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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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ciel obscur de la nuit. Je regardais de grands panneaux d ’ affichage, qui vantaient des cigarettes, des bonbons et de la bière. Tout semblait fascinant.
    Bientôt nous sommes entrés dans un quartier de résidences imposantes, dont la plus petite était plus grande que le palais du régent, avec devant elles d ’ immenses pelouses et de hautes grilles de fer. C ’ était la banlieue où habitait la fille de la vieille dame et bientôt nous avons descendu la longue allée d ’ une de ces belles demeures. On nous conduisit, Justice et moi, vers l ’ aile des domestiques, où nous devions passer la nuit. Nous avons remercié la vieille dame et nous sommes allongés par terre pour dormir. Mais l ’ idée de Johannesburg était si excitante que j ’ ai eu l ’ impression de dormir dans un beau lit de plume. Les possibilités qui m ’ attendaient me semblaient infinies. J ’ avais atteint le terme de ce qui me semblait un long voyage mais ce n ’ était en réalité que le début d ’ un parcours bien plus long et bien plus éreintant, qui me mettrait à l ’ épreuve de bien des façons que j ’ étais tout à fait incapable d ’ imaginer.
     

DEUXIÈME PARTIE
    Johannesburg
    9
    A l ’ aube, nous sommes arrivés aux bureaux de Crown Mines, situés au sommet d ’ une haute colline dominant la métropole encore plongée dans l ’ obscurité. Johannesburg avait été construit autour de la découverte de l ’ or du Witwatersrand en 1886, et Crown Mines était la plus grande mine d ’ or de la ville de l ’ or. Je m ’ attendais à trouver un immense building, comme les bureaux du gouvernement à Umtata, mais je n ’ ai vu que des baraques rouillées.
    Une mine d ’ or n ’ a rien de magique. Autour, tout est aride et sale, de la boue et pas d ’ arbres, des clôtures de tous les côtés   ; cela ressemble à un champ de bataille ravagé par les combats. Un bruit violent venait de partout   : le grincement des monte-charge remontant les équipes, le bruit discordant des marteaux-piqueurs, le grondement lointain de la dynamite, les ordres que l ’ on aboie. Partout, je voyais des Noirs avec des salopettes poussiéreuses, l ’ air fatigué et courbant le dos. Ils vivaient sur le carreau de la mine dans des baraques sinistres pour célibataires qui comprenaient des centaines de couchettes en ciment séparées seulement de quelques dizaines de centimètres.
    L ’ extraction de l ’ or dans le Witwatersrand était coûteuse parce que le minerai était de faible teneur et situé à une grande profondeur. Seule la présence d ’ une main-d ’ œuvre bon marché sous la forme de milliers d ’ Africains qui travaillaient de longues heures pour une paie modique, sans aucun droit, rendait les mines rentables pour les compagnies minières  – des compagnies possédées par des Blancs qui devenaient plus riches que Crésus sur le dos des Africains. Je n ’ avais jamais vu une telle entreprise, des machines aussi grandes, une organisation aussi méthodique, et un travail aussi éreintant. Pour la première fois, je voyais le capitalisme africain à l ’ œuvre et je sus que j ’ allais y recevoir un nouveau genre d ’ éducation.
    Nous allâmes directement voir l’ induna, le chef. Il s ’ appelait Piliso, un type coriace qui en avait vu de dures. Piliso connaissait Justice, car le régent lui avait envoyé une lettre quelques mois plus tôt pour qu ’ on lui donne un travail de bureau, un des postes les plus enviés et les plus respectés de la mine. Mais il ne me connaissait pas. Justice lui expliqua que j ’ étais son frère.
    « Je n ’ attendais que Justice, répondit Piliso. La lettre de ton père ne parle pas d ’ un frère. » Il me regarda d ’ un air sceptique. Mais Justice le supplia en lui disant que ce n ’ était qu ’ un oubli et que le régent avait déjà posté une lettre à mon sujet. Sous une apparence bourrue, Piliso avait de bons côtés, et il m ’ engagea comme policier de la mine, en me disant que si je m ’ en tirais bien, il me donnerait un emploi de bureau dans trois mois.
    La parole du régent pesait lourd à Crown Mines. C ’ était vrai de tous les chefs d ’ Afrique du Sud. Les bureaucrates des mines voulaient recruter de la main- d ’ œuvre à la campagne et les chefs avaient autorité sur les hommes dont ils avaient besoin. Ils voulaient que les chefs encouragent leurs sujets à venir sur le Reef. Aussi, on les traitait avec beaucoup de

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