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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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silencieux. Le simple fait d’être maître de ses actes.
     
    Même après la levée de l’état d’urgence, le procès a encore continué pendant neuf mois, jusqu’au 29 mars 1961. A bien des égards, ce fut une période de gloire pour les accusés parce que les nôtres, à la barre, exposaient sans crainte la politique de l’ANC. Robert Resha réfuta l’affirmation absurde selon laquelle nous poussions ce dernier à utiliser la violence afin que nous puissions l’utiliser à notre tour contre lui. Gert Sibande raconta avec éloquence la vie de misère des paysans africains. Le vénérable Isaac Behndy de Ladysmith, âgé de quatre-vingt-un ans, un prêcheur laïque de l’African Native Mission Church, expliqua pourquoi nous choisissions les grèves à domicile plutôt que sur le tas.
    En octobre, le redoutable professeur Matthews fut appelé comme notre dernier témoin. Il resta imperturbable à la barre et s’adressa aux procureurs comme à des étudiants dans l’erreur qu’il convient de gronder sévèrement. Il répondait souvent au procureur subjugué par quelque chose du genre   : « Ce que vous voulez vraiment me faire dire, c’est que le discours, dont vous prétendez qu’il est violent, représente la politique de mon organisation. Tout d’abord, ce que vous prétendez est faux, et ensuite je ne suis pas disposé à le dire. »
    Il expliqua dans une langue magnifique que le peuple africain savait qu’une lutte non violente entraînerait des souffrances, mais il l’avait choisie parce que pour lui la liberté n’avait pas de prix. Les gens, dit-il, accepteront volontairement les pires souffrances afin de se libérer de l’oppression. Avec le professeur Matthews, la défense termina en fanfare. A la fin de son témoignage, le juge Kennedy lui serra la main et lui dit qu’il espérait le rencontrer une nouvelle fois dans de meilleures conditions.
    37
    Après la levée de l ’ état d ’ urgence, la direction nationale de l ’ ANC se réunit clandestinement en septembre pour parler de l ’ avenir. Il s ’ agissait de notre première rencontre formelle, même si en prison, pendant le procès, nous avions eu des discussions. Le gouvernement ne se donnait pas d ’ armes contre une menace extérieure mais intérieure. Nous n ’ allions pas dissoudre le mouvement, nous allions continuer à agir dans la clandestinité. Pour cela, nous devions abandonner les procédures démocratiques prévues dans les statuts de l ’ ANC, avec des conférences, des réunions à l ’ échelon des branches et des rassemblements publics. Nous devions créer de nouvelles structures pour communiquer avec les organisations du Congrès non interdites. Toutes ces nouvelles structures étaient illégales et les participants seraient menacés d ’ arrestation et d ’ emprisonnement. Le Comité de direction et les structures qui étaient sous ses ordres devraient donc être sévèrement simplifiés pour s ’ adapter aux conditions de l ’ illégalité. Par la force des choses, nous avons dissous la Ligue de la jeunesse et la Ligue des femmes de l ’ ANC. Certains s ’ opposèrent violemment à ces changements   ; mais nous étions maintenant une organisation illégale. Pour ceux qui continueraient à y participer, la politique ne serait plus une activité risquée mais dangereuse.
    Le cabinet Mandela et Tambo avait fermé ses portes et réglé ses comptes. Cependant je continuais à faire tout le travail légal que je pouvais. De nombreux collègues me proposèrent d’utiliser leurs bureaux, leur personnel et leur téléphone mais, la plupart du temps, je préférais travailler dans l’appartement n°   13 de Kholvad House, celui d’Ahmed Kathrada. Je n’avais plus de clientèle mais j’avais gardé ma réputation en tant qu’avocat. Bientôt, le salon de Kathrada et le couloir qui y conduisait furent remplis de clients. Quand Kathrada rentrait chez lui, il découvrait effaré qu’il ne pouvait être seul que dans la cuisine.
    A cette époque, j’avais à peine le temps de manger et je voyais très peu ma famille. Je restais très tard à Pretoria pour préparer notre défense ou je revenais très vite pour m’occuper d’un dossier. Quand je pouvais m’asseoir pour dîner avec ma famille le téléphone sonnait et je devais repartir. Winnie était de nouveau enceinte et infiniment patiente. Elle espérait que son mari pourrait être à l’hôpital quand elle mettrait son enfant au monde. Mais

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