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Tsippora

Tsippora

Titel: Tsippora Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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le
visage, elle répéta à Moïse :
    — Va voir Jethro.
    *
    * *
    Rayonnant, Jethro fêtait sans retenue le
retour de son fils et de son gendre. Lorsque Moïse vint s’incliner devant lui,
il manifesta autant de bonheur, agitant son corps chétif, caressant le bras de
celui qui n’était pas l’époux de sa fille comme s’il voulait s’assurer qu’il
fût bien vivant. Moïse déposa devant lui un haut gobelet d’argent ciselé.
    — Peut-être conviendra-t-il autant
pour les offrandes de vin à Horeb que pour étancher ta propre soif,
déclara-t-il avec une affectueuse moquerie.
    — Pour les deux ! s’écria le
vieux sage. Qu’Horeb te protège, oh, bien certainement pour les deux !
    — Il y a près de ma tente une jeune
chamelle qui pourra remplacer celle que tu m’as offerte à mon arrivée, ajouta
Moïse.
    À la surprise d’Hobab et de Sicheved,
Jethro accepta la chamelle sans barguigner. Le vin lui rosissait les pommettes,
ses yeux brillaient tandis qu’il caressait du bout des doigts les savantes
gravures du gobelet. Rien ne semblait pouvoir le rendre plus heureux que le
comportement de Moïse. Après qu’ils eurent échangé les nouvelles les plus
essentielles du voyage, sans changer de ton, il demanda :
    — Avez-vous rencontré des caravanes
venant d’Égypte ?
    Hobab secoua la tête :
    — Non. Les marchands qui vont chez
Pharaon ne passent plus par Canaan. Ils craignent les pillages des soldats
venus d’Égypte.
    Jethro approuva d’un coup de menton :
    — C’est pourquoi ils sont passés par
ici en votre absence ! C’est un long chemin que de contourner la montagne
d’Horeb, il faut de bons guides. Mais il semble qu’aujourd’hui ce soit la plus
sûre des routes pour atteindre les plaines du Fleuve Itérou.
    Il se tut. Hobab et Sicheved firent de
même. Ils connaissaient assez Jethro pour savoir qu’il ne les avait pas
interrogés uniquement pour piquer la curiosité de Moïse. Mais Moïse se contenta
de faire rouler son long bâton entre ses paumes d’un mouvement désinvolte qui
lui était devenu familier. Jethro hocha la tête et reposa le gobelet d’argent
devant lui. Il fit claquer sa langue et, du ton dont il usait pour les
cérémonies, déclara :
    — Apprends ce que j’ai appris, mon
garçon. Les marchands assurent que le pays du Fleuve Itérou bruit de rumeurs et
de complots. Il s’y murmure que celle qui fut femme et Pharaon n’est pas morte.
Selon les uns, elle vit dans l’ombre d’un de ses palais. D’autres pensent que
son ancien époux la retient dans le tombeau de son père. On assure qu’il ne
fait pas bon avoir été dans l’affection de la reine, ou même simplement son
serviteur. Les marchands disent aussi que les esclaves hébreux vivent plus
durement que jamais. On les contraint à produire quantité de briques, à
charrier quantité de pierres, à construire quantité de murs. Et à ces tâches,
il en meurt chaque jour des centaines sans que le fouet de Pharaon ne s’allège.
    Moïse était déjà debout, le visage livide
sous le hâle de son long voyage. Jethro ne s’offusqua pas de cette impolitesse.
    — Ces marchands, je les ai questionnés
comme tu l’aurais fait, mon garçon. Je leur ai demandé si l’on parlait là-bas
d’un homme nommé Moïse. Ils m’ont répondu : « Voilà un nom que nous
n’avons jamais entendu. » J’ai demandé encore : « Même chez les
esclaves hébreux ? » Ils ont répondu : « Qui peut savoir
les noms que se chuchotent les esclaves ? On ne nous les laisse guère
approcher. »
    Moïse s’était éloigné. Jethro lança d’une
voix forte :
    — Moïse, pense à cela : celle qui
fut ta mère est vivante, et elle vit sous le joug de cette même haine qui t’a
jeté loin de l’Égypte. Si les Hébreux n’ont pas besoin de toi, elle, qui subit
l’humiliation des siens pour t’avoir fait devenir un fils de Pharaon, n’a
d’autre espoir que voir ton visage avant de fermer les yeux. Cela, je le sais.
Elle t’a aimé, elle t’a donné ton nom. Si elle ne coule pas dans ton corps par
le sang, elle y coule par les caresses d’enfance qu’elle t’a prodiguées. Et je
sais aussi qu’un homme vit mieux et plus libre lorsqu’il peut dire adieu à sa
mère.
    Moïse avait tourné le dos avant que la voix
de Jethro ne retombe. Il s’arrêta et se retourna, en fureur, et hurla :
    — Nul n’a le droit de me dire quel est
mon devoir ! Il brandit son bâton et le pointa vers

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