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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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nous aurons franchi une étape significative vers le suffrage universel pour les Africains, et nous dirons que pendant les cinq années suivantes nous allons suspendre la désobéissance civile.
     
    L’accusation voulait absolument prouver que j’étais un dangereux communiste tenant de la violence. Je n’étais ni communiste ni membre du Parti communiste mais je refusais de laisser croire que je prenais mes distances vis-à-vis de nos alliés communistes. J’aurais pu être renvoyé en prison pour de telles conceptions, mais je n’hésitai pas à réaffirmer l’extraordinaire soutien que les communistes nous avaient apporté. Le président me demanda si je pensais qu’un régime de parti unique était une possibilité envisageable pour l’Afrique du Sud.
     
    Monsieur le président, ce n’est pas une question de forme, c’est une question de démocratie. Si la démocratie s’exprimait mieux dans un système à parti unique, j’étudierais cette proposition avec le plus grand soin. Mais si une démocratie trouvait une meilleure expression dans un système à plusieurs partis, alors c’est une proposition que j’étudierais aussi avec beaucoup de soin. Dans ce pays, par exemple, nous avons actuellement un système multiparti mais, en ce qui concerne les non-Européens, il s’agit du despotisme le plus violent qu’on peut imaginer.
     
    Je me suis énervé quand le juge Rumpff a fait la même erreur que beaucoup de Sud-Africains blancs, sur la question du suffrage universel. Ils pensaient que pour pouvoir exercer cette responsabilité, les électeurs devaient être « éduqués   ». Il est difficile d’expliquer à quelqu’un qui a des idées étroites qu’être « éduqué   » ne signifie pas seulement savoir lire et écrire et avoir une licence, mais qu’un illettré peut être un électeur bien plus « éduqué   » que quelqu’un qui possède des diplômes.
     
    L E JUGE R UMPFF   : Quelle est la valeur de la participation au gouvernement d ’ un Etat de gens ignorants   ?
    NELSON M ANDELA   : Monsieur le président, que se passe-t-il quand des Blancs illettrés votent…
    L E JUGE R UMPFF   : Ne subissent-ils pas l ’ influence des responsables politiques comme des enfants   ?
    N ELSON M ANDELA   : Monsieur le président, voici ce qui arrive en pratique. Un homme se porte candidat dans une circonscription donnée   ; il rédige un programme dans lequel il dit   : « Voici quelles sont les idées que je défends. » C ’ est une zone rurale et il dit   : « Je suis contre la limitation des troupeaux. » Alors en l ’ écoutant, vous décidez que cet homme défendra vos intérêts si vous l ’ envoyez au Parlement et, sur cette base, vous votez pour tel ou tel candidat. Cela n ’ a rien à voir avec l ’ éducation.
    L E JUGE R UMPFF   : Il ne pense qu ’ à ses intérêts   ?
    N ELSON M ANDELA   : Non, un homme regarde celui qui est le plus capable de défendre son point de vue et il vote pour lui.
     
    Je dis à la cour que nous pensions : pouvoir atteindre nos objectifs sans violence à cause de notre supériorité numérique.
     
    Nous pensons que dans un avenir proche, il nous sera possible d’atteindre nos objectifs et nous avons travaillé sur l’idée que les Européens eux-mêmes, malgré le mur de préjugés et de haine auquel nous nous heurtons, ne pourront pas rester éternellement indifférents à nos demandes, parce que notre politique de pressions économiques les frappe au ventre. Les Européens n’osent pas la considérer avec indifférence. Ils devront y répondre et, en réalité, monsieur le président, ils y répondent.
     
    L’état d’urgence fut levé le dernier jour d’août. Nous allions rentrer chez nous après cinq mois de détention. A Johannesburg, quand les gens apprirent la fin de l’état d’urgence, ils vinrent à Pretoria persuadés qu’on allait nous libérer   ; quand nous sommes sortis, les amis et la famille nous ont accueillis avec joie. Winnie était là et nous nous sommes retrouvés avec bonheur. Depuis cinq mois, je n’avais pas tenu ma femme dans mes bras et je ne lui avais pas vu un tel sourire. Pour la première fois, depuis cinq mois, cette nuit-là, j’ai dormi dans mon lit.
    Quand on est allé en prison, ce qu’on apprécie le plus, ce sont les petites choses   : être capable d’aller se promener quand on le veut, entrer dans une boutique, acheter un journal, parler ou choisir de rester

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