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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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parents nous attendaient pour nous accueillir. On avait tué un mouton et il y eut un festin en notre honneur.
    Nous n ’ avons pas eu le temps d ’ avoir de lune de miel et la vie a immédiatement repris son train-train, dominé par le procès. Nous nous levions chaque jour très tôt, en général vers 4 heures. Winnie préparait le petit déjeuner puis je partais. Ensuite, je prenais l ’ autocar pour Pretoria où se déroulait désormais le procès, ou bien je passais au bureau. Autant que possible, j ’ y allais l ’ après-midi et le soir, en essayant de faire marcher le cabinet et de gagner un peu d ’ argent. Le travail politique et les réunions prenaient souvent les soirées. L ’ épouse d ’ un combattant de la liberté est un peu comme une veuve, même quand son mari n ’ est pas emprisonné. Malgré le procès de trahison, Winnie me donnait beaucoup d ’ espoir. J ’ avais l ’ impression d ’ avoir une nouvelle chance dans la vie. Mon amour pour elle me donnait une force supplémentaire pour les combats qui m ’ attendaient.
    27
    Le principal événement du pays en 1958 fut les élections générales –  « générales   » uniquement parce que trois millions de Blancs pouvaient y participer mais aucun des treize millions d ’ Africains. Nous débattions pour savoir s ’ il fallait organiser une riposte. Nous devions répondre à la question centrale suivante   : est-ce que des élections auxquelles seuls les Blancs pouvaient participer changeaient quelque chose pour les Africains   ? En ce qui concernait l ’ ANC, nous ne pouvions pas rester indifférents même si nous ne participions pas au système. Nous étions exclus mais pas insensibles   : la défaite du Parti national irait dans le sens de notre intérêt et de celui de tous les Africains.
    L ’ ANC se joignit aux autres congrès et au SACTU, le South African Congress of Trade Unions (Congrès sud-africain des syndicats), pour appeler à une grève de trois jours pendant les élections d ’ avril. On distribua des tracts dans les usines et les magasins, dans les gares et les stations de bus, dans les cafés et les hôpitaux et au porte-à-porte. Le principal slogan de la campagne était   : « Les nationalistes à la porte   ! » (The Nats must go   !) Nos préparatifs inquiétèrent le gouvernement   ; quatre jours avant le scrutin, il décréta illégal tout rassemblement de plus de dix Africains dans une zone urbaine.
    La nuit qui précédait une manifestation, un boycott ou une grève à domicile, les responsables passaient toujours dans la clandestinité afin de mettre en échec les rafles qui avaient lieu à coup sûr. La police nous surveillait pourtant vingt-quatre heures sur vingt-quatre, mais il était facile de disparaître pendant un jour ou deux. Walter, Oliver, Moses Kotane, J.B. Marks, Dan Tloome, Duma Nokwe et moi-même avons passé la nuit d ’ avant la grève chez le Dr. Nthatho Motlana, mon médecin, d ’ où nous pouvions rester en contact par téléphone avec les autres responsables dans toute la ville.
    Les communications n ’ étaient pas très efficaces à cette époque, en particulier dans les townships où peu de gens avaient le téléphone, et superviser une grève était une tâche frustrante. Le lendemain matin de bonne heure, nous sommes allés dans une autre maison du voisinage et nous avons envoyé des hommes dans les endroits stratégiques des townships pour surveiller les trains, les bus et les taxis afin de savoir si les gens allaient ou non au travail. Ils sont revenus avec de mauvaises nouvelles   : les bus et les trains étaient pleins   ; les gens ignoraient l ’ ordre de grève. Ce n ’ est qu ’ à ce moment-là que nous nous sommes rendu compte que celui chez qui nous nous trouvions avait disparu –   lui-même s ’ était éclipsé pour aller travailler. La grève s ’ annonçait comme un échec.
    Nous avons décidé de l ’ annuler. Une grève de trois jours qu ’ on annule le premier n ’ est un échec que d ’ une journée   ; une grève qui est un échec de trois jours se transforme en fiasco. Nous nous sentions humiliés de le faire, mais nous pensions que le contraire serait pire. Moins d ’ une heure après avoir publié un communiqué appelant à la fin de la grève, la radio gouvernementale sud-africaine le diffusait in extenso. D ’ habitude, la SABC (South African Broadcasting Corporation) ignorait totalement l ’ ANC   ; elle ne diffusait

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