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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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détrompé et il s ’ est laissé convaincre et m ’ a fourni tout ce que j ’ avais demandé.
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    En 1959, le Parlement a voté la Bantu Self Government Act (Loi sur l ’ autonomie bantoue) qui créait huit bantoustans ethniques séparés. Cette loi marquait la fondation de ce que le gouvernement appelait le groot ou grand apartheid. A peu près à la même époque, le gouvernement a fait adopter une loi au nom trompeur, l ’ Extension of University Education Act (Loi sur l ’ extension de l ’ enseignement universitaire), un nouveau pilier du grand apartheid, qui interdisait aux non-Blancs les universités racialement « ouvertes   ». En faisant adopter la Bantu Self Governement Act, De Wet, le ministre de l ’ Administration et du Développement bantous, dit que le bien-être de chaque individu et de chaque groupe de la population trouverait un meilleur développement dans sa propre communauté nationale. Les Africains, dit-il, ne pourraient jamais être intégrés à la communauté blanche.
    L ’ immoralité de la politique des bantoustans, à cause de laquelle 70   % de la population seraient regroupés sur 13   % du pays, sautait aux yeux. D ’ après cette nouvelle politique, même si deux tiers d ’ Africains vivaient dans les prétendues zones « blanches   », ils ne pouvaient avoir que la citoyenneté de leur « homeland tribal   ». Le projet ne nous donnait ni liberté dans les zones « blanches   » ni indépendance dans ce qu ’ ils considéraient comme « nos   » zones. Verwoerd dit que la création des bantoustans engendrerait tant de bien qu ’ ils ne deviendraient jamais des terrains favorables à la rébellion.
    En réalité, il se passa exactement l ’ inverse. Les zones rurales étaient en ébullition. Peu d ’ entre elles résistèrent avec autant d ’ obstination que la région de Zeerust, où le chef Abram Moilwa (avec l ’ aide de l ’ avocat George Bizos) poussa son peuple à s ’ opposer aux soi-disant Autorités bantoues. En général, la presse ignore ces régions, et le gouvernement se sert de leur caractère inaccessible pour cacher la cruauté de ses actions. Des quantités de gens innocents furent arrêtés, condamnés, emprisonnés, bannis, frappés, torturés et assassinés. Les habitants du Sekhukhuneland se révoltèrent également, et le chef suzerain Moroamotsho Sekhukhune, Godfrey Sekhukhune, et d ’ autres conseillers furent arrêtés et bannis. Un chef sekhukhune, Kolane Kgoloko, considéré comme un laquais du gouvernement, fut assassiné. En 1960, la résistance dans le Sekhukhuneland était devenue ouverte et les habitants refusaient de payer leurs impôts.
    A Zeerust et au Sekhukhuneland, les branches locales de l ’ ANC jouèrent un rôle essentiel dans les manifestations de refus. Malgré la sévère répression, un très grand nombre de nouvelles branches de l ’ ANC apparurent dans la région de Zeerust, l ’ une d ’ entre elles réunissant jusqu ’ à 2   000 membres. Les régions du Sekhukhuneland et de Zeerust furent les premières d ’ Afrique du Sud où le gouvernement interdit l ’ ANC, preuve de notre pouvoir dans ces zones éloignées.
    Des manifestations éclatèrent dans le Pondoland où l ’ on agressa et tua des partisans du gouvernement. Le Thembuland et le Zululand résistèrent violemment, et furent parmi les dernières régions à céder. Les gens furent battus, arrêtés, déportés et emprisonnés. Au Thembuland, la résistance durait depuis 1955, avec Sabata qui appartenait aux forces d ’ opposition.
    Il m ’ était particulièrement douloureux de voir qu ’ au Transkei la colère du peuple était dirigée contre mon neveu et ancien mentor, K.D. Matanzima. Il ne faisait aucun doute qu ’ il collaborait avec le gouvernement. Il avait ignoré tous les appels que je lui avais lancés au cours des années. On racontait que des impis (guerriers traditionnels) du quartier général de Matanzima avaient brûlé des villages qui s ’ opposaient à lui. K.D. échappa à plusieurs tentatives d ’ assassinat. Il m ’ était également douloureux de savoir que le père de Winnie appartenait au conseil de Matanzima et comptait parmi ses partisans. C ’ était terriblement difficile pour Winnie. Son père et son mari se trouvaient dans des camps opposés. Elle aimait son père mais elle rejetait ses idées politiques.
    Très souvent, des membres de ma tribu ou de ma famille venaient du Transkei pour me voir

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