bien son
nom.
    — Étranger, pour sûr qu’il l’est à son
père ! À croire qu’il est né des bons soins d’un ange d’Horeb.
    Les servantes gloussèrent. D’un œil plus
noir que sa peau, Tsippora les coupa net. Par la suite, Sefoba se contenta de
grogner le soir auprès de son époux. Sicheved lui recommandait d’être aussi
patiente que Jethro et sa sœur.
    — Ils savent ce qu’ils font. Moïse est
le meilleur des hommes. Rien de tout cela ne restera en l’état. Hobab lui-même
s’amuse de ce spectacle. Il dit : « Moïse assure qu’il n’est pas né,
celui qui peut se dresser contre Pharaon. Mais il ignore qu’il n’est pas né non
plus, celui qui ira contre la volonté de mon père et de Tsippora ! »
    De fait, si certains trouvaient à redire
aux étranges conditions dans lesquelles était élevé Gershom, ils le firent loin
des oreilles de Jethro et de sa fille.
    L’hiver fut là et, avec lui, revint le
temps du commerce. Moïse accompagna les hommes sur les routes d’Édom, de Moab
et de Canaan. Ewi-Tsour, le chef des forgerons, se joignit à leur longue
caravane. Ses chariots étaient si lourdement chargés de couteaux à poignées
d’os, de dagues à lames courbes et de masses à longs manches, qu’il fallut y
atteler les mules par quatre pour les tirer.
    Lorsqu’on annonça leur retour, Tsippora
grimpa sur un silo pour voir de loin la poussière de leur caravane. Comme
toutes les épouses de la maisonnée, elle courut se faire belle. Elle passa une
tunique jaune vif, brodée de fils de laine rouges et bleus qui dessinaient les
ailes d’un oiseau. Elle se para de colliers et de bracelets et, pour une fois,
fit briller ses yeux à l’aide de khôl. Sefoba, elle-même en splendeur sous son
long voile, lui apporta un caillou d’ambre.

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