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Tsippora

Tsippora

Titel: Tsippora Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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était lacéré de griffures aux
plaies boursouflées, ses lèvres avaient éclaté, sa barbe et ses cheveux avaient
brûlé par touffes. Des croûtes sombres recouvraient ses bras, le sang et les
humeurs suintaient de ses pieds, traversant les emplâtres et les linges qui les
enveloppaient. Comme si sa gorge était déchirée, sa respiration sifflait, aiguë
et lancinante.
    Tsippora s’agenouilla, posa ses mains sur
le front brûlant. Moïse frémit. Elle crut qu’il allait ouvrir ses paupières
assombries, mais ce n’était qu’un effet de la fièvre.
    — Les plaies de ses pieds et les
griffures de sa poitrine ne sont pas aussi graves qu’elles en ont l’air,
déclara la matrone. Elles ne sont pas profondes et les emplâtres les
cicatriseront vite. Ce qui m’inquiète, c’est sa soif. Il ne doit boire que de
petites gorgées. La fièvre est mauvaise. Elle lui brûle l’intérieur et ce qu’il
boit s’évapore trop vite.
    Tsippora ne réfléchit pas longtemps. Elle
fit chercher des couvertures, se mit nue, s’allongea tout contre Moïse et
réclama son enfant. La vieille se récria. Tsippora ordonna :
    — Fais préparer du bouillon d’herbe et
de viande. Passe-le au tamis et fais le refroidir.
    — Tu vas le tuer ! Un homme ne
doit pas toucher une femme qui vient d’accoucher !
    — Je ne vais pas le tuer. Ma chaleur
et celle de son fils nouveau-né consumeront sa fièvre.
    La vieille poussa des hauts cris.
    — Fais ce que je te dis ! gronda
Tsippora.
    Un instant plus tard, la vieille était de
retour avec Jethro et Sefoba, gémissant au blasphème et prenant à témoin toute
la maisonnée qui s’était assemblée devant de la porte.
    Jethro la fit taire et Hobab referma l’huis.
Avec stupeur, ils contemplèrent l’étrange masse que formaient sous les
couvertures Tsippora, Moïse et leur fils. Un petit gloussement sec sortit de la
poitrine de Jethro. Ses yeux fatigués se plissèrent.
    — Fais ce que te demande Tsippora,
ordonna-t-il à la sage-femme.
    Elle sortit en maugréant, tandis que Sefoba
aidait Tsippora à tremper un linge propre dans l’eau fraîche d’une cruche.
Tsippora le pressa au-dessus des lèvres craquelées de Moïse. L’eau pénétra dans
sa bouche, il déglutit avec un petit grognement. Au même moment, le nouveau-né
s’éveilla, poussa un cri pour réclamer son lait. Sefoba voulut le saisir.
Tsippora la retint.
    — Laisse. Je vais lui donner ce qu’il
réclame. Jethro se mit à rire.
    — Ma fille kouchite a-t-elle
l’ambition d’accoucher de son époux après avoir donné la vie à son
enfant ?
    *
    * *
    Durant quatre jours et trois nuits, Moïse
lutta contre la fièvre, délira, et enfin reprit vie. Pas un instant Tsippora ne
le quitta, le nourrissant en même temps que leur enfant, apaisant sa soif et la
brûlure de ses souvenirs.
    Au cœur de la seconde nuit, alors qu’elle
s’était assoupie, elle fut réveillée par une douleur à la main. Moïse
s’agrippait à elle, les yeux grands ouverts. Une mèche d’huile brûlait dans la
pièce, mais sa lumière était trop chiche pour que Tsippora puisse savoir si
Moïse avait vraiment repris conscience. Alors que, de sa main libre, elle
s’assurait que son enfant ne s’était pas réveillé, Moïse se mit à
gronder :
    — Ils ne me croiront pas ! Ils
n’écouteront pas ! Ils diront : Comment oses-tu prononcer le nom de
Yhwh ?
    Arc-bouté, suspendu à la main de Tsippora,
tirant si fort qu’elle bascula contre lui en gémissant de douleur, il cria
encore :
    — N’importe qui d’autre !
    La porte s’ouvrit dans un couinement.
Tsippora devina la silhouette d’Hobab.
    — Il s’est réveillé ! Il
parle ! souffla son frère en s’agenouillant près d’eux. Moïse !
Moïse…
    Mais Moïse était déjà retombé dans son
sommeil de fièvre, relâchant enfin le poignet de Tsippora. Hobab la vit qui se
massait en grimaçant.
    — Il a repris des forces, n’est-ce
pas ? sourit-il. Tsippora lui sourit en retour. Elle esquissa une caresse
sur le front de Moïse qui respirait à goulées rapides.
    — Demain, il ira encore mieux.
    L’enfant, à côté, poussa un vagissement.
Tsippora attira son berceau, Hobab sourit encore et ressortit pour reprendre sa
place dehors, sur la couche dressée devant la porte.
    Tsippora avait dit vrai. Le lendemain,
Moïse allait mieux. Dans la nuit il se réveilla vraiment. Les yeux écarquillés,
mi-effrayé mi-soulagé, peinant à la distinguer

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