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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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on eut diagnostiqué un cancer, une campagne de presse réclamant sa libération pour raisons humanitaires avait influencé le gouvernement. On l’avait libéré mais assigné à résidence chez son frère à Bloemfontein. Il était mort quelques semaines plus tard.
    A bien des égards, Bram Fischer, petit-fils d’un Premier ministre de la colonie du fleuve Orange, avait fait le plus grand sacrifice. Quelles que fussent les souffrances que j’avais endurées dans ma lutte pour la liberté, j’avais toujours puisé des forces dans le fait que je luttais avec et pour mon peuple. Bram avait combattu en homme libre contre son propre peuple afin d’assurer la liberté des autres.
     
    Un mois après cette visite, je reçus une lettre de Winnie m’apprenant que les autorités avaient rejeté sa dernière demande de visite sous le prétexte absurde que je ne voulais pas la voir. Je demandai immédiatement un rendez-vous au lieutenant Prins, le directeur de la prison, pour élever une protestation.
    Prins n’était pas ce qu’on peut appeler un intellectuel. Je lui expliquai la situation d’un ton calme et sans animosité, mais je lui dis que je trouvais cela inacceptable et qu’on devait autoriser ma femme à venir me voir.
    Prins semblait ne pas m’écouter et, quand j’eus fini, il me dit   : « Ag, Mandela, votre femme ne cherche qu’à se faire de la publicité. » Je lui répondis que je n’aimais pas sa remarque et il m’interrompit d’une remarque tellement grossière et injurieuse sur ma femme que je me mis en colère.
    Je me levai et je fis le tour du bureau. Prins battit en retraite, mais je me repris. Au lieu de le frapper avec mes poings, comme j’avais envie de le faire, je le rossai avec des mots. En général, je n’approuve pas les insultes ou les injures, mais ce jour-là, j’ai violé mes principes. J’ai fini par lui dire qu’il était méprisable et sans honneur, et que si jamais il répétait ce qu’il venait de dire je ne me retiendrais pas.
    Puis je suis sorti de son bureau en claquant la porte. En m’en allant, j’ai vu Kathy et Eddie Daniels   ; je ne les ai même pas salués et je suis retourné dans ma cellule. J’avais réduit Prins au silence, mais il m’avait fait perdre mon calme et je considérais cela comme une défaite vis-à-vis de mes adversaires.
     
    Le lendemain matin, après le petit déjeuner, deux gardes sont entrés dans ma cellule et m’ont dit que je devais me rendre chez le directeur. En arrivant, une demi-douzaine de gardes armés m’ont entouré. D’un côté, il y avait le lieutenant Prins et, au centre du cercle, un officier, le procureur de la prison. L’atmosphère était tendue.
    « Eh bien, Mandela, dit le procureur, j’ai appris que vous vous étiez bien amusé hier, mais aujourd’hui, ça ne sera pas aussi agréable. Je vous inculpe pour insultes et menaces envers le directeur de la prison. C’est une accusation grave. » Puis il me tendit le mandat.
    « Avez-vous quelque chose à dire   ? demanda-t-il.
    —  Non, répondis-je. Vous pouvez vous adresser à mon avocat. » J’ai demandé qu’on me ramène dans ma cellule. Prins n’avait pas dit un mot.
     
    J’ai su immédiatement ce que j’allais faire   : préparer une contre-accusation de tout le monde, depuis le lieutenant Prins jusqu’au ministre de la Justice, pour inconduite. Je voulais mettre en accusation tout le système des prisons en tant qu’institution raciste cherchant à perpétuer la domination blanche. Je ferais de ce procès une cause célèbre et ils regretteraient de m’avoir inculpé les premiers.
    J’ai demandé à George Bizos de me représenter et nous avons mis au point un rendez-vous. Avant la visite de George, j’ai informé les autorités que je lui donnerais des instructions écrites. On m’a demandé pourquoi et j’ai répondu franchement que je supposais que la salle était truffée de micros. Les autorités ont refusé   ; je ne pouvais avoir qu’une consultation orale. J’ai répondu qu’elles n’en avaient pas le droit, et cela n’a fait que confirmer mes soupçons.
    La vérité, c’est que les autorités avaient peur que George ne transmette ma déclaration écrite à la presse. Cela faisait effectivement partie de notre stratégie. Elles craignaient aussi que je n’utilise George pour communiquer avec Oliver à Lusaka, et elles supposaient que ma déclaration écrite contiendrait des informations sensibles. J’avais

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