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Un jour, je serai Roi

Un jour, je serai Roi

Titel: Un jour, je serai Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
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sais gré.
    — Ce n’est pas encore assez. As-tu renoncé à la violence ?
    — Vous m’avez convaincu qu’elle ne menait à rien.
    Mais cette façon détachée, désabusée, de s’exprimer se révélait plus inquiétante que la rage ancienne du lutteur des arènes.
    — Quoi alors ? Qu’es-tu en train d’imaginer ?
    Toussaint le regarda intensément et sourit à demi.
    — Dites-moi d’abord si vous avez réfléchi à ce que je vous ai appris au sujet de Marolles ?
    — Bien sûr, répondit prudemment le préfet de discipline.
    — N’avez-vous pas eu envie d’aller le trouver et de le menacer des flammes de l’enfer ?
    — Prétendre que je n’y ai pas pensé serait mentir…
    — Parce qu’il serait juste que le coupable soit puni.
    — Dieu se chargera de lui, mon fils.
    — Et moi, je lui fournirai un avant-goût de ce qui l’attend.
    « Il va le tuer… », chuchota Calmés.
    Toussaint l’entendit, remua la tête de droite à gauche :
    — La souffrance est peut-être plus dure que la mort.
    Le jeune homme se leva aussi et ferma le livre de comptes sur lequel il devait travailler. Tout chez lui était calme.
    — J’apprends depuis peu la patience, mon père, et je découvre ses bienfaits. Vous m’avez… converti, sourit-il à nouveau.
    Il regarda son bras inerte :
    — D’ailleurs, je ne suis plus le même homme.
    — Oui, l’encouragea Calmés. Tu as changé. Ce qui est bon en toi est en train de se montrer. Pontgallet t’apprécie. Sa femme aussi. Ils me l’ont dit, et, si j’en juge à ce que j’ai observé tout à l’heure, Anne n’est pas indifférente. Ne vois-tu pas ce qui s’offre à ta vie ?
    Le préfet de discipline s’enflamma :
    — Il paraît que tu sais négocier le prix des choses. N’as-tu pas trouvé ton chemin ?
    — Il m’arrive de m’en convaincre…
    Le jésuite se prit à espérer :
    — Il n’y aura d’avenir qu’en renonçant à la vengeance. Crois-moi, il faut repartir à zéro.
    — En somme, vous m’ordonnez d’oublier Marolles.
    — Et le marquis de La Place.
    — Vous en demandez beaucoup…
    — Je te supplie de te tourner vers demain, d’effacer le passé. Parce que c’est ton intérêt.
    Il vérifia que personne ne se trouvait dans la cour :
    — N’oublie pas Ravort… Et le lutteur des arènes.
    — Un donnant, donnant ? se tendit Delaforge.
    — C’est le prix à payer pour que la société t’accueille.
    — Votre justice est tordue. Moi, j’expie mes fautes. Et eux ?
    La vérité entendue en confession remonta. Calmés ne sut quoi répondre. Delaforge chercha à reprendre l’avantage : — Marolles a abandonné ma mère. Il l’a laissée mourir ! S’en est-il repenti ? Mérite-t-il qu’on efface sa dette ? Moi, le lutteur des arènes, j’ai donné mon bras. Lui, que faut-il qu’on lui fasse ? Rien ? Je veux qu’il souffre, qu’il se repente ! martela Toussaint.
    — Tu recommences ! s’emporta Calmés.
    — Non, mon père, s’adoucit à nouveau son ancien pensionnaire. Je vous ai dit que j’avais changé, et c’est vrai. Ils ne méritent pas que je compromette ma vie.
    — Voilà qui est mieux.
    — Mais pour cela, vous devrez m’aider encore.
    — Ce que je pourrai faire te sera accordé, se prit à espérer le prêtre.
    — Allez trouver Marolles. Dites-lui ce que je vous ai appris.
    Dieu ! Mais il l’avait déjà fait.
    — Vous serez sa conscience, continua Toussaint. Et elle ne le lâchera plus jamais. Je veux qu’il soit inquiet, qu’il crève de peur, que ses jours deviennent un enfer. À cette condition, je ne toucherai pas à sa vie.
    Ce rôle rendait plus léger le devoir de réserve du confesseur. Et il aurait moins besoin de mentir.
    — Promets-tu de ne plus te servir de la violence ? insista-t-il cependant, comme s’il validait le marchandage.
    — Tant qu’il m’en croit capable et me craint, je n’en userai pas.
    — Alors c’est d’accord, se décida rapidement le jésuite.
    Sans doute se demanda-t-il également si Delaforge ne lui avait pas parlé de Paillard afin de l’obliger à devenir son complice. Et ce ton, ces menaces voilées, étaient-elles une ruse pour le piéger, l’obliger à transiger, mais selon sa façon ? Calmés n’eut guère le temps de s’interroger davantage car Pontgallet choisit ce moment pour entrer.
    — Eh ! lança-t-il joyeusement. Vous dérangez mon apprenti en plein travail.
    De toute évidence, le maçon était ravi de les voir tous deux.
    — Resterez-vous

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