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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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été arrêtées.
    Je l ’ ai su non pas en tant que mari d ’ une des détenues, mais parce qu ’ on a demandé au cabinet Mandela et Tambo de représenter la plupart des femmes arrêtées. Je me suis rendu rapidement à Marshall Square pour aller voir les prisonnières et discuter des cautions. J ’ ai réussi à rencontrer Winnie, qui a souri en me voyant, l ’ air aussi heureux qu ’ on peut l ’ avoir dans une cellule de commissariat. C ’ était comme si elle m ’ offrait un merveilleux cadeau dont elle savait qu ’ il me plairait. Je lui ai dit que j ’ étais fier d ’ elle mais je n ’ ai pas pu rester car j ’ avais beaucoup de travail.
    A la fin de la seconde journée, le nombre de femmes arrêtées s ’ élevait à près de 2   000 et la plupart ont été transférées au Fort en attendant leur procès. Cette situation a créé de formidables problèmes, non seulement à Oliver et à moi mais aussi à la police et aux autorités pénitentiaires. Il n ’ y avait pas assez de place pour autant de détenues. On manquait de couvertures, de matelas et de toilettes, et aussi de nourriture. Au Fort, les femmes vivaient entassées dans la saleté. Alors que beaucoup de membres de l ’ ANC, dont moi-même, voulaient obtenir leur libération sous caution, Lilian Ngoyi, la présidente nationale de la Ligue des femmes, et Helen Joseph, la secrétaire de la Fédération des femmes d ’ Afrique du Sud, pensaient que, pour que la manifestation soit totale et efficace, les femmes devaient purger la peine que le juge prononcerait. J ’ ai protesté mais elles m ’ ont dit en termes très clairs que c ’ était l ’ affaire des femmes et que l ’ ANC –   ainsi que les maris inquiets  – ne devait pas s ’ en mêler. J ’ ai répondu à Lilian qu ’ elle devait en parler avec les femmes elles-mêmes avant de prendre une décision et je l ’ ai accompagnée dans les cellules où elle a pu recueillir leurs avis. Beaucoup attendaient désespérément d ’ être libérées sous caution et n ’ avaient pas été préparées à ce qui les attendait. J ’ ai proposé un compromis à Lilian   : les femmes passeraient quinze jours en prison et ensuite on les libérerait sous caution. Elle a accepté.
    Pendant les deux semaines suivantes, j ’ ai passé de nombreuses heures au tribunal à régler la question des cautions pour les femmes. Quelques-unes étaient mécontentes et s ’ en prenaient à moi. « Mandela, j ’ en ai assez de votre procès, m ’ a dit une femme. Si ce n ’ est pas terminé aujourd ’ hui, je ne remettrai jamais les pieds au tribunal. » Avec l ’ aide des familles et d ’ organisations qui ont réuni de l ’ argent, nous avons réussi à payer toutes les cautions et à faire sortir les femmes en deux semaines.
    Winnie ne semblait pas la plus affectée par cette expérience. Si elle avait souffert elle ne m ’ en a pas parlé. En prison, elle s ’ était liée d ’ amitié avec deux gardiennes afrikaners adolescentes, sympathiques et curieuses, et après la libération de Winnie, nous les avons invitées. Elles ont accepté et sont venues en train à Orlando. Nous avons déjeuné à la maison et, ensuite, Winnie les a emmenées se promener dans le township. Elles avaient à peu près le même âge que Winnie et toutes trois s ’ entendaient bien. Elles riaient ensemble comme des sœurs. Les deux jeunes filles ont passé une bonne journée et ont remercié Winnie en lui disant qu ’ elles aimeraient la revoir. Mais en venant à Orlando, elles avaient voyagé dans un wagon pour non-Européens par la force des choses. (Il n ’ y avait pas de trains réservés aux Blancs pour Orlando pour la simple raison qu ’ aucun Blanc ne venait à Orlando.) Elles avaient donc attiré l ’ attention et bientôt tout le monde a su que deux gardiennes afrikaners du Fort étaient venues voir les Mandela. Pour nous, ce n ’ était pas un problème, mais pour elles si, car les autorités pénitentiaires les ont renvoyées. Nous n ’ avons plus jamais entendu parler d ’ elles.
    29
    Pendant six mois –  depuis la fin des auditions préparatoires en janvier  – , nous avions attendu le procès qui devait commencer en août 1958. Le gouvernement créa une haute cour spéciale composée de trois juges   : le juge F.L. Rumpff, président, le juge Kennedy et le juge Ludorf. Une telle liste ne promettait rien de bon   : trois Blancs, tous très liés au parti au pouvoir. Si

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