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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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méfiant et il ne se contenta pas de cette explication. Il dit qu ’ il était revenu parce qu ’ il avait oublié de prendre son médicament. Il regarda un peu partout et sembla satisfait. Je me rendis compte qu ’ il avait dû avoir une sorte de prémonition parce qu ’ il aurait pu acheter son médicament en ville. Quand sa voiture disparut derrière les collines, nous nous mîmes en route.
    Nous n ’ avions presque pas d ’ argent mais ce matin-là, nous allâmes voir un marchand local et nous lui vendîmes deux des bœufs de concours du régent. Le marchand supposa que nous les vendions sur l ’ ordre du régent et nous ne le détrompâmes pas. Il nous en donna un très bon prix et avec l ’ argent nous louâmes une voiture pour qu ’ on nous emmène jusqu ’ à une gare proche où nous pourrions prendre un train pour Johannesburg.
    Tout semblait bien se dérouler, mais sans que nous le sachions, le régent nous avait devancés et avait indiqué au chef de gare que si deux garçons correspondant à notre description venaient acheter des billets pour Johannesburg, il devait refuser parce que nous ne devions pas quitter le Transkei. Quand nous sommes arrivés à la gare, nous avons découvert qu ’ on ne voulait pas nous vendre de billets. Nous avons demandé pourquoi et le chef de gare nous a répondu   : « Votre père est venu et il m ’ a dit que vous vouliez vous sauver. » Stupéfiés par cette révélation, nous avons demandé au chauffeur de la voiture que nous avions louée de nous conduire à la gare suivante. Elle se trouvait à près de cinquante kilomètres et cela nous prit plus d ’ une heure pour y arriver.
    Nous réussîmes à prendre un train mais il n ’ allait pas plus loin que Queenstown. Dans les années 40, pour un Africain, voyager était une chose difficile. Tous les Africains de plus de seize ans devaient avoir sur eux un native pass (un « passeport indigène   ») délivré par le ministère des Affaires indigènes, pour le présenter à tout policier, à tout fonctionnaire ou à tout employé blanc. Si l ’ on ne pouvait pas le faire, cela pouvait signifier l ’ arrestation, un procès et une condamnation à la prison ou à une amende. Le pass indiquait où l ’ on habitait, qui était son chef, et si l ’ on avait payé la taxe individuelle, un impôt auquel étaient astreints les seuls Africains. Plus tard, le pass, qui avait la forme d ’ un petit livret, ou « livre de référence   » comme on l ’ appelait, contint d ’ autres informations et dut être signé chaque mois par l ’ employeur.
    Justice et moi, nous avions chacun un pass en ordre, mais quand un Africain quittait son district administratif et entrait dans un autre pour travailler ou y vivre, il devait avoir une autorisation de voyage, un permis et une lettre de son employeur ou, dans notre cas, de notre tuteur  – et nous n ’ avions rien de tout cela. Mais même lorsqu ’ on avait tout, on pouvait encore être inquiété par un policier parce qu ’ il manquait une signature ou parce qu ’ une date était incorrecte. Ne rien avoir était prendre un gros risque. Notre plan consistait à descendre à Queenstown, pour aller jusque chez un parent et prendre les dispositions nécessaires pour obtenir tous les documents. C ’ était aussi un plan mal conçu, mais nous avons eu un peu de chance parce que dans la maison de Queenstown nous avons rencontré par hasard le chef Mpondombini, un frère du régent, qui nous aimait beaucoup, Justice et moi.
    Il nous accueillit chaleureusement et nous lui expliquâmes que nous avions besoin que le magistrat local nous délivre les documents de voyage nécessaires. Nous lui avons menti en lui racontant que nous étions en mission pour le régent. Le chef Mpondombini était un interprète en retraite qui avait travaillé au ministère des Affaires indigènes et il connaissait bien le magistrat. Il n ’ avait aucune raison de ne pas croire à notre histoire et il ne se contenta pas de nous accompagner dans le bureau du magistrat, il se porta garant pour nous et expliqua notre situation. Après avoir écouté le chef, le magistrat nous établit rapidement les documents nécessaires pour voyager et y apposa le cachet officiel. Justice et moi, nous nous regardâmes avec un sourire complice. Mais au moment où le magistrat nous tendait les documents, il se rappela quelque chose et nous dit que, par courtoisie, il devait en informer le magistrat en chef à

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