Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
Vom Netzwerk:
Umtata car nous dépendions de sa juridiction. Cela nous mit mal à l ’ aise, mais nous restâmes assis dans le bureau. Le magistrat tourna la manivelle du téléphone et appela son collègue à Umtata. Par hasard, le régent rendait justement visite au magistrat et il se trouvait devant lui.
    Quand le magistrat de Queenstown expliqua notre situation à celui d ’ Umtata, ce dernier dit quelque chose comme   : « Oh, il se trouve que leur père est ici   », et il passa l ’ appareil au régent. Et quand le magistrat de Queenstown eut parlé au régent, ce dernier explosa. « Arrêtez-les   ! » cria-t-il, suffisamment fort pour que nous entendions sa voix dans le récepteur. « Arrêtez-les, et ramenez-les immédiatement   ! » Le magistrat reposa le téléphone. Il nous lança un regard furieux. « Vous êtes des voleurs et des menteurs   ! nous dit-il. Vous avez abusé de mes bons offices et vous m ’ avez trompé. Maintenant, je vais vous faire arrêter   ! »
    Je me suis levé aussitôt pour nous défendre. Grâce à mes études à Fort Hare j ’ avais quelques connaissances de droit et je m ’ en suis servi. Je lui ai dit que nous lui avions menti, c ’ était vrai. Mais nous n ’ avions commis aucune infraction ni violé aucune loi et on ne pouvait nous arrêter sur la simple demande d ’ un chef même s ’ il s ’ agissait de notre père. Le magistrat recula et ne nous arrêta pas, mais il nous dit de quitter son bureau et de ne plus jamais y remettre les pieds.
    Le chef Mpondombini était furieux lui aussi, et il nous laissa à notre propre sort. Justice se souvint qu ’ il avait un ami à Queenstown, Sidney Nxu, qui travaillait chez un avocat blanc. Nous allâmes le voir, nous lui expliquâmes notre situation et il nous dit que la mère de l ’ avocat pour qui il travaillait partait pour Johannesburg et qu ’ il allait lui demander si elle voulait bien nous emmener. La vieille dame nous répondit qu ’ elle acceptait si nous lui payions 15 livres. C ’ était une sommes très importante, beaucoup plus qu ’ un billet de train. Cela représentait à peu près ce que nous possédions mais nous n ’ avions pas le choix. Nous avons décidé de prendre le risque de faire tamponner notre pass et les documents de voyage quand nous serions à Johannesburg.
    Nous sommes partis de bonne heure le lendemain matin. A cette époque, il était habituel que les Noirs soient assis à l ’ arrière si un Blanc conduisait. Nous nous sommes donc installés ainsi, Justice derrière la vieille dame. Il était très ouvert et exubérant et il commença tout de suite à bavarder avec moi. Cela mit la conductrice très mal à l ’ aise. Manifestement, elle ne s ’ était jamais trouvée en compagnie de Noirs sans aucune inhibition à l ’ égard des Blancs. Au bout de quelques kilomètres, elle dit à Justice qu ’ elle voulait qu ’ il change de place avec moi afin de pouvoir garder un œil sur lui, et pendant le reste du voyage elle le surveilla comme un faucon. Mais bientôt, le charme de Justice agit sur elle, et parfois elle riait à quelque chose qu ’ il disait.
     
    Le soir, vers 10 heures, nous avons vu devant nous, étincelant au loin, un labyrinthe de lumières qui semblait s ’ étendre dans toutes les directions. Pour moi, l ’ électricité avait toujours été une nouveauté et un luxe et il y avait là un immense paysage d ’ électricité, une ville de lumière. J ’ étais très ému de voir la ville dont j ’ entendais parler depuis mon enfance. On m ’ avait toujours décrit Johannesburg comme une ville de rêve, un endroit où un pauvre paysan pouvait se transformer en homme riche à la mode, une ville de danger et de possibilités. Je me souvins des histoires que Banabakhe nous avait racontées à l ’ école de circoncision, les immeubles si hauts qu ’ on ne pouvait en voir le sommet, les foules parlant des langues qu ’ on n ’ avait jamais entendues, les voitures étincelantes, les jolies femmes et les gangsters audacieux. C ’ était eGoli, la ville de l ’ or, où j ’ allais habiter.
    Dans les faubourgs, la circulation est devenue plus importante. Je n ’ avais jamais vu autant de voitures en même temps sur la route  – même à Umtata, il n ’ y en avait que quelques-unes et ici on en voyait des milliers. Nous avons contourné la ville plutôt que de la traverser, mais j ’ apercevais la silhouette de grands immeubles, encore plus sombres que le

Weitere Kostenlose Bücher