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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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trouvais entraîné dans l ’ univers de la politique parce que mes anciennes idées ne me satisfaisaient plus.
    A Johannesburg, je fréquentais des milieux où le sens commun et l ’ expérience pratique étaient plus importants que les hautes qualifications universitaires. Même au moment où je recevais mon diplôme, je m ’ étais rendu compte que presque tout ce que j ’ avais appris à l ’ université était peu adapté à mon nouvel environnement. A l ’ université, les professeurs se méfiaient de sujets comme l ’ oppression raciale, le manque de possibilités pour les Africains, et l ’ ensemble de lois et de règlements qui asservissaient l ’ homme noir. Mais dans ma vie à Johannesburg, il s ’ agissait de choses que j ’ affrontais quotidiennement. Personne ne m ’ avait jamais dit comment repousser les maux des préjugés raciaux et je devais apprendre seul par la méthode des essais et des erreurs.
     
    Quand je suis revenu à Johannesburg, au début de 1943, je me suis inscrit à l ’ université du Witwatersrand pour un LLB, un diplôme de bachelier en droit, la formation universitaire pour être avocat. L ’ université du Witwatersrand, connue sous le nom de « Wits   », se trouve à Braamfontein, au nord de Johannesburg, et beaucoup la considèrent comme la meilleure université de langue anglaise en Afrique du Sud.
    Le travail au cabinet me permettait pour la première fois d ’ être régulièrement en contact avec des Blancs et l ’ université me permit d ’ entrer dans un groupe de Blancs de mon âge. A Fort Hare nous avions des contacts occasionnels avec des étudiants blancs de la Rhodes University de Grahamstown, mais à Wits, j ’ étais en cours avec des étudiants blancs. Cela était aussi nouveau pour eux que pour moi car j ’ étais le seul étudiant africain de la faculté de droit.
    Les universités de langue anglaise d ’ Afrique du Sud favorisaient le développement d ’ idées avancées et elles acceptaient des étudiants noirs. Pour les universités de langue afrikaans, une telle chose était impensable.
    Malgré les valeurs libérales de l ’ université, je ne m ’ y suis jamais senti vraiment à l ’ aise. Etre toujours le seul Africain, à part le personnel de service, être considéré au mieux comme une curiosité, au pire comme un intrus, n ’ est pas une expérience très agréable. Je restais prudent et je rencontrais aussi bien la générosité que l ’ animosité. Je devais découvrir un petit groupe de Blancs sympathiques avec lesquels je deviendrais ami et plus tard collègue, mais la plupart des Blancs de Wits n ’ étaient pas ouverts, ni indifférents à la couleur de la peau. Un jour, je suis arrivé en retard de quelques minutes à une conférence et je me suis assis à côté de Sarel Tighy, un étudiant qui plus tard est devenu député de l ’ United Party. La conférence avait déjà commencé et il restait très peu de places libres, mais il a ramassé ses affaires et est allé s ’ asseoir loin de moi. Ce type de comportement était plutôt la règle que l ’ exception. Personne ne prononçait le mot « kaffir   » ; l ’ hostilité restait muette mais je la ressentais tout autant.
    Notre professeur de droit, Mr. Hahlo, était un intellectuel strict qui ne tolérait pas beaucoup l ’ indépendance de ses étudiants. Il avait une curieuse conception du droit quand on en est arrivé aux femmes et aux Africains   : ni les uns ni les autres, a-t-il dit, ne pouvaient devenir avocats. Il considérait que la loi était une science sociale et que les femmes et les Africains n ’ étaient pas suffisamment disciplinés pour en maîtriser les complexités. Il m ’ a dit une fois que je n ’ aurais pas dû être à Wits mais que j ’ aurais dû suivre des cours par correspondance à l ’ UNISA. Je n ’ étais pas d ’ accord avec lui mais je ne faisais pas grand-chose pour le contredire. Mes résultats en tant qu ’ étudiant en droit étaient fort médiocres.
    A Wits, j ’ ai rencontré beaucoup de gens qui sont devenus des camarades, qui ont partagé avec moi les hauts et les bas de la lutte de libération et sans qui je ne serais pas arrivé à grand-chose. De nombreux étudiants blancs ont changé leurs habitudes pour essayer que je me sente le bienvenu. Au cours du premier trimestre à Wits, j ’ ai rencontré Joe Slovo et sa future épouse, Ruth First. A cette époque-là comme aujourd ’ hui, Joe a toujours

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