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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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aide de Walter, j ’ ai acheté à C.K. Sakwe un terrain que celui-ci possédait en ville et que j ’ ai payé en liquide. Sakwe était membre du Bungha et avait siégé au Conseil représentatif indigène. Il nous a raconté un incident qui avait eu lieu, le samedi précédent, à Bumbhane, la demeure royale de Sabata, lors d ’ une rencontre entre des représentants du gouvernement et des chefs, à propos des bantoustans. Un certain nombre de chefs s ’ étaient opposés à la politique du gouvernement et avaient violemment critiqué le magistrat. La réunion s ’ était achevée dans la colère   ; cela nous donnait une idée de la profondeur des objections à la Bantu Authorities Act.
    En mars 1956, après quelques mois de liberté relative, j ’ ai reçu mon troisième ordre d ’ interdiction   ; je ne pouvais quitter Johannesburg pendant cinq ans ni assister à aucune réunion pendant la même période. Au cours des six premiers mois je ne pouvais même pas sortir du quartier, et j ’ étais condamné à voir chaque jour les mêmes rues, les mêmes terrils à l ’ horizon et le même ciel. Je devais compter sur les journaux et sur les autres pour savoir ce qui se passait en dehors de Johannesburg, une perspective qui ne me réjouissait guère.
    Mais j ’ ai changé radicalement d ’ attitude envers mon interdiction. Les premières fois, je m ’ étais conformé aux lois et aux règlements de mes persécuteurs. Désormais, je n ’ avais plus que du mépris pour ces limitations. Je n ’ allais pas laisser l ’ ennemi que je combattais déterminer mon engagement dans la lutte et le champ de mes activités politiques. Le laisser faire revenait à reconnaître ma défaite et j ’ ai décidé de ne pas devenir mon propre geôlier.
    Bientôt, je me suis retrouvé dans un rôle de médiateur au milieu d ’ une querelle politique à Johannesburg. Elle mettait en présence deux camps qui cherchaient mon appui. Chacun, à l ’ intérieur de l ’ organisation, avait des griefs légitimes et chacun s ’ opposait implacablement à l ’ autre. L ’ altercation risquait de dégénérer en guerre civile et j ’ ai fait de mon mieux pour empêcher la rupture. Je parle bien sûr de la lutte au club de boxe et d ’ haltères du Centre communautaire Donaldson à Orlando, où je m ’ entraînais presque chaque soir.
    Je m ’ étais inscrit à ce club en 1950, et depuis j ’ y avais passé presque toutes mes soirées libres. Ces dernières années j ’ avais emmené avec moi mon fils Thembi   ; en 1956, il avait dix ans et c ’ était un poids papier-à-cigarettes ardent mais un peu maigrichon. Le club était dirigé par Johannes (Skipper Adonis) Molotsi et ses membres étaient des boxeurs amateurs et professionnels et haltérophiles passionnés. Notre boxeur vedette, Jerry (Uyinja) Moloi est devenu plus tard champion du Transvaal des poids légers et prétendant au titre national.
    Le matériel était très pauvre. Nous n ’ avions pas les moyens de nous acheter un ring, et nous nous entraînions sur un sol de ciment, particulièrement dangereux quand un boxeur était mis KO. Nous n ’ avions qu ’ un seul sac de sable, quelques paires de gants de boxe, pas de medicine-balls ni de shorts ni de chaussures de boxe et pas de protège-dents. Malgré tout, le club produisait des champions comme Eric (Black Material) Ntsele, champion d ’ Afrique du Sud des poids coq, et Freddie (Tomahawk) Ngidi, champion du Transvaal des poids mouche, qui travaillait comme assistant au cabinet Mandela et Tambo. En tout, nous étions peut-être vingt ou trente membres.
    Si j ’ avais un peu pratiqué la boxe à Fort Hare, ce n ’ est qu ’ après plusieurs années passées à Johannesburg que je me suis mis à vraiment aimer ce sport. Je n ’ ai jamais été un grand boxeur. J ’ appartenais à la catégorie des poids lourds et je n ’ ai jamais eu la puissance qui aurait compensé mon manque de rapidité, ni assez de rapidité pour compenser mon manque de puissance. C ’ était moins la violence que la science de la boxe qui me plaisait. J ’ étais fasciné par la façon dont on déplaçait son corps pour se protéger, et par la stratégie qui permettait d ’ attaquer et de reculer à la fois. La boxe, c ’ est l ’ égalité. Sur le ring, le rang, l ’ âge, la couleur de la peau et la richesse n ’ ont plus cours. Quand on tourne autour de son adversaire, en cherchant ses points forts et ses points

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