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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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Mais comme le dit Oliver à l’époque de l’attentat, la lutte armée nous avait été imposée par la violence du régime d’apartheid.
    Le gouvernement et l’ANC suivaient deux voies   : la voie militaire et la voie politique. Sur le plan politique, le gouvernement poursuivait sa stratégie habituelle du diviser-pour-régner en essayant de séparer les Africains des métis et des Indiens. En novembre 1983, lors d’un référendum, la majorité électorale blanche accepta le projet de Peter Willem Botha de créer un pseudoparlement tricaméral avec des chambres indienne et métisse en plus du parlement blanc. C’était une tentative pour attirer les Indiens et les métis dans le système et les séparer des Africains. Mais cette offre n’était qu’un hochet, car toutes les décisions parlementaires des Indiens et des métis étaient sujettes au veto des Blancs. C’était aussi une façon de tromper le monde extérieur en lui faisant croire que le gouvernement réformait l’apartheid. La ruse de Botha n’a trompé personne, car plus de 80   % des électeurs indiens et métis boycottèrent les élections pour les nouvelles chambres en 1984.
    De puissants mouvements politiques se constituaient dans le pays qui possédaient des liens solides avec l’ANC   ; le principal était l’United Democratic Front (UDF), qui me choisit comme parrain. L’UDF fut créé pour coordonner les protestations contre la nouvelle constitution d’apartheid de 1983 et les premières élections au Parlement tricaméral de 1984. Ce front devint bientôt un puissant mouvement qui réunissait plus de six cents organisations anti-apartheid  – des syndicats, des groupes communautaires, des associations d’étudiants.
    L’ANC connaissait une nouvelle popularité. Les sondages d’opinion montraient que le Congrès était encore et de loin la plus populaire des organisations politiques parmi les Africains même après un quart de siècle d’interdiction. La lutte anti-apartheid dans son ensemble avait mobilisé l’attention du monde   ; en 1984, l’archevêque Desmond Tutu recevait le prix Nobel de la paix. (Les autorités refusèrent d’envoyer ma lettre de félicitations à l’archevêque.) Le gouvernement sud-africain subissait une pression internationale de plus en plus forte, à une heure où les nations du globe commençaient à imposer des sanctions économiques à Pretoria.
     
    Au cours des années, le gouvernement m’avait envoyé des « éclaireurs   », à commencer par le ministre Kruger, qui avait essayé de me persuader d’aller m’installer au Transkei. Il ne s’agissait pas d’offres de négociations mais de tentatives pour m’isoler de mon organisation. En plusieurs autres occasions, Kruger me dit   : « Mandela, nous pouvons travailler avec vous, mais pas avec vos collègues. Soyez raisonnable. » Je ne répondais pas à ces ouvertures, tout en considérant le simple fait que le gouvernement me parle plutôt que de m’attaquer comme le prélude à des négociations.
    Le gouvernement tâtait le terrain. Fin 1984 et début 1985, je reçus la visite de deux hommes politiques occidentaux importants, Lord Nicholas Bethell, membre de la Chambre des lords britannique et du Parlement européen   ; et Samuel Dash, professeur de droit à la Georgetown Université et ancien conseiller du comité du Sénat américain sur le Watergate. Ces deux visites furent autorisées par le nouveau ministre de la Justice, Kobie Coetsee, qui semblait appartenir à une nouvelle espèce de responsables afrikaners.
    J’ai rencontré Lord Bethell dans le bureau du commandant de la prison, que dominait une immense photo du président Botha. Bethell était un homme jovial et assez gros et, la première fois que je l’ai vu, je l’ai taquiné sur son embonpoint. « On dirait que vous êtes un parent de Winston Churchill   », lui ai-je dit en lui serrant la main   ; cela l’a fait rire.
    Lord Bethell voulait connaître nos conditions de vie à Pollsmoor. Nous avons aussi parlé de la lutte armée et je lui ai expliqué que ce n’était pas à nous d’arrêter la violence, mais au gouvernement. J’ai réaffirmé que nous visions des cibles militaires, pas la population. « Par exemple, je ne voudrais pas que nos hommes assassinent le major ici présent   », ai-je dit en montrant le major Fritz Van Sittert, qui surveillait l’entretien. Van Sittert avait bon caractère et ne parlait pas beaucoup, mais il a

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