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Tsippora

Tsippora

Titel: Tsippora Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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stérile que l’épouse d’Abraham !
    Elle exultait. Tsippora n’eut pas la force
de partager son bonheur. La déception était trop grande. Elle agrippa les
épaules de Sefoba comme une noyée et éclata en sanglots.
    Le lendemain, alors qu’elle sortait comme à
l’accoutumée pour surveiller la pointe de la montagne, Hobab vint à son côté.
    — Le ciel n’a jamais été aussi limpide
que depuis le départ de Moïse, remarqua-t-il avec perplexité.
    Ils restèrent un moment silencieux, puis
Hobab murmura :
    — Où peut-il bien être ?
    Il désigna la montagne et, avec le mince
sourire qu’il avait lorsque, enfants, ils se partageaient les tâches et les
jeux, il déclara :
    — Toi, tu surveilles le sommet, et
moi, les pentes. Si jamais il fait un feu, nous aurons peut-être la chance d’en
apercevoir la fumée.
    — Il ne fera pas de feu, répliqua
Tsippora, le visage défait. Même ici, il n’en faisait pas devant sa tente si on
ne l’allumait pas pour lui.
    Hobab lui jeta un coup d’œil peiné, comme
s’il regrettait la moindre critique de Tsippora contre Moïse. Elle tourna vers
lui ses yeux brillants et, les lèvres frémissantes, ajouta :
    — De toute façon, il est parti sans
rien pour faire un feu. Ni briquet de bois, ni pierre, j’en suis certaine.
    Hobab lui enlaça les épaules :
    — Il y a des bouches de feu dans la
montagne. Il sort tout seul dans des failles de roche, affirma-t-il
paisiblement. Il suffit d’y jeter des broussailles pour se réchauffer lorsque
les nuits deviennent trop froides.
    Le lendemain matin, Hobab fut encore à côté
d’elle. Après avoir contemplé les pentes où la nuit se retirait lentement, il
saisit la main de Tsippora.
    — Pourquoi ne vas-tu pas assister
notre père sur l’autel d’Horeb pour les offrandes du matin ?
    Tsippora approuva d’une simple pression des
doigts. Lorsqu’elle rejoignit Jethro, le vieux sage ne cacha pas sa joie. Mais
il ne sut pas mieux dissimuler l’inquiétude qui l’avait atteint à son tour.
Moïse était dans la montagne depuis bien trop longtemps.
    *
    * *
    Le printemps tout entier s’écoula. L’été
commença sans que la chaleur devienne redoutable. Pas une seule fois la
montagne d’Horeb ne gronda, son sommet demeura dégagé et serein. Les récoltes
d’orge furent les meilleures depuis bien des années, aucune maladie ne diminua
les troupeaux, et les caravanes, qui passaient désormais plus régulièrement par
la route d’Epha, revenaient riches des ventes d’encens réalisées en Égypte. Les
marchands achetaient sans compter tout ce que les forgerons pouvaient leur
vendre.
    En vérité, on se souvint par la suite que
jamais le ciel de Madiân n’avait été aussi radieux que pendant ces lunes.
Pourtant, ce fut comme si une nuée invisible et morne pesait sur la cour de
Jethro. Les rires y étaient rares, les fêtes interdites et la gravité marquait
tous les visages.
    Jethro entra dans une violente colère en
découvrant que les servantes les plus âgées avaient commencé à tisser des
vêtements de deuil. Il ordonna qu’ils soient défaits sur-le-champ et que les
fils utilisés en soient brûlés. Mais il ne pouvait lutter contre les pensées et
les silences. Qui pouvait encore croire, avec un peu de raison, que Moïse fût
toujours vivant ?
    Une aube, Tsippora demanda à Hobab :
    — Saurais-tu retrouver sa trace dans
la montagne ? Hobab hésita avant de répondre. Il baissa les yeux sur le
ventre de Tsippora, déjà gros et lourd.
    — Il y a quelque temps, cela n’aurait
pas été trop compliqué, soupira-t-il. Mais aujourd’hui ? Qui peut savoir
jusqu’où il est monté ? Il peut aussi être sur l’autre versant, et là-bas,
il n’y a plus de sources.
    — Il peut aussi être blessé. Incapable
de revenir. Cela fait des jours et des nuits que je l’imagine ainsi. Attendant
que nous venions à son secours.
    Hobab observa longuement la montagne, comme
s’il s’agissait d’un fauve en travers de son chemin. Il savait ce que sa sœur
kouchite n’osait dire. Si Moïse était mort, par accident, par faim ou soif, il
fallait trouver son cadavre avant que les animaux ne le fassent tout entier
disparaître. Il hocha la tête et admit :
    — Oui. Il est temps de savoir.
    Il fut de retour sept jours plus tard. Ce
qu’il annonça sema la désolation.
    Tout à l’ouest de la montagne, il avait
d’abord trouvé la moitié des bêtes de Moïse, seules et égarées.

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