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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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l’ANC luttait toujours. Cette proposition ne m’a pas surpris et elle ne m’a pas particulièrement plu, mais je savais que je devais le faire. Je mènerais une vie de hasard, séparé de ma famille, mais quand on refuse à un homme de mener la vie dans laquelle il croit, il n’a pas d’autre choix que de devenir un hors-la-loi.
    Quand je suis rentré à la maison après la réunion, ce fut comme si Winnie pouvait lire dans mes pensées. En voyant mon visage, elle sut que j’étais prêt à m’embarquer dans une vie que nous ne souhaitions ni l’un ni l’autre. Je lui ai expliqué ce qui s’était passé et que je partais le lendemain. Elle a compris que je devais le faire, mais ça ne lui facilitait pas la tâche. Je lui ai demandé de me préparer une petite valise. Je lui ai dit que des amis et des parents s’occuperaient d’elle pendant mon absence. Je ne lui ai pas dit combien de temps elle durerait et elle ne me l’a pas demandé. C’était aussi bien parce que je ne connaissais pas la réponse. Je retournais à Pretoria le lundi, sans doute pour entendre le verdict. Quel qu’il fût, je ne rentrerais pas à la maison   : si nous étions condamnés, j’irais directement en prison   ; si nous étions acquittés, je passerais immédiatement dans la clandestinité.
    Mon fils aîné, Thembi, était à l’école au Transkei, aussi je ne pouvais pas lui dire au revoir, mais cet après-midi-là, je suis allé chercher Makgatho et ma fille Makaziwe chez leur mère à Orlando East. Nous avons passé plusieurs heures ensemble, nous avons marché dans le veld en dehors de la ville, nous avons parlé et joué. Je leur ai dit au revoir sans savoir quand je les reverrais. Les enfants d’un combattant de la liberté apprennent aussi à ne pas poser trop de questions à leur père et je voyais dans leurs yeux qu’ils comprenaient qu’il se passait quelque chose de grave.
    A la maison, j’ai embrassé mes deux petites filles. Elles m’ont regardé monter en voiture avec Wilson Conco et le long voyage pour le Natal a commencé.
     
    Mille quatre cents délégués venant de tout le pays et représentant cent cinquante organisations religieuses, sociales, culturelles et politiques différentes convergeaient vers Pietermaritzburg pour la conférence. Le samedi 25 mars au soir, quand je suis apparu sur la scène devant ce public loyal et enthousiaste, cela faisait près de cinq ans que je n’avais pas eu la liberté de faire un discours sur une tribune. Une réaction de joie m’a accueilli. J’avais presque oublié l’intensité de l’émotion qu’on ressent quand on s’adresse à une foule.
    Dans mon discours, j’ai lancé un appel pour la réunion d’une convention nationale dans laquelle tous les Sud-Africains, les Noirs et les Blancs, les Indiens et les métis, pourraient s’asseoir ensemble en toute fraternité et rédiger une constitution qui refléterait les aspirations de tout le pays. J’ai lancé un appel à l’unité et j’ai dit que nous serions invincibles si nous parlions d’une seule voix.
    La conférence demanda la réunion d’une convention nationale composée de représentants élus de tous les hommes et de toutes les femmes adultes sur une base d’égalité afin de définir une nouvelle constitution démocratique et non raciale pour l’Afrique du Sud. Un conseil national d’action fut élu, dont j’étais secrétaire honoraire, afin de transmettre cette demande au gouvernement. S’il refusait de convoquer une telle convention, nous appellerions à une grève à domicile de trois jours qui commencerait le 29 mai pour que cela coïncide avec la proclamation de la République sud-africaine. Je ne croyais absolument pas qu’il accepterait notre proposition.
    En octobre 1960, le gouvernement avait organisé un référendum réservé aux Blancs pour savoir si l’Afrique du Sud devait devenir une république. C’était un des vieux rêves des nationalistes afrikaners, couper les liens avec le pays contre lequel ils s’étaient battus pendant la guerre des Boers. Les partisans de la république l’avaient emporté avec 52   % des voix et la proclamation devait avoir lieu le 31 mai 1961. Nous avions fixé notre grève le jour de la proclamation de la république pour montrer qu’un tel changement était de pure forme.
    Immédiatement après la conférence, j’ai envoyé une lettre au Premier ministre Verwoerd, dans laquelle je lui enjoignais formellement de convoquer une

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