Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
Vom Netzwerk:
phrases entières de discours de l ’ ANC qu ’ il avait entendus. Mais en général il ne citait que du charabia ou une pure invention.
     
    S LOVO   : « Comprenez-vous l ’ anglais   ? »
    M OLLSON   : « Pas très bien. »
    S LOVO   : « Voulez-vous dire que vous citez ces discours en anglais et que vous ne comprenez pas très bien l ’ anglais   ? »
    M OLLSON   : « Oui, monsieur. »
    S LOVO   : « Reconnaissez-vous que vos notes sont des sottises   ? »
    M OLLSON   : « Je ne sais pas. »
     
    La dernière réponse déclencha un éclat de rire parmi les accusés et la défense. Je me souviens du président qui nous réprimanda pour avoir ri en nous disant   : « Ce procès n ’ est pas si drôle qu ’ il y paraît. »
    A un moment, le juge Wessels dit à Slovo qu ’ il portait atteinte à l ’ honneur du tribunal et il lui infligea une amende pour outrage. Ceci entraîna la colère de la plupart des accusés et seul le chef Luthuli put empêcher qu ’ un grand nombre d ’ entre eux soient également accusés d ’ outrage.
    Alors que se poursuivaient les dépositions des témoins, dont la plupart n ’ étaient que de lassantes manœuvres de procédure, nous avons commencé à nous occuper d ’ autre chose. J ’ apportais souvent un livre ou un dossier pour travailler. D ’ autres lisaient des journaux, faisaient des mots croisés, jouaient aux échecs ou au scrabble. Parfois, le président nous reprochait de ne pas suivre les débats, et les livres et les mots croisés disparaissaient. Mais, lentement, tandis que les dépositions reprenaient leur rythme d ’ escargot, les jeux et les journaux revenaient.
    Au fur et à mesure que se déroulait l ’ examen préparatoire, l ’ accusation perdait espoir. Elle multipliait les témoignages –  souvent fabriqués de toutes pièces  – pour l ’ aider dans ce qui semblait une cause perdue.
    Finalement, le 11 septembre, dix mois après avoir été rassemblés dans le Drill Hall, le procureur annonça la fin de l ’ examen préparatoire. Le président donna quatre mois à la défense pour passer au peigne fin les 8   000 pages dactylographiées et les 10   000 documents et préparer son dossier.
    L ’ examen préparatoire avait duré toute l ’ année 1957.
    Le procès fut ajourné en septembre et la défense se mit à examiner les preuves. Trois mois plus tard, sans avertissement ni explication, la cour annonça l ’ abandon des accusations contre soixante et un accusés. Il s ’ agissait pour la plupart de personnages relativement secondaires de l ’ ANC, mais parmi eux il y avait aussi le chef Luthuli et Oliver Tambo. Cette décision nous plut mais nous stupéfia.
    En janvier, date à laquelle le ministère public devait résumer ses accusations, il présenta un nouveau procureur, le redoutable Oswald Pirow, ancien ministre de la Justice et de la Défense, et aussi ardent partisan de la politique du Parti national. Afrikaner nationaliste depuis toujours, il avait soutenu la cause des nazis   ; il avait décrit Hitler comme « le plus grand homme de son temps   ». C ’ était un anticommuniste virulent. La nomination de Pirow prouvait une nouvelle fois l ’ inquiétude du gouvernement et l ’ importance considérable qu ’ il attachait à la victoire.
    Avant que Pirow dépose ses conclusions, Berrangé annonça qu ’ il demanderait un non-lieu parce que l ’ accusation n ’ avait pas apporté de preuves suffisantes contre nous. Pirow s ’ y opposa et cita plusieurs discours incendiaires des accusés, en informant la cour que la police avait découvert d ’ autres preuves d ’ une conspiration extrêmement dangereuse. Le pays, dit-il d ’ un ton solennel, était assis sur un volcan. Son intervention fut efficace et très dramatique. Pirow modifia l ’ atmosphère du procès. Nous avions trop confiance et on nous rappelait que nous nous trouvions devant une accusation très grave. Ne vous y trompez pas, nous dirent nos avocats, vous pouvez très bien finir en prison.
    Après treize mois d ’ examen préparatoire, le président décida qu ’ il avait trouvé « une raison suffisante   » pour nous traduire devant la Cour suprême du Transvaal pour haute trahison. Le procès fut ajourné en janvier   ; quatre-vingt-quinze personnes restaient accusées. Mais nous ne savions pas quand commencerait le véritable procès.
    26
    Un après-midi, pendant une suspension de séance au cours de l ’ examen

Weitere Kostenlose Bücher