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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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situées
pour la plupart dans les environs de Kingsbridge. Y étaient énumérés les droits
et obligations respectifs des parties contractantes. Cela pouvait aller de
l’autorisation faite aux moines de fonder un monastère et de prélever
gratuitement la quantité de pierres nécessaire à sa construction dans une
carrière appartenant au comte de Shiring, à celle de diviser d’autres terrains
en parcelles destinées à être bâties et louées. Une charte, par exemple,
autorisait le prieuré à percevoir le péage du pont de Kingsbridge ; une
autre à rendre la justice ; une troisième à tenir un marché une fois la
semaine et une foire à la laine une fois l’an ; d’autres encore à
transporter des marchandises sur la rivière jusqu’à Melcombe sans payer de
taxes aux seigneurs des terres traversées.
    Ces documents étaient écrits à l’encre, à l’aide d’une
plume, sur des peaux de mouton qui avaient été nettoyées avec soin, puis
grattées, blanchies et étirées jusqu’à présenter une surface parfaitement
lisse. Les plus longs de ces parchemins étaient roulés et attachés à l’aide
d’un fin lacet de cuir. Ils étaient tous conservés dans la bibliothèque, dans
un coffre renforcé par une armature en fer et fermé par une clef rangée dans
une petite boîte sculptée.
    Godwyn ouvrit le coffre. À la vue du fouillis, il ne put
retenir une moue de désapprobation. Non seulement les documents n’étaient pas
numérotés ni rangés par ordre chronologique, comme ils auraient dû l’être, mais
ils étaient couverts de poussière et dans un état lamentable. Les uns étaient
déchirés, les autres élimés sur les bords. Certains avaient même été grignotés
par des souris. Et il n’y avait pas de liste à jour collée à l’intérieur du
couvercle permettant de retrouver un texte rapidement. Si jamais je suis élu
prieur..., pensa Godwyn.
    Philémon sortit les chartes une à une, les épousseta et les
déposa sur une table. Les moines, pour la plupart, ne l’aimaient pas. Depuis le
temps qu’il vivait au monastère, ils s’étaient habitués à sa présence, hormis
deux d’entre eux, parmi les plus âgés, qui se méfiaient de lui. Ce n’était pas
le cas de Godwyn, qui gardait aussi à l’esprit le souvenir d’un Philémon
adolescent, gauche et dégingandé, toujours en train de tournicoter autour du
prieuré en demandant aux moines quel saint il valait mieux prier et s’ils
avaient déjà été témoins d’un miracle. Et, bien sûr, Philémon révérait Godwyn à
l’égal d’un Dieu.
    Le plus souvent, le texte d’une charte était copié deux fois
sur un même parchemin. Ces deux textes identiques étaient séparés par une ligne
appelée devise et constituée de grands caractères inscrits en zigzag. Chaque
partie contractante se voyait remettre une moitié du parchemin découpé selon
cette ligne brisée. Pour vérifier l’authenticité d’un document, il suffisait de
remettre bout à bout les deux moitiés.
    Le texte était rédigé en latin, naturellement. Les documents
récents se lisaient assez facilement ; les plus vieux étaient assez
difficiles à déchiffrer, car l’écriture avait beaucoup évolué au fil du temps.
De gros trous, au beau milieu du document, venaient encore compliquer la
lecture. Ils correspondaient à des piqûres d’insecte ou à des blessures reçues
de son vivant par l’animal dont la peau avait servi à fabriquer le parchemin.
    Godwyn parcourut rapidement les chartes, ayant en tête
l’année où Thomas était arrivé blessé à l’hospice, dix ans auparavant, le jour
de la Toussaint. Le parchemin qui se rapprochait le plus de cette date avait
été rédigé quelques semaines plus tard. C’était un accord portant la signature
du comte Roland par lequel sieur Gérald cédait au prieuré la totalité de ses
terres en paiement de ses dettes, en échange de quoi le prieuré s’engageait à
subvenir à ses besoins et à ceux de son épouse jusqu’à leur dernier jour.
    Bien qu’il n’ait pas trouvé le document recherché, Godwyn
était loin d’être déçu. L’absence de tout parchemin se rapportant à l’admission
de Thomas Langley au monastère tendait à prouver qu’un secret entourait
l’affaire, comme sa mère l’avait supposé instinctivement : ou bien le
chevalier n’avait pas versé l’offrande rituelle – ce qui était curieux en soi
–, ou bien ce certificat d’admission était conservé dans un autre

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