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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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déjà utilisé George pour quelque chose d’analogue, mais ce n’était pas le cas avec le document en question.
    On a fixé une date pour l’audience du tribunal disciplinaire et un juge du Cap a été nommé. La veille, on m’a dit que mon avocat arriverait le lendemain et que je pourrais lui donner une déclaration écrite. J’ai rencontré George le matin, dans le bureau du directeur, et nous nous sommes consultés brièvement avant l’audience. Mais à l’ouverture, le procureur a déclaré que la prison retirait sa plainte. Le juge a décidé de clore les débats et a quitté brusquement la pièce. George et moi nous sommes regardés surpris, en nous félicitant de cette victoire apparente. Je rangeais mes papiers quand un autre officier s’est avancé et m’a dit en me montrant ma déclaration écrite   : « Donnez-moi ce dossier. »
    J’ai refusé en lui disant que c’était confidentiel et que ça ne concernait que mon avocat et moi. J’ai crié au procureur   : « Veuillez informer cet homme que ces documents sont protégés par le secret professionnel avocat-client et que je n’ai pas à les lui donner. » Le procureur m’a répondu qu’ils l’avaient été, mais que l’affaire était close, que le tribunal ne siégeait plus, et que, dans cette pièce, la seule autorité était cet officier. Ce dernier ramassa le document sur la table. Je ne pouvais l’en empêcher. Je crois que les autorités ont retiré leur plainte simplement pour s’emparer de ce document  – qui, comme elles le découvrirent, ne contenait rien qu’elles ne connussent déjà.
     
    Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, j’ai toujours pensé à m’évader. Mac Maharaj et Eddie Daniels, deux hommes courageux et ingénieux, discutaient toujours des différentes possibilités et concoctaient des plans. La plupart étaient bien trop dangereux mais cela ne nous arrêtait pas.
    Nous avions fait quelques progrès. Jeff Masemola, notre maître sculpteur, avait réussi à fabriquer un passe-partout qui ouvrait presque toutes les portes dans et autour de notre section. Un jour, un gardien avait laissé sa clef sur le bureau au bout du couloir. Jeff en avait pris l’empreinte avec un morceau de savon. Il avait limé un bout de métal pour lui donner la forme de la clef. Ce passe-partout nous donnait accès à des réserves derrière nos cellules ainsi qu’au quartier d’isolement. Mais nous ne l’avons jamais utilisé pour quitter notre section. Car le problème, c’était la mer qui formait un fossé infranchissable autour de Robben Island.
    En 1974, Mac eut une idée pour la franchir. On l’avait récemment conduit au Cap chez le dentiste, et il avait découvert que ce dernier était parent d’un prisonnier politique bien connu. Il était sympathique   ; il avait refusé de le soigner tant qu’on ne lui aurait pas retiré les fers qu’il avait aux pieds. Mac avait aussi remarqué que la fenêtre de la salle d’attente au premier étage donnait sur une petite rue par laquelle on pouvait se sauver.
    Quand Mac revint, il nous supplia de prendre rendez-vous chez le dentiste. C’est ce que nous fîmes et nous avons appris qu’un jour avait été fixé pour que Mac, Wilton Mkwayi et moi, ainsi qu’un autre prisonnier, puissions aller au Cap. Tous les trois, nous voulions tenter le coup, mais Mac a contacté le quatrième homme, qui a refusé. Nous avions des doutes sur sa loyauté et j’étais inquiet de savoir qu’il était au courant de nos plans.
    Sous bonne garde, on nous a emmenés au Cap en bateau puis chez le dentiste. Nous avions suivi un entraînement militaire et nous avions toutes les chances de réussir une évasion. Mac avait aussi un couteau sur lui et il était prêt à s’en servir. Dans le cabinet du dentiste, les gardes ont d’abord fait partir tous les autres patients. Nous avons demandé qu’on nous retire nos fers, soutenus par le dentiste, et les gardes l’ont fait.
    Mac nous a conduits jusqu’à la fenêtre et nous a montré la rue qui était la voie de l’évasion. Mais quelque chose l’a alors inquiété   : nous étions au centre du Cap en milieu de journée et pourtant la rue était vide. La fois précédente, il y avait beaucoup de circulation. « C’est un coup monté   », m’a-t-il murmuré. J’avais moi aussi le sentiment que quelque chose n’était pas normal, et j’ai trouvé que Mac avait raison. Wilton, dont le taux d’adrénaline était très

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