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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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’ étais étudiant, j ’ avais lu son opuscule   : « La genèse du Transkei   ». Il avait dirigé un magasin coopératif dans le Transkei qu ’ il avait rapidement abandonné pour devenir le directeur de l ’ hebdomadaire New Age. Govan était sérieux, réfléchi et parlait d ’ une voix douce   ; il se sentait à l ’ aise aussi bien dans le monde du savoir que dans celui du militantisme politique. Il avait joué un rôle important dans l ’ organisation du Congrès du peuple et il était destiné à monter aux plus hauts échelons de l ’ organisation.
    Je suis parti pour Le Cap en fin de matinée, avec ma radio comme seule compagnie. Je n ’ étais jamais allé de Port Elizabeth au Cap et je contemplais ce paysage admirable. Il faisait chaud et la route était bordée de chaque côté par une végétation dense. J ’ étais à peine sorti de la ville que j ’ ai roulé sur un énorme serpent qui traversait la route. Je ne suis pas superstitieux et je ne crois pas aux présages, mais la mort de ce serpent ne m ’ a pas plu. Je n ’ aime pas tuer des créatures vivantes, même celles qui remplissent certains de crainte.
    Après avoir passé Humansdorp, les forêts sont devenues plus denses et pour la première fois de ma vie j ’ ai vu des éléphants et des babouins sauvages. Un grand babouin a traversé la route devant moi et j ’ ai arrêté la voiture. Il se tenait là et me regardait attentivement comme un inspecteur de la Special Branch. C ’ était ironique que moi, un Africain, je voie pour la première fois l ’ Afrique des livres d ’ histoire et des légendes. Un si beau pays, me disais-je, et hors d ’ atteinte, possédé par des Blancs et inaccessible à l ’ homme noir. Je ne pouvais pas plus choisir de vivre dans une telle beauté que me présenter au Parlement.
    Des pensées séditieuses accompagnent un combattant de la liberté où qu ’ il aille. Je me suis arrêté dans la ville de Knysna, à 150 kilomètres à l ’ ouest de Port Elizabeth, pour contempler le paysage. De la route, on pouvait voir à perte de vue. Les forêts s ’ étendaient dans toutes les directions   ; pourtant, je ne m ’ attardais pas sur leur verdure, mais sur le fait que c ’ étaient autant d ’ endroits où une armée de guérilla pouvait vivre et s ’ entraîner sans qu ’ on la repère.
    A minuit, je suis arrivé au Cap, où je devais rester quinze jours. J ’ ai habité chez le révérend Walter Teka, un responsable de l ’ Eglise méthodiste, mais j ’ ai passé l ’ essentiel de mes journées avec Johnson Ngwevela et Greenwood Ngotyana. Ngwevela était président de l ’ ANC pour la région du Western Cape et Ngotyana membre de la direction. Tous deux étaient communistes et responsables de l ’ Eglise wesleyenne. Chaque jour j ’ allais voir des membres de l ’ ANC à Worcester, Paarl, Stellenbosch, Simonstown et Hermanus {10} . J ’ avais prévu de travailler chaque jour et quand j ’ ai demandé ce qu ’ on avait organisé le dimanche –   un jour de travail pour moi, dans le Transvaal  – , ils m ’ ont répondu que ce jour-là était réservé pour aller à l ’ église. J ’ ai protesté en vain. Le communisme et le christianisme, au moins en Afrique, ne s ’ excluaient pas.
    Un jour, en me promenant en ville, j ’ ai remarqué une Blanche assise par terre qui rongeait une arête de poisson. Elle était très pauvre et apparemment sans domicile, mais elle était jeune et assez jolie. Je savais évidemment qu ’ il y avait des Blancs pauvres, aussi pauvres que des Africains, mais on en voyait rarement. J ’ avais l ’ habitude de rencontrer des mendiants noirs dans la rue et cela m ’ a étonné de voir une Blanche. Alors que normalement je ne donnais rien aux mendiants noirs, j ’ ai eu envie de donner quelque chose à cette Blanche. Tout de suite je me suis rendu compte des mauvais tours que jouait l ’ apartheid   ; si j ’ acceptais les maux quotidiens des Africains, une Blanche en guenilles me touchait aussitôt. En Afrique du Sud, être noir et pauvre était normal, mais être pauvre et blanc devenait une tragédie.
     
    Alors que je m ’ apprêtais à quitter Le Cap, je suis allé dans les bureaux de New Age voir quelques vieux amis pour parler avec eux de leur politique éditoriale. New Age, qui succédait à d ’ anciennes publications de gauche interdites, était favorable à l ’ ANC. C ’ était le 27 septembre, en début de

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