Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
Vom Netzwerk:
ils pensaient moins aux progrès de la lutte qu ’ à leurs sentiments de jalousie ou de revanche. J ’ avais toujours cru que pour être un combattant de la liberté on devait étouffer la plupart de ses sentiments personnels   ; a cause d ’ eux on se sentait comme un individu séparé plutôt que membre d ’ un mouvement de masse. On lutte pour la libération de millions de gens, pas pour la gloire d ’ un individu. Je ne veux pas dire qu ’ un homme doit devenir un robot et se débarrasser de toute motivation ou de tout sentiment personnel. Mais de la même façon qu ’ un combattant de la liberté fait passer sa propre famille après la grande famille qu ’ est le peuple, il doit subordonner ses sentiments personnels au mouvement.
    Je trouvais que les conceptions et le comportement du PAC étaient immatures. Un philosophe a dit qu ’ il y avait quelque chose d ’ étrange à ne pas être de gauche quand on est jeune, et conservateur quand on est vieux. Je ne suis pas conservateur, mais on mûrit et l ’ on considère certaines façons de penser de sa jeunesse comme immatures et juvéniles. J ’ avais de la sympathie pour les conceptions des africanistes que j ’ avais partagées autrefois, mais je pensais que la lutte de libération exigeait des compromis et un type de discipline auquel on résistait quand on était plus jeune et plus impulsif.
    Le PAC publia un programme spectaculaire et trop ambitieux qui promettait des solutions rapides. D ’ après sa promesse la plus spectaculaire –   et la plus naïve  – la libération serait réalisée à la fin de 1963 et il demandait aux Africains de se préparer pour ce moment historique.
    « En 1960, nous atteindrons la première étape, promettait-il, et en 1963, la dernière vers la liberté et l ’ indépendance. » Bien que cette prédiction fît naître espoir et enthousiasme chez ceux qui en avaient assez d ’ attendre, il est toujours dangereux pour une organisation de faire des promesses irréalistes, parce qu ’ elle risque de perdre ceux qu ’ elle a convaincus si elles ne sont pas tenues.
    A cause de son anticommunisme, le PAC est devenu le favori de la presse occidentale et du Département d ’ Etat américain, qui saluèrent sa naissance comme un coup de poignard dans le cœur de la gauche africaine. Le Parti national lui-même vit le PAC comme un allié potentiel   : les nationalistes considéraient qu ’ il reflétait leur anti-communisme et qu ’ il soutenait leur conception du développement séparé. Les nationalistes rejetaient eux aussi toute coopération inter-raciale et le Parti national et le Département d ’ Etat américain jugèrent bon d ’ exagérer la taille et l ’ importance de la nouvelle organisation, en fonction de leurs propres intérêts.
    Nous accueillions toute personne que le PAC entraînait dans la lutte, mais l ’ organisation eut presque toujours un rôle destructeur. Les responsables divisaient les masses à un moment critique, et ce fut difficile de l ’ oublier. Ils demandaient aux gens d ’ aller travailler quand nous appelions à la grève générale, et faisaient des déclarations trompeuses pour s ’ opposer à tout ce que nous pouvions dire. Pourtant je gardais l ’ espoir que, même si les responsables du PAC étaient des dissidents de l ’ ANC, l ’ unité entre nos deux organisations restait possible. Je pensais qu ’ une fois apaisées les polémiques, la lutte en commun nous rapprocherait. Animé par cette idée, je prêtais une attention particulière à leurs déclarations et à leurs activités politiques en m ’ efforçant de trouver des affinités plutôt que des différences.
    Le lendemain de la conférence inaugurale du PAC, j ’ ai contacté mon ami Sobukwe pour avoir le texte de son discours ainsi que les statuts du PAC et d ’ autres documents politiques. Je pense que Sobukwe a apprécié mon intérêt et il m ’ a dit qu ’ il veillerait à ce que je reçoive ce que j ’ avais demandé. Je l ’ ai revu peu de temps après et je lui ai rappelé ma demande   ; il m ’ a dit que j ’ allais bientôt recevoir les documents. Ensuite, j ’ ai rencontré Potlako Leballo et je lui ai dit   : « Vous me promettez toujours de m ’ envoyer des documents mais personne ne me donne rien. » Il m ’ a répondu   : « Nelson, nous avons décidé de ne rien te donner parce que nous savons que tu ne t ’ en servirais que pour nous attaquer. » Je l ’ ai

Weitere Kostenlose Bücher