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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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pays, je savais que relativement peu de gens se sentaient prêts à consentir les sacrifices nécessaires pour rejoindre la lutte. Nous devions retrouver les gens sur leur propre terrain même si cela signifiait une apparente collaboration. Je pensais que notre mouvement devait être un très grand abri pour y accueillir le plus de gens possible.
     
    Cependant, à l ’ époque, mon rapport a été vite expédié, à cause d ’ un autre, aux conséquences bien plus importantes. La publication du rapport de la commission Tomlinson avait lancé un débat dans tout le pays. Cette commission créée par le gouvernement proposait un plan pour le développement des prétendues régions bantoues ou bantoustans. Il s ’ agissait en fait d ’ un projet de « développement séparé   » ou grand apartheid.
    Le système des bantoustans avait été conçu par le Dr. H.F. Verwoerd, le ministre des Affaires indigènes, afin de faire taire les critiques internationales sur la politique raciale de l ’ Afrique du Sud, mais en même temps afin d ’ institutionnaliser l ’ apartheid. Les bantoustans, ou les « réserves   » comme on les appelait parfois, seraient des enclaves ethniques séparées, ou des homelands (foyers nationaux) pour tous les citoyens sud-africains. Les Africains, disait Verwoerd, « devaient avoir les deux pieds dans les réserves   » où ils « se développeraient en suivant leur propre voie   ». L ’ idée était de préserver le statu quo selon lequel trois millions de Blancs possédaient 87   % du pays et de reléguer les huit millions d ’ Africains dans les 13   % restants.
    Le rapport avait comme thème central le rejet de toute idée d ’ intégration entre les races, au profit d ’ une politique de développement séparé des Noirs et des Blancs. Dans ce but, il recommandait l ’ industrialisation des zones africaines et insistait sur le fait que tout programme qui n ’ avait pas pour objectif de fournir aux Africains des possibilités de développement dans leurs propres régions était voué à l ’ échec. La commission faisait remarquer que la configuration géographique existante des zones africaines était par trop fragmentaire et recommandait leur consolidation en créant ce qu ’ elle appelait sept homelands « logico-historiques   » des principaux groupes ethniques.
    Mais la création de bantoustans indépendants, comme le proposait la commission, était burlesque. Le Transkei, qui servait d ’ exemple pour étayer la démonstration du système des homelands, serait divisé en trois blocs géographiques séparés. Les bantoustans Swazi, Lebowa et Venda étaient composés chacun de trois morceaux   ; le Gazankule de quatre, le Ciskei de dix-sept, le Bophuthatswana de dix-neuf et le KwaZulu de vingt-neuf. Les nationalistes dessinaient un puzzle cruel avec la vie des gens.
    En créant le système des homelands, le gouvernement avait comme intention de maintenir le Transkei –   et les autres zones africaines  – en réservoirs de main-d ’ œuvre bon marché pour l ’ industrie blanche. En même temps, le gouvernement avait comme but caché de créer une classe moyenne africaine afin d ’ affaiblir l ’ attrait qu ’ exerçaient l ’ ANC et la lutte de libération.
    L ’ ANC dénonça le rapport de la commission Tomlinson malgré certaines recommandations plus libérales. Comme je l ’ avais dit à Daliwonga, le développement séparé était une fausse solution à un problème que les Blancs ne savaient absolument pas contrôler. A la fin, le gouvernement approuva le rapport, mais rejeta certaines de ses propositions comme étant trop progressistes.
     
    Malgré l ’ obscurité qui gagnait du terrain et mon pessimisme devant la politique gouvernementale, je réfléchissais à l ’ avenir. En février 1956, je suis retourné au Transkei pour acheter un terrain à Umtata. J ’ avais toujours pensé qu ’ un homme devait posséder une maison à l ’ endroit de sa naissance, où il pourrait trouver un repos qui lui échappait partout ailleurs.
    Je suis allé au Transkei avec Walter. Tous deux, nous avons rencontré plusieurs membres de l ’ ANC à Umtata et à Durban où nous nous sommes arrêtés en premier. A nouveau, nous avons été maladroitement filés par des hommes de la Special Branch. A Durban, nous avons rendu visite à nos homologues du Natal Indian Congress pour tenter de relancer le militantisme dans la région.
    A Umtata, avec l ’

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