Un jour, je serai Roi
l’étang de Clagny. Le roi aurait de grands projets de bassins et de fontaines. Mais ses hommes, s’interroge Marguerite, en seront-ils capables ? Léon, le mari de sa fille Anne, fera face. Elle n’en doute pas. Ils forment une belle équipe et tout irait sans doute pour le mieux si elle ne tournait et retournait dans sa tête le dilemme qui la mine. Doit-elle, oui ou non, dénoncer le crime de Toussaint Delaforge contre son fils ?
Elle était décidée à se taire, à oublier, à renoncer à la vengeance pour le bonheur d’Anne et de sa fille Amandine. Mais d’autres faits très graves se sont produits. Un de son équipe, surnommé gentiment Le Maigriot , a vu chez Ravort, aubergiste boiteux des Sans aveu et acolyte de Delaforge – celui qui voudrait acheter tout, raconte-t-on dans le bourg –, des choses qu’il n’aurait pas dû. Un matin, qu’il disait, ce salopiot de Ravort avait exigé d’être payé sinon, dehors. Marguerite s’en souvenait très bien puisque ce brave garçon qui crevait de fièvre était venu la supplier de lui trouver une petite place. On s’arrangera, avait gentiment répondu la veuve, et Le Maigriot était reparti chercher son baluchon. Mais en arrivant chez Ravort, voilà qu’il avait entendu le bruit d’une sacrée bagarre. En se méfiant, il avait tendu le cou et vu, par le carreau d’une fenêtre, le manchot batailler tel le diable et tomber à terre, estourbi, pendant que le boiteux avançait en traître et frappait le futur vainqueur dans le dos avec une épée.
Le pauvre gars habillé, croyait-il, en officier, y avait laissé la vie. Le Maigriot n’avait pas demandé son reste, galopant chez la bonne dame Pontgallet pour raconter l’aventure. Marguerite avait écouté, puis exigé qu’il se taise. L’affaire était dangereuse pour un sans aveu qui ne disposait pas de papiers. Elle s’en chargerait et promettait de ne pas laisser ce crime impuni.
Il lui avait fallu peu de temps pour apprendre que la victime était le fils du marquis de La Place chez qui, se souvenait-elle, l’ancien apprenti Delaforge avait vécu les premières années de sa vie…
Depuis, elle s’interroge. Elle connaît ce monstre et mesure le danger si elle lui déclare la guerre. Mais Delaforge revient de plus en plus souvent à Versailles. Il serait moins proche de l’architecte Le Vau et chercherait à s’installer définitivement. Ici, elle ou lui, l’un des deux est de trop. Alors, cette nuit de novembre 1664, Marguerite a pris sa décision : elle ne le laissera pas agir.
Toussaint Delaforge ne deviendra pas le Roi noir de Versailles … 1
1 - Le Roi noir de Versailles , Tome II de la série Le Palais de toutes les promesses , Flammarion.
Remerciements
À mon très cher ami et éditeur, Thierry Billard , sans qui l’idée même de cette aventure ne me serait jamais venue.
À l’équipe Flammarion au grand complet , qui entoure la sortie de mes romans.
À Franck Ferrand , amoureux de Versailles , qui m’a guidé si amicalement dans les arcanes de Versailles.
À Béatrix Saule , directrice générale de l’Établissement public du musée et du domaine national de Versailles , pour la passion qui l’anime et sa disponibilité.
À vous tous, chers lecteurs , qui me donnez chaque fois l’envie de raconter.
Où s’arrête l’Histoire ?
Où commence l’histoire ?
Il est parfois reproché à l’écrivain composant avec l’Histoire de ne pas fixer les frontières entre réalité historique et fiction. Ce qui suit est une sorte de petit guide, non exhaustif, précisant où s’arrête l’Histoire et où commence la mienne.
La rue de la Tonnellerie , où naît Toussaint Delaforge reliait la rue Saint-Honoré à la rue Rambuteau. Ce genre de corridor « hanté par la misère et l’insalubrité », existait à Paris, mais la rue de la Tonnellerie n’était pas le bouge que je décris. S’y trouvaient des marchands de futailles (fûts à vin), du fait de la proximité des Halles détruites au siècle dernier. Très longtemps, on prétendit que Molière naquit dans cette rue. Plus vraisemblablement, J.-B. Poquelin vit le jour rue Saint-Honoré. J’ai choisi cette rue à la manière d’un clin d’œil fait à l’un de mes dramaturges préférés.
Pontgallet est le portrait d’un maçon de l’époque. J’aurais pu choisir Bergeron ou Mazière, deux chefs d’illustres lignées de bâtisseurs du roi, mais je devais alors me glisser dans la vie de ces
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