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Un jour, je serai Roi

Un jour, je serai Roi

Titel: Un jour, je serai Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
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Vau ?
    — En personne.
    — Eh bien, monsieur, je vous félicite. Je rêve d’être à votre place. Je suis un admirateur de son œuvre.
    — Ah ! Il y a du bon à le connaître, surtout pour une personne ayant de l’attirance pour le génie grec et romain. Voyez-vous, Le Vau et moi parlions ce matin de ces statues antiques que nous réclame à cor et à cri Paris. Mais on veut l’original. Où trouver de tels trésors si ce n’est à Rome ? Ah ! Il nous manque du temps et de l’expertise…
    La comtesse de Saint-Bastien se montra opportunément à cet instant.
    — Je m’ennuie, susurra-t-elle en glissant son bras sous celui de l’infirme et se collant ainsi à lui.
    Delaforge se tourna vers Antoine de Voigny :
    — Ce que femme veut… Je vous abandonne. Nous nous reverrons peut-être…
    Et il le laissa en plan.
    Allons, pensa Antoine, l’homme est cordial, de plus il travaille avec Le Vau. Voilà qui pouvait servir. Mais il décida de garder secret ce rapprochement, convaincu que les siens ne l’apprécieraient guère. Aurore serait-elle heureuse d’entendre des nouvelles sur Toussaint ? Il l’imagina et se souvint d’Angélique de Saint-Bastien. Non, trancha-t-il. Elle souffrirait. Pas un mot.

    Cette scène remonte à quelques semaines. Depuis, silence. Delaforge en espérait davantage. Il croyait l’animal ferré. Il agira donc autrement. Il n’en mesure pas moins les progrès obtenus. Le contact est renoué et n’a provoqué aucun remous. Personne n’est venu le menacer chez Le Vau. François de Voigny ne l’a pas sommé de cesser d’importuner son frère. Calmés ne s’est pas montré. La tactique a du bon. Antoine est le faible par qui il fallait commencer. Il viendra un jour, pense le second de Le Vau, voudra échanger sur les antiques avec le premier architecte du roi. Et il demandera de l’aide. Mais le temps passe, presse. Il faut battre le fer tant qu’il est chaud et l’occasion se présente. Les fêtes de Versailles de l’automne 1663 approchent. Toussaint Delaforge y accompagne Le Vau. Voilà qui permettrait d’organiser une rencontre impromptue. Ensuite, la nasse se refermera. Tout est prévu, calculé, avance au mieux. La vie n’est-elle pas belle ? se demandait-il. Et comment en douterait-il ?
    Ce matin, il se trouve à Versailles, tenant compagnie à Le Vau inspectant les derniers préparatifs des fêtes. Depuis leur dernière visite, les progrès sont considérables. Les jets d’eau du bassin de la Sirène percent le ciel. Les jardins rivalisent avec l’Éden, les allées sont tracées au cordeau, les décors qui les enchantent, peints et fin prêts. Déjà, les mirlitons du Louvre sont à l’œuvre, les jardiniers enluminent les immenses buffets de compositions florales. Deux immenses jarres sont remplies de fruits d’automne dont la peau s’orne d’un L et d’un XIV. Chacun a été recouvert d’un pochoir et placé dans une serre, profitant ainsi des derniers rayons du soleil. Un jardinier magicien a laissé agir l’astre royal qui a coloré peu ou prou l’épiderme odorant des pommes où, désormais, les lettres du monarque se détachent et se distinguent. Cet effet 6 est un des miracles que découvriront les hôtes de Sa Majesté. Le Vau, Le Brun, le Nôtre, le trio est satisfait.
    — Colbert a je ne sais quoi de secret à me raconter, annonce l’architecte soudain contrarié. Je me force, mais je dois rentrer avec lui à Paris. Toussaint, gardez le carrosse et retrouvons-nous ce soir.
    Il file déjà, mais soudain se retourne :
    — Traînassez dans le bourg, prenez votre temps.
    — Qu’y ferai-je ? s’étonne Delaforge.
    — Voilà l’occasion rêvée de vérifier ma thèse. S’il y a un palais, il faudra une ville. Il devient crucial de s’intéresser à ce projet immense.
    — Je ne suis pas architecte ! Que puis-je imaginer ?
    — Souhaitez-vous être riche ? Le filon est là… Il appartiendra à celui qui le trouvera. Cherchez, murmure-t-il en tournant les talons.
    L’architecte s’entête à croire qu’il faut investir à Versailles, acheter les masures à bas prix quand il est encore temps, prendre possession des terres, construire et revendre le moment venu.
    — Bourdine, faisons un tour, soupire-t-il en s’adressant au cocher.
    Le carrosse s’ébranle au pas. Comment croire que ce bourg a un avenir ? Cette auberge délabrée au crépi recouvert de salpêtre en est le meilleur exemple. Le tout vaut cent livres. Au jugé, il calcule

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