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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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endroit, à
l’abri des regards indiscrets.
    Un monastère ne recelait guère de cachettes, puisque les
moines étaient censés ne rien posséder en propre et ne pas avoir de secret.
Certes, dans certains grands monastères, ceux qui occupaient des fonctions
importantes disposaient de cellules individuelles, mais à Kingsbridge, hormis
le père prieur, tout le monde partageait le même dortoir. À coup sûr, c’était
chez lui que se trouvait la charte établissant les modalités d’admission de
Thomas Langley au sein de la congrégation.
    Or la maison était à présent occupée par frère Carlus et il
ne permettrait jamais à Godwyn de fouiller les lieux. Cela dit, une fouille en
règle n’était pas forcément nécessaire. Feu le prieur Anthony avait
certainement laissé quelque part, à la vue de tous, une boîte ou une sacoche
contenant des documents personnels – un cahier dans lequel il avait consigné
ses pensées lorsqu’il était novice, une lettre aimable reçue de l’archevêque,
des sermons. Carlus avait probablement déjà examiné tout cela et il n’avait
aucune raison d’autoriser Godwyn à le faire.
    Il réfléchit. Qui d’autre que lui pouvait demander à les
consulter ? Edmond ou Pétronille ? Carlus serait malvenu de leur
opposer une fin de non-recevoir, car il s’agissait bien d’écrits appartenant à
leur frère défunt. Mais il veillerait à transférer ailleurs tous les documents
importants. Non, la recherche devait être menée clandestinement !
    En entendant sonner tierce, l’office du matin, l’idée lui
vint d’agir quand les moines prieraient à la cathédrale. C’était le seul moment
où il avait la certitude que Carlus ne serait pas chez lui.
    Oui, il allait manquer tierce. Trouver une excuse plausible
n’était pas facile, car ses fonctions de sacristain l’obligeaient à assister à
tous les offices.
    Ne voyant pas d’autre solution, il dit à Philémon :
« Je veux que, tout à l’heure, tu viennes me trouver au beau milieu de
l’office.
    — Bien, répondit celui-ci avec un embarras évident, les
serviteurs n’étant pas censés pénétrer dans le chœur pendant le culte.
    — Arrive juste après la lecture des versets.
Chuchote-moi quelque chose à l’oreille. N’importe quoi, ça n’a pas
d’importance. Et continue de parler sans t’inquiéter de ma réaction. »
    L’anxiété de Philémon transparut dans son regard. Néanmoins
il hocha la tête pour signifier son accord. Il se serait fait tuer pour Godwyn.
    Le sacristain se hâta de rejoindre le cortège qui se
dirigeait déjà vers le sanctuaire. Une poignée de fidèles seulement étaient
rassemblés dans la nef. La plupart des habitants de la ville arriveraient plus
tard, pour la messe à la mémoire des victimes. Les moines prirent place dans le
chœur. Le rite débuta. « Oh, Dieu, venez à mon aide », prononça
Godwyn, joignant sa voix au chœur des frères et des religieuses.
    La récitation des versets achevée, la première hymne débuta.
Philémon apparut. Tous les moines tournèrent les yeux vers lui et le
dévisagèrent comme l’on scrute toute chose sortant de l’ordinaire. Frère Siméon
manifesta sa réprobation en fronçant les sourcils d’un air menaçant. Carlus,
qui dirigeait le chant, fut sensible à la perturbation. Philémon s’avança vers
la stalle de Godwyn. « Béni soit celui qui ne prête l’oreille qu’aux avis
du Seigneur ! » chuchota-t-il en se penchant vers lui.
    Et tandis que Philémon lui récitait le psaume, Godwyn
commença par feindre la surprise, pour secouer ensuite la tête vigoureusement,
comme s’il se refusait à considérer la requête qui lui était soumise. Puis il
se remit à l’écouter. Il allait devoir imaginer une histoire compliquée pour
expliquer sa pantomime. Peut-être dirait-il que sa mère insistait pour lui
parler immédiatement de l’enterrement de son frère, et menaçait d’entrer
elle-même dans le chœur si son message n’était pas porté sur-le-champ à Godwyn.
Le caractère autoritaire de Pétronille et sa peine évidente rendaient
l’histoire plausible. Comme Philémon achevait son psaume, Godwyn se leva d’un
air vaincu et quitta le chœur à sa suite.
    D’un pas hâtif, ils contournèrent la cathédrale et gagnèrent
la maison du prieur. Le jeune novice qui balayait devant la porte n’oserait pas
interroger un moine. Quand il apprendrait à Carlus la visite de Godwyn et
Philémon, il serait trop

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