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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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élevé, l’a accusé de dire n’importe quoi. « Madiba, tu as le trac. » Mais j’étais d’accord avec Mac et nous nous sommes simplement fait soigner les dents. Le dentiste s’est demandé pourquoi j’étais venu le voir, parce que j’avais des dents saines.
     
    Alors que Mac étudiait les plans d’évasion les plus pratiques, Eddie Daniels inventait les plus imaginatifs. Au début de notre séjour à Robben Island, les avions n’avaient pas le droit de survoler l’île. Mais au milieu des années 70, nous avons remarqué que non seulement des avions mais aussi des hélicoptères passaient au-dessus de nos têtes, en faisant l’aller et retour entre les pétroliers et la côte. Eddie me proposa un plan d’évasion dans lequel l’organisation utiliserait un hélicoptère, peint aux couleurs de l’armée sud-africaine, qui viendrait me prendre dans l’île pour me déposer sur le toit d’une ambassade amie du Cap, où je demanderais le droit d’asile. Ce n’était pas un mauvais plan et je dis à Eddie de faire passer l’idée en fraude à Oliver à Lusaka. Eddie réussit effectivement à joindre Lusaka, mais nous n’avons jamais reçu de réponse.
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    Sur l ’ île, les anniversaires étaient d ’ une grande simplicité. Au lieu de gâteaux ou de cadeaux, nous mettions notre nourriture en commun et nous offrions une tranche de pain supplémentaire et une tasse de café à l ’ homme du jour. Fikile Bam et moi étions tous deux nés un 18 juillet, et je mettais de côté quelques friandises que j ’ achetais à Noël pour que nous les partagions le jour de notre anniversaire. En 1968, mes cinquante ans étaient passés sans qu ’ on y attache beaucoup d ’ importance, mais en 1975, quand j ’ ai eu cinquante-sept ans, Walter et Kathy sont venus me voir avec un plan à long terme pour que mon soixantième anniversaire soit plus mémorable.
    Une des questions qui ne nous quittaient pas, c’était l’idée de la lutte devant le peuple. Pendant les dix années précédentes, le gouvernement avait réduit au silence l’essentiel de la presse de gauche et on n’avait toujours pas le droit de publier les déclarations ou la photo de toute personne emprisonnée ou sous le coup d’une interdiction. Un rédacteur en chef pouvait aller en prison et son journal être fermé pour avoir publié une photo de moi ou d’un de mes compagnons.
    Un jour, alors que nous parlions dans la cour, Kathy et Walter m’ont dit que je devrais écrire mes mémoires. Kathy ajouta que le meilleur moment pour faire paraître un tel livre serait mon soixantième anniversaire. Walter dit que si je parlais avec vérité et honnêteté, ce livre servirait à rappeler au peuple pour quoi nous avions lutté et pour quoi nous luttions encore. Il ajouta que cela pourrait devenir une source d’inspiration pour les jeunes combattants de la liberté. L’idée me plut et, au cours d’une autre discussion, j’acceptai de m’y mettre.
    Quand je décide de faire quelque chose, j’aime m’y lancer tout de suite. J’ai adopté un plan de travail pas du tout orthodoxe   : j’écrivais la nuit et je dormais le jour. Pendant une semaine ou deux, je fis un somme après le souper, me réveillai à vingt-deux heures et écrivis jusqu’au petit déjeuner. Au bout de quelques semaines, j’ai signalé aux autorités que je ne me sentais pas bien et que je n’irais plus à la carrière. Elles n’ont pas eu l’air d’y attacher d’importance et, à partir de cette date, j’ai pu dormir toute la journée.
    Nous avons mis sur pied toute une organisation pour travailler sur le manuscrit. Chaque jour, je passais ce que j’avais écrit à Kathy, qui le revoyait et le lisait à Walter. Puis Kathy notait leurs commentaires en marge. Ils n’avaient jamais hésité à me critiquer et je prenais leurs suggestions au sérieux, en incorporant souvent les changement demandés. On donnait ensuite ce manuscrit revu et corrigé à Laloo Chiba, qui passait la nuit suivante à le recopier de son écriture presque microscopique, en réduisant dix pages grand format à une seule petite feuille. La tâche de Mac consistait à faire sortir le manuscrit en fraude.
    Les gardiens ont eu la puce à l’oreille. Ils ont demandé à Mac   : « Qu’est-ce qu’il fait, Mandela   ? Pourquoi est-ce qu’il travaille si tard la nuit   ? » Mais Mac s’est contenté de hausser les épaules en disant qu’il n’en savait rien. J’écrivais

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