Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
vois que tu es
déterminée et ton projet est avisé. Mais même s’il était mauvais, je suis sûr
que tu saurais en tirer quelque chose. »
    Elle alla de ce pas trouver Marc le Tisserand et passa un
accord avec lui pour qu’il se mette immédiatement à la tâche. Elle s’organisa
également pour que Madge prenne un char à bœuf appartenant à Edmond et fasse le
tour des villages voisins avec quatre sacs de laine à répartir entre plusieurs
tisserands.
    Le reste de la famille ne voyait pas les projets de Caris
d’un bon œil. Le lendemain, Alice vint dîner. À peine se furent-ils assis à
table que Pétronille prit son frère à parti : « Je pense, ainsi
qu’Alice, que tu devrais reconsidérer ce projet de tissu. »
    Au désespoir de Caris, son père ne répondit pas qu’il avait
pris sa décision et qu’il était trop tard pour la remettre en question. Sur un
ton bon enfant, il s’enquit : « Ah bon ? Et pourquoi ça ?
    — Tu risques de perdre jusqu’à ton dernier sou. Voilà pourquoi !
    — Toute ma fortune ou presque est déjà en péril,
répliqua t-il. J’ai un entrepôt bourré de laine que je ne peux pas vendre.
    — Tu risques de te retrouver dans une situation bien
pire encore.
    — C’est un risque que j’ai décidé de prendre.
    — Ce n’est pas juste envers moi ! intervint Alice.
    — Tiens donc ! Et pourquoi ?
    — Caris dépense mon héritage ! »
    Edmond s’assombrit et marmonna tout bas : « Je ne
suis pas encore mort ! »
    Pétronille pinça les lèvres, comprenant le sous-entendu.
Mais Alice insistait, sourde à la colère de son père. « Il faut penser à
l’avenir. Pourquoi Caris aurait-elle le droit de dépenser un héritage auquel
j’ai droit ?
    — Parce qu’il n’est pas encore à toi et ne le sera
peut-être jamais !
    — Tu ne peux pas jeter par les fenêtres un argent qui
devrait me revenir.
    — Je ne laisserai personne me dicter ce que je dois
faire de ma fortune, et encore moins mes enfants ! » s’écria Edmond.
    Sa voix vibrait d’une telle fureur qu’Alice ne put
l’ignorer. Elle reprit sur un ton plus serein : « Je ne disais pas ça
pour t’ennuyer. »
    Il répondit par un grognement, incapable de se fâcher
longtemps, quand bien même les excuses d’Alice n’étaient guère satisfaisantes.
« Dînons tranquillement. Je ne veux plus entendre un mot à ce
sujet ! » conclut-il, et Caris comprit que son projet avait survécu
une journée de plus.
    Sitôt le dîner achevé, elle partit chez Pierre le Teinturier
pour le prévenir de la grande quantité de travail qui l’attendrait bientôt.
    « Ce ne sera pas possible », dit-il.
    Sa réponse la prit au dépourvu. Connaissant son caractère
taciturne, elle insista, sachant qu’il finissait toujours par se rendre à ses
vues. « Ne vous inquiétez pas, vous n’aurez pas tout à teindre. Je
donnerai une partie du travail à d’autres teinturiers.
    — Ce n’est pas la teinture, c’est le foulage.
    — Comment ça ?
    — Le prieur Godwyn a publié un nouvel édit : nous
n’avons plus le droit de fouler la laine nous-mêmes. Nous sommes tenus
d’utiliser le moulin du prieuré.
    — Eh bien, faisons le foulage là-bas.
    — Leur moulin est trop lent. La machinerie est vétuste
et casse à longueur de temps. Elle a été réparée maintes et maintes fois. Cet
assortiment de vieux bois et de bois neuf n’est plus capable d’effectuer la
besogne correctement. On aura aussi vite fait de fouler la laine nous-mêmes en
la piétinant dans l’eau. De plus, il n’y a qu’un seul moulin. Il suffira à
peine aux besoins courants des tisserands et des teinturiers de
Kingsbridge. »
    C’était insensé ! Son projet n’allait pas échouer à
cause d’un décret stupide édicté par son cousin ! Elle objecta, soulevée
par l’indignation : « Mais si son moulin ne suffit pas à la tâche, le
prieur ne peut pas nous interdire de fouler nous-mêmes la laine ! »
    Peter haussa les épaules. « Essayez de le lui
dire !
    — Vous pouvez compter sur moi ! »
    Elle s’élança d’un pas vif en direction du prieuré. À
mi-chemin elle s’arrêta. Si le prieur avait coutume de recevoir les habitants
de Kingsbridge dans la grande salle de sa maison, il était peu fréquent qu’une
femme se rende seule chez lui et, de surcroît, sans avoir annoncé sa visite.
Godwyn était de plus en plus pointilleux sur ces détails. D’ailleurs, le
prendre de front

Weitere Kostenlose Bücher