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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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répéta-t-elle en regardant Godwyn. En dehors des personnes
présentes et des deux hommes du prieuré qui ont été témoins de la
scène ? »
    Godwyn tenta de calmer les battements de son cœur. La
victoire était si proche qu’il en avait déjà le goût dans la bouche.
« Personne, ma dame.
    — De notre côté, nous saurons garder le secret,
indiqua-t-elle. Pouvez-vous en dire autant de vos moines ?
    — Ils obéiront au prieur qu’ils ont élu »,
assura-t-il en appuyant légèrement sur le dernier terme de sa phrase.
    S’adressant à Roland, Philippa déclara : « Dans ce
cas, le mariage peut avoir lieu. »
    Et Godwyn ajouta : « À condition d’être précédé de
mon intronisation. »
    Tous les regards se portèrent vers le comte.
    Il fit un pas en avant et, subitement, frappa Richard au
visage. Le coup avait été frappé par un guerrier qui savait mettre toute sa force
dans son geste. Il était puissant, bien que porté la main ouverte, et Richard
s’effondra sur les dalles.
    L’évêque gisait à terre, terrifié. Le sang gouttait de sa
bouche. Sur le visage blanc du comte, on voyait briller la transpiration.
Porter ce coup semblait l’avoir épuisé ; il vacillait sur ses jambes.
Plusieurs secondes s’égrenèrent dans un silence total. Enfin, il parut
retrouver sa vigueur. Après un coup d’œil méprisant à la soutane pourpre
recroquevillée par terre, il tourna les talons et se dirigea vers la sortie
d’un pas lent mais assuré.

 
24.
    Une bonne moitié de la population de Kingsbridge s’était
rassemblée sur le parvis recouvert de gazon, devant le grand portail de la
façade ouest de la cathédrale, pour attendre la sortie des jeunes mariés.
    Caris était du nombre, sans bien savoir pourquoi. Depuis sa
dispute avec Merthin, le jour où il avait achevé sa grue, elle n’éprouvait que
des pensées négatives à propos du mariage. Elle lui gardait rancune de leur
conversation sur leur avenir commun, bien qu’elle comprenne parfaitement ses
raisons. Qu’il veuille posséder une maison à lui pour y vivre avec elle, quoi
de plus naturel ? Quoi de plus naturel aussi qu’il veuille passer toutes
ses nuits auprès d’elle et avoir des enfants ? N’était-ce pas ce que
chacun voulait ? Oui, semblait-il, mais ce n’était pas ce qu’elle voulait,
elle, Caris.
    Ou, plutôt, elle voulait cela aussi, d’une certaine façon.
Elle aussi voulait s’étendre près de lui tous les soirs et serrer son corps
entre ses bras chaque fois qu’elle en aurait envie, sentir ses mains
intelligentes sur elle quand elle se réveillerait le matin et donner naissance
à un petit enfant qui lui ressemblerait trait pour trait et qu’elle pourrait
aimer et dorloter. Mais elle ne voulait pas des contraintes dont s’accompagnait
le mariage : elle ne voulait pas d’un seigneur et maître, elle voulait un
amant ; elle ne voulait pas consacrer sa vie à un homme, mais vivre à ses
côtés. C’était un dilemme qu’elle ne voulait pas résoudre et elle tenait rigueur
à Merthin de l’y obliger. Pourquoi ne pouvaient-ils pas continuer à vivre comme
ils le faisaient ?
    Au cours des trois semaines suivantes, elle lui avait à
peine parlé, prétendant souffrir d’un rhume. Et, en vérité, une douloureuse
gerçure sur la lèvre lui fournit une excuse pour ne pas l’embrasser. Merthin
venait toujours prendre ses repas chez les Lainier et s’entretenait aimablement
avec son père. Mais une fois qu’Edmond et Pétronille s’étaient retirés, il ne
s’attardait plus.
    À présent, la gerçure de Caris était guérie et sa colère
calmée. Elle persistait à ne pas vouloir devenir la propriété de Merthin, mais
elle souhaitait qu’il recommence à l’embrasser. Pour l’heure, il n’était pas à
côté d’elle mais un peu plus loin dans la foule, et bavardait avec Bessie la Cloche,
la fille du propriétaire de l’auberge, une fille de petite taille avec des
courbes là où il en fallait et un sourire que les hommes trouvaient aguichant
et les femmes fabriqué. Merthin la faisait rire. Caris détourna les yeux.
    Des acclamations montèrent de la foule lorsque le couple
franchit le portail. Âgée de seize ans, la mariée était bien jolie dans sa robe
blanche, avec des fleurs dans ses cheveux. D’une dizaine d’années plus âgé,
l’époux était un grand gaillard à l’air sérieux.
    L’un et l’autre affichaient des mines désespérées.
    Ils se connaissaient à peine ;

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