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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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L’escalier débouchait dans un grenier situé au-dessus du bas-côté sud.
    Cette face arrière de la voûte, invisible d’en bas, avait
toujours intrigué Caris et elle se réjouissait d’en découvrir l’aspect.
« Cet endroit où nous sommes s’appelle l’extrados », lui apprit
Merthin, tandis qu’elle promenait les yeux autour d’elle.
    Elle aimait sa façon désinvolte de lui fournir des
renseignements architecturaux, la sachant curieuse de les connaître et apte à
les comprendre. Merthin ne faisait jamais de ces plaisanteries stupides sur les
femmes qui n’entendaient rien à la technique.
    Pour l’heure, il avançait le long d’une sorte de sentier en
caillebotis et s’y allongea pour examiner la nouvelle maçonnerie de plus près.
Pour rire, elle vint s’étendre à côté de lui et le serra dans ses bras comme
s’ils étaient au lit. Merthin tâta le mortier entre les nouvelles pierres et
porta son doigt à sa bouche. « Ça sèche drôlement vite !
s’étonna-t-il.
    — Je suis sûre que c’est très dangereux s’il reste de
l’humidité dans la fente. »
    Il la regarda. « Je t’en donnerai, de l’humidité dans
la fente !
    — Tu l’as déjà fait. »
    Il l’embrassa. Elle ferma les yeux pour mieux apprécier son
baiser. « Rentrons à la maison, proposa-t-elle au bout d’une minute. Nous
serons seuls. Mon père et ma tante sont tous les deux au banquet. »
    Ils s’apprêtaient à se relever quand ils entendirent des voix.
Un homme et une femme se tenaient dans le bas-côté sud, juste en dessous de la
partie réparée de la voûte, dissimulés à leurs yeux par le tissu tendu sur
l’ouverture, qui étouffait également leurs paroles. Des phrases leur parvinrent
néanmoins. « Votre fils a treize ans maintenant, disait la femme. Il veut
être chevalier.
    — Comme tous les garçons. »
    Merthin chuchota à Caris de ne pas faire un geste, de peur
d’être entendus. Cette voix féminine devait appartenir à la dame rousse,
imagina la jeune fille. Celle de l’homme lui était familière. Serait-ce celle
d’un moine ? Mais comment un moine aurait-il un fils ?
    « Votre fille a douze ans et promet d’être très belle.
    — Comme sa mère. »
    Il y eut une pause. La femme reprit : « Je ne peux
pas rester trop longtemps, la comtesse va me chercher. »
    Ainsi c’était une dame de l’entourage de la comtesse de
Monmouth, une dame d’honneur, pensa Caris. Elle semblait donner des nouvelles
de ses enfants à un père qui ne les avait pas vus depuis des années. Qui cela
pouvait-il être ?
    Il dit : « Pourquoi avez-vous voulu me rencontrer,
Loreen ?
    — Pour vous voir. Vous avez perdu un bras, j’en suis
navrée. »
    Caris laissa échapper un petit cri et se couvrit aussitôt la
bouche. Un seul moine était manchot : frère Thomas. À présent, elle
reconnaissait sa voix en toute certitude. Se pourrait-il qu’il ait été marié
jadis ? Qu’il ait eu deux enfants ? Caris regarda Merthin.
L’incrédulité se peignait sur ses traits.
    « Qu’avez-vous dit aux enfants à mon sujet ?
demandait Thomas.
    — Que leur père était mort, répondit Loreen d’une voix
dure, et elle fondit en larmes. Pourquoi avez-vous fait ça ?
    — Je n’avais pas le choix. Si je ne m’étais pas réfugié
ici, j’aurais été tué. Aujourd’hui encore, je ne quitte presque jamais
l’enceinte du monastère.
    — Pourquoi voudrait-on vous tuer ?
    — À cause d’un secret que je connais.
    — La vie m’aurait été plus douce si vous étiez mort
pour de bon. Veuve, j’aurais pu trouver un mari, un homme qui soit un père pour
mes enfants. Alors que, dans ma situation, je dois porter le fardeau d’une
épouse et celui d’une mère sans personne pour m’aider... Personne pour me
serrer dans ses bras la nuit.
    — Je suis désolé d’être encore en vie.
    — Oh, ce n’est pas ce que je voulais dire. Je ne
souhaite pas votre mort. Je vous ai aimé autrefois.
    — Et moi, je vous ai aimée autant qu’un homme de mon
état peut aimer une femme. »
    Qu’entendait Thomas par « un homme de mon
état » ? se demanda Caris avec perplexité. Était-il de ces hommes qui
aimaient d’autres hommes ? C’était fréquent chez les moines.
    Quoi qu’il ait voulu dire, Loreen le comprit car elle
répondit doucement : « Je sais. »
    Une longue pause s’écoula. C’était gênant d’écouter en
cachette une conversation aussi intime, mais il

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