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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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ça ne devait pas se produire.
    A Noël 1960, pendant la suspension du procès, j’appris que Makgatho était malade au Transkei, où il allait à l’école, et malgré mon ordre d’interdiction je suis allé le voir. J’ai roulé toute la nuit, en ne m’arrêtant que pour faire le plein. Makgatho avait besoin d’être opéré et j’ai décidé de le ramener avec moi à Johannesburg. J’ai de nouveau conduit toute la nuit, je l’ai laissé chez sa mère pendant que je prenais les dispositions pour son opération. Quand je suis revenu, j’ai appris que Winnie était déjà en train d’accoucher. Je me suis précipité dans l’aile réservée aux non-Européens du Bridgman Memorial Hospital, où j’ai trouvé la mère et la fille qui m’attendaient. L’enfant nouveau-née se portait bien mais Winnie était très faible.
    Nous avons appelé notre nouvelle petite fille Zindziswa, comme la fille du poète xhosa, Samuel Mqhayi, qui m ’ avait tant fait rêver, il y avait des années, à Healdtown. Le poète était revenu chez lui après un long voyage et il avait découvert que sa femme avait donné naissance à une petite fille. Il ne savait pas qu ’ elle était enceinte et il avait cru que l ’ enfant avait un autre père. Dans notre culture, quand une femme donne naissance à un enfant, le mari n ’ entre pas dans la maison où elle est enfermée pendant dix jours. Mais le poète, trop furieux pour observer cette coutume, se précipita dans la maison avec une sagaie, prêt à en transpercer la mère et la fille. Mais, quand il regarda la petite fille et qu ’ il vit qu ’ elle lui ressemblait comme deux gouttes d ’ eau, il s ’ en alla en disant « U zindzinle   », ce qui signifie « Tu es bien établie   ». Il l ’ appela Zindziswa, la version féminine de ce qu ’ il avait dit.
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    L ’ accusation mit plus d ’ un mois pour déposer ses conclusions et fut souvent interrompue par la cour qui lui faisait remarquer les insuffisances de son raisonnement. En mars, ce fut notre tour. Issy Maisels refusa catégoriquement l ’ accusation de violence. « Nous reconnaissons qu ’ il y a une question de non-coopération et de résistance passive, dit-il. Nous dirons très franchement que si la non-coopération et la résistance passive constituent un crime de haute trahison, alors nous sommes coupables. Mais ces faits ne sont pas compris dans la loi de haute trahison. »
    La thèse de Maisels fut reprise par Bram Fischer, mais le 23 mars, la cour interrompit la plaidoirie de Bram. Nous en avions encore pour très longtemps, pourtant les juges décidèrent d’une semaine de suspension. Malgré l’irrégularité de la procédure, il s’agissait d’un signe d’espoir car cela laissait penser qu’ils s’étaient déjà forgé une opinion. Nous devions revenir au tribunal six jours plus tard et nous pensions que ce serait pour entendre le verdict. Dans l’intervalle, j’avais du travail.
    Mes interdictions devaient s’achever deux jours après la suspension du procès. J’étais à peu près sûr que la police ne s’en rendrait pas compte parce que, comme je l’ai déjà dit, elle gardait rarement trace de la date d’expiration des interdictions. Ce serait la première fois depuis cinq ans que j’aurais la liberté de quitter Johannesburg, la liberté d’assister à un meeting. Ce week-end-là avait lieu à Pietermaritzburg l’All-in Conference prévue depuis longtemps. On devait y envisager la possibilité d’une convention nationale pour une constitution. Il était secrètement prévu que je sois le principal orateur. Je devais faire en voiture les 450 kilomètres séparant Johannesburg de Pietermaritzburg durant la nuit qui précédait mon intervention.
    La veille de mon départ, le Comité national se réunit secrètement pour parler de stratégie. Après plusieurs réunions en prison et à l’extérieur, nous avions décidé de travailler dans la clandestinité, en suivant les grandes lignes du Plan-M. L’organisation passerait dans la clandestinité. On décida que si nous n’étions pas condamnés, je passerais dans la clandestinité pour parcourir le pays afin d’organiser la convention nationale. Seul quelqu’un travaillant à plein temps dans la clandestinité serait libéré des interdictions imposées par l’ennemi et qui nous paralysaient. On décida que je réapparaîtrais lors de certains événements, en espérant un maximum de publicité pour montrer que

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