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Tsippora

Tsippora

Titel: Tsippora Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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grotte.
    Elle sourit. Sans un mot, elle lui saisit
la main et la posa sur sa peau douce, tendue, sous laquelle vibrait le puissant
travail de la vie. Moïse se délecta des caresses qu’il avait si longtemps
attendues. Ce fut un pur instant de bonheur. Mais les caresses cessèrent, et
ils s’observèrent avec gêne. Tsippora sourit encore et chuchota :
    — Quand tu désires voir mon ventre,
nul besoin de courir les pâturages avec ton troupeau. Viens près de moi.
    Moïse rougit.
    — C’est que nous sommes en faute. Je
n’ose pas même aller partager le repas de ton père. Lui qui dit que nous ne
faisons plus rien de juste et que nul ne sait plus se comporter comme ses
ancêtres…
    Tsippora ne put retenir son rire.
    — Oh, des fautes de ce goût-là, les
ancêtres de Jethro en ont commis beaucoup. Et même des pires !
    Elle lui conta comment Abraham avait fait
croire à Pharaon que Sarah était sa sœur.
    — Lui aussi avait peur de Pharaon. Et
Pharaon trouva Sarah tellement à son goût qu’il ne voulut plus d’autre femme,
bien qu’il n’ait passé qu’une nuit avec elle.
    — Et qu’a-t-il fait quand il a appris
la vérité ?
    — Il a chassé Abraham et Sarah
d’Égypte, les maudissant pour son bonheur perdu. Il n’empêche, Abraham ne fut
jamais puni par son dieu pour cette faute, pourtant l’une des plus graves que
l’on puisse commettre, conclut Tsippora.
    Moïse fut si stupéfait qu’il demanda à
Tsippora de lui raconter tout ce qu’elle savait sur Abraham. C’est ainsi qu’ils
se retrouvèrent souvent au petit matin et au crépuscule, avant et après le
travail quotidien. Moïse caressait le ventre de Tsippora tandis qu’elle lui
racontait ce que Jethro lui avait enseigné sur les Hébreux.
    Moïse n’en croyait pas ses oreilles. Il
doutait parfois des paroles de Tsippora, pensant qu’elle embellissait les
histoires ou, au contraire, les assombrissait pour le provoquer. Il courait
voir Jethro et demandait :
    — Est-il vrai que Noé et sa maison ont
été les seuls survivants sur la terre ? Il n’y avait vraiment plus rien
d’autre de vivant ? Est-ce possible ?
    Jethro riait, hochait la tête et
répondait :
    — Écoute ma fille ! Écoute ma
fille !
    Mais Moïse revenait avec d’autres
questions :
    — Tsippora affirme que Loth a eu des
fils de ses filles ? Est-ce vrai ?
    Ou c’était la colère d’Abraham contre son
père Tèrah qui lui semblait insoutenable. Ou la jalousie des frères de Joseph.
Que Joseph, après avoir été vendu à Putiphar, soit devenu comme un frère de Pharaon,
sauvant le pays de la famine, l’ébranlait plus que tout.
    Mais Jethro, à chacune de ses questions,
répondait en riant :
    — Écoute ma fille ! Écoute ma
fille ! Tsippora prenait du bonheur à voir l’attention que Moïse accordait
à ces récits. Mais devant son père elle s’impatientait :
    — Il écoute. Et c’est tout. Son enfant
va naître et il n’aura toujours pas décidé d’être celui qu’il doit être.
    Jethro la calmait.
    — Patience. Il écoute et il apprend.
Le temps fait son œuvre dans sa tête comme il le fait dans ton ventre.
    Un jour, Tsippora s’interrompit au milieu
de son histoire, le souffle court, les yeux écarquillés. Son corps trembla,
elle cria. Moïse fut debout en même temps que le cri percutait sa poitrine.
Tsippora reprit sa respiration, trouva assez de force pour sourire de le voir
si pâle et si perdu.
    — Appelle Sefoba. Appelle les
servantes !
    Un instant plus tard, la vieille qui
servait de sage-femme grondait des ordres dans la cour. Sefoba et les servantes
soutinrent Tsippora sur les briques de l’accouchement jusqu’à ce que le soleil
ait parcouru plus de la moitié du ciel.
    Moïse, Hobab, Sicheved et quelques autres
prirent place autour de Jethro. On leur apporta de la bière et du vin tandis
que les gémissements de Tsippora traversaient les murs. La sueur brillait sur
le front de Moïse. Bientôt, à chaque cri il avalait une gorgée de vin. Lorsque
le cri de Tsippora se confondit avec celui d’un nouveau-né, il ne l’entendit
pas, ivre et endormi qu’il était.
    *
    * *
    Le garçon qui reposait, minuscule entre ses
seins, était un enfant rose de peau. Il avait le même visage large que
Tsippora, mais la chair de Moïse.
    — C’est bien, affirma Tsippora d’une
voix enrouée. Plus il ressemblera à Moïse, mieux cela vaudra.
    Elle dormit sans peine et, au matin, à
Jethro qui lui saisissait

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