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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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petite, une arène dans laquelle le seul public se composait de nous-mêmes et de nos oppresseurs. Nous considérions la lutte en prison comme une version réduite de la lutte dans le monde. Nous allions combattre à l’intérieur comme nous avions combattu à l’extérieur. Le racisme et la répression étaient les mêmes   ; je devrais simplement me battre dans des termes différents.
    La prison et les autorités conspirent pour dépouiller chacun de sa dignité. Cela en soi m’a permis de survivre   : tout homme ou toute institution qui essaie de me dépouiller de ma dignité a perdu d’avance parce que c’est une chose dont je ne me départirai à aucun prix et sous aucun prétexte. Je n’ai jamais envisagé sérieusement la possibilité de ne pas sortir de prison un jour. Je n’ai jamais pensé qu’une condamnation à vie signifiait vraiment toute la vie et que je mourrais derrière les barreaux. Je niais peut-être cette possibilité parce qu’elle était trop désagréable à imaginer. Mais j’ai toujours su qu’un jour je sentirais à nouveau l’herbe sous mes pieds et que je marcherais dans le soleil comme un homme libre.
    Je suis fondamentalement optimiste. Je ne sais si cela vient de ma nature ou de ma culture. Etre optimiste c’est en partie avoir la tête dirigée vers le soleil et les pieds qui continuent à avancer. Il y eut beaucoup de moments sombres quand ma foi dans l’humanité était mise à rude épreuve, mais je ne voulais ni ne pouvais me laisser aller au désespoir. Cette voie mène à la défaite et à la mort.
    61
    Le gardien de nuit nous réveillait tous les matins à 5 h 30   ; il agitait une cloche de cuivre au bout de notre couloir en criant «  Word wakker   ! Staan op   ! » (Réveillez- vous   ! Debout   !) Je me suis toujours levé de bonne heure et ça ne me coûtait pas. Si on nous réveillait à 5 h 30, on ne nous laissait pas sortir avant 6 h 45   ; nous devions avoir nettoyé notre cellule et roulé nos couvertures et nos matelas. Il n ’ y avait pas d ’ eau courante dans les cellules et, comme toilettes, nous avions un seau hygiénique en fer de trente centimètres de diamètre avec un couvercle de porcelaine concave qui pouvait contenir de l ’ eau.
    C’était avec cette eau que nous devions nous raser et nous laver les mains et le visage.
    A 6 h 45, quand nous sortions de nos cellules, nous allions d’abord vider nos seaux. Nous devions les nettoyer soigneusement dans les lavabos qui se trouvaient au bout du couloir, sinon ils puaient. La seule chose agréable du nettoyage des seaux, c’était qu’au début il s’agissait du seul moment où nous pouvions échanger quelques mots. Les gardiens n’aimaient pas rester là au moment du nettoyage et on saisissait l’occasion pour parler à voix basse.
    Au cours des premiers mois, des prisonniers de la section générale venaient nous apporter le petit déjeuner dans nos cellules. Il se composait de bouillie de maïs que les prisonniers versaient dans un bol qu’ils nous passaient entre les barreaux de la porte. Il fallait beaucoup d’adresse pour ne pas en renverser.
    Au bout de quelques mois, le petit déjeuner nous fut apporté dans la cour, dans d’anciens bidons d’huile en métal. Nous devions nous servir nous-mêmes avec des bols en fer. On nous donnait une tasse de ce qu’on appelait du café, mais qui n’était en fait que du maïs moulu, cuit jusqu’à ce qu’il soit noir, et qu’on laissait infuser dans de l’eau chaude. Plus tard, quand nous avons pu aller dans la cour pour nous servir nous-mêmes, je courais autour de la cour en attendant l’arrivée du petit déjeuner.
    Comme toute chose en prison, la nourriture était discriminatoire.
    En général, les métis et les Indiens recevaient des repas légèrement meilleurs que ceux des Africains, mais la différence était faible. Les autorités aimaient dire que nous avions un régime alimentaire équilibré et il l’était effectivement  – du désagréable à l’immangeable. La nourriture était à la base de quantité de nos protestations mais, à cette époque, les gardiens nous disaient   : « Ag, vous les kaffirs, vous mangez mieux en prison que chez vous. »
    Au milieu du petit déjeuner, les gardiens hurlaient   : « Val in   ! Val in   !   » (Rassemblement   ! Rassemblement   !) et nous sortions de notre cellule pour l ’ inspection. Les trois boutons de notre veste kaki devaient être

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