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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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plusieurs journaux ont soutenu. Ensuite, j ’ ai rendu visite à Patrick Duncan, le directeur de l ’ hebdomadaire de gauche Contact, un membre fondateur du Parti libéral et un des premiers volontaires blancs pendant la Campagne de défi. Son journal n ’ avait cessé de dénoncer la politique de l ’ ANC en prétendant qu ’ elle était dictée par les communistes, mais quand il m ’ a vu, la première chose qu ’ il m ’ a dite c ’ est qu ’ une lecture attentive des comptes rendus du procès de trahison l ’ avait détrompé et qu ’ il rectifierait sa position dans son journal.
    Ce soir-là, j’ai pris la parole dans une réunion de pasteurs africains des townships du Cap. Je le signale parce que pendant des années je me suis souvenu de la prière d’ouverture d’un des pasteurs et elle a été pour moi une source de force dans les moments difficiles. Il remercia le Seigneur pour Sa bonté et Sa générosité, pour Sa miséricorde et pour l’intérêt qu’il portait à tous les hommes. Puis il prit la liberté de rappeler au Seigneur que certains de Ses sujets étaient plus opprimés que d’autres et que parfois il semblait qu’il ne faisait pas très attention. Et le pasteur dit que si le Seigneur ne manifestait pas un peu plus d’initiative pour conduire l’homme noir vers le salut, ce dernier devrait prendre les choses en main. Amen.
    Lors de la dernière matinée au Cap, au moment de quitter l’hôtel en compagnie de George Peake, membre fondateur de la Coloured People’s Organization d’Afrique du Sud, je me suis arrêté pour remercier le directeur métis de l’hôtel qui avait si bien pris soin de moi. Il m’en fut reconnaissant mais aussi se montra curieux. Il avait découvert mon identité et il me dit que la communauté métisse craignait d’être autant opprimée sous un gouvernement africain que sous le gouvernement blanc actuel. C’était un commerçant appartenant à la classe moyenne, il avait sans doute peu de contacts avec les Africains car il les craignait à peu près autant que les Blancs. C’était une peur très répandue dans la communauté métisse, en particulier au Cap et, bien qu’étant en retard, j’ai expliqué la Charte de la liberté à cet homme, en insistant sur notre refus du racisme. Un combattant de la liberté doit saisir chaque occasion de défendre sa cause.
    Le lendemain, j’ai participé à une réunion clandestine de la direction nationale de l’ANC et des directions des organisations du Congrès, à Durban, pour décider si l’action prévue devait prendre la forme d’une grève à domicile ou d’une grève habituelle, avec piquets aux portes des usines et manifestations. Ceux qui étaient pour la seconde solution disaient que la stratégie de la grève à domicile que nous utilisions depuis 1950 avait perdu son efficacité, et qu’à une époque où le PAC plaisait aux masses il était nécessaire de proposer des formes de lutte plus militantes. L’autre conception, que je défendais, soutenait que la grève à domicile nous permettait de frapper l’ennemi en l’empêchant de répondre. J’ai expliqué que la confiance des gens dans nos campagnes avait grandi précisément parce qu’ils avaient compris que nous n’étions pas imprudents avec leurs vies. J’ai dit que Sharpeville, malgré l’héroïsme des manifestants, avait permis à l’ennemi de tuer les nôtres. Je défendais la grève à domicile même si j’avais conscience que dans tout le pays les gens devenaient impatients devant les formes passives de lutte, car je ne pensais pas que nous devions abandonner nos tactiques éprouvées sans organisation d’ensemble  – ce que nous n’avions jamais le temps ni les moyens de faire. On décida d’une grève à domicile.
     
    La vie dans la clandestinité exige un changement psychologique radical. On doit prévoir chaque action, même si elle est apparemment insignifiante. Rien n’est innocent. Chaque chose est remise en question. On ne peut être soi-même   ; on doit incarner chaque rôle qu’on épouse. D’une certaine façon, en Afrique du Sud, les Noirs n’ont pas tellement besoin de s’adapter. Sous l’apartheid, un Noir menait une vie mal définie entre la légalité et l’illégalité, entre la franchise et la dissimulation. Etre noir en Afrique du Sud signifiait qu’on ne devait avoir confiance en rien, ce qui ne différait pas beaucoup de passer toute sa vie dans la clandestinité.
    Je suis

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