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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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nous pouvions nous considérer comme des « Anglais noirs   », mais que les Anglais nous avaient opprimés en même temps qu’ils essayaient de nous « civiliser   ». Quel que fût l’antagonisme qui opposait les Boers  et les Britanniques, dit-il, les deux groupes blancs s’uniraient pour affronter la menace noire. Les conceptions de Khongisa nous stupéfièrent parce qu’elles nous semblaient dangereusement extrémistes. Un camarade me chuchota que Nyathi était membre de l’African National Congress (ANC), une organisation dont j’avais vaguement entendu parler mais dont je ne savais pas grand-chose. Quand l’Afrique du Sud déclara la guerre à l’Allemagne, Hertzog démissionna et Smuts devint Premier ministre.
     
    Au cours de ma seconde année à Fort Hare, j’invitai mon ami Paul Mahabane à passer les vacances d’hiver avec moi dans le Transkei. Paul venait de Bloemfontein et il était célèbre sur le campus parce que son père, le révérend Zaccheus Mahabane, avait été deux fois président national de l’ANC. Ce lien avec l’organisation, à propos de laquelle je ne savais toujours pas grand-chose, lui donnait une réputation de rebelle.
    Un jour, pendant les vacances, Paul et moi sommes allés à Umtata, la capitale du Transkei, qui, à l’époque, se composait de quelques rues pavées et des bureaux du gouvernement. Nous étions devant le bureau de poste quand le juge local, un Blanc dans la soixantaine, demanda à Paul d’aller lui acheter des timbres. C’était très habituel que n’importe quel Blanc demande à n’importe quel Noir de lui éviter une corvée. Le juge essaya alors de donner un peu de monnaie à Paul mais ce dernier ne la prit pas. Le juge en fut offensé. « Sais-tu qui je suis   ? » demanda-t-il, le visage rouge de colère. « Je n’ai pas besoin de savoir qui vous êtes, je sais ce que vous êtes   », répondit Mahabane. Le juge lui demanda ce qu’il entendait par là. « Je veux dire que vous êtes un paresseux   ! » répondit Paul en s’emportant. Le juge s’étrangla de colère et s’écria   : « Ça va te coûter cher   ! » et il s’en alla.
    Le comportement de Paul me mettait extrêmement mal à l’aise. Je respectais son courage mais il me semblait aussi très gênant. Le juge savait parfaitement qui j’étais et je savais, moi, qu’à la place de Paul je serais simplement allé acheter les timbres et j’aurais oublié. J’admirais Paul pour ce qu’il avait fait même si je ne me sentais pas capable d’en faire autant. Je commençais à me rendre compte qu’un Noir n’avait pas à accepter les dizaines d’affronts mesquins qu’on lui infligeait chaque jour.
    Après les vacances, je suis retourné à l’université au début d’une nouvelle année avec un nouveau sentiment de force. Je me suis concentré sur mes études en prévision des examens d’octobre. J’imaginais que dans un an j’aurais ma licence, comme l’intelligente Gertrude Ntlabathi. Je croyais qu’un diplôme universitaire était un passeport non seulement pour la communauté dirigeante mais aussi pour la réussite financière. Le principal, le Dr. Alexander Kerr, et les professeurs Jabavu et Matthews n’avaient cessé de nous répéter qu’en tant que diplômés de Fort Hare nous serions l’élite africaine. Je croyais que le monde serait à mes pieds.
    Titulaire d’une licence, je serais enfin capable de rendre à ma mère la richesse et le prestige qu’elle avait perdus après la mort de mon père. Je lui construirais une maison convenable à Qunu, avec un jardin, un mobilier et les installations modernes. Je pourrais la soutenir ainsi que mes sœurs pour qu’elles s’achètent ce qu’on leur avait refusé pendant si longtemps. Tel était mon rêve et il me semblait à portée de main.
    Pendant cette année scolaire, j’ai été désigné pour siéger au Conseil représentatif des étudiants, l’organisme le plus élevé de Fort Hare. Je ne savais pas à l’époque que les événements qui entouraient l’élection d’un étudiant créeraient des difficultés qui changeraient le cours de ma vie. Les élections au CRE avaient lieu au cours du dernier trimestre de l’année, alors que nous étions en pleine préparation des examens. D’après le règlement de Fort Hare, l’ensemble des étudiants élisaient les six membres du CRE. Peu avant l’élection, une assemblée générale eut lieu pour discuter des problèmes et exprimer

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