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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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tracassait.
    « Les mauvaises ventes à la foire de Shiring l’ont un
peu secoué. Et puis, l’âge commence à se faire sentir, il oublie les choses.
    — Prends soin de lui. C’est un homme bon.
    — Je sais, répondit Caris sans bien comprendre où
Mattie voulait en venir.
    — Quant à Pétronille, c’est une vache égocentrique.
    — Je suis bien placée pour le savoir. »
    Mattie poussa vers Caris un mortier dans lequel elle était
en train d’écraser des herbes au pilon. « Tiens, finis ça à ma place, si
tu veux bien. Je vais te chercher une tasse de vin.
    — Merci », dit Caris et elle se mit en demeure de
broyer la mixture pendant que Mattie remplissait deux bols de bois d’un vin
jaune qu’elle conservait dans une cruche en pierre.
    « Pourquoi es-tu là ? Tu n’es pas malade,
pourtant.
    — Tu sais ce qu’est l’alun ?
    — Oui. En petite quantité, on s’en sert comme
astringent, pour refermer des blessures ; on en prend aussi pour stopper
la diarrhée. En grande quantité, c’est un poison qui fait vomir, comme la
plupart des poisons. Il y en avait dans la potion que je t’ai donnée l’année
dernière.
    — Qu’est-ce que c’est ? Une herbe ?
    — Non, c’est de la terre. Les Maures l’extraient dans
des mines en Turquie et en Afrique. Les tanneurs en utilisent parfois pour assouplir
le cuir. J’imagine que tu veux t’en servir pour teindre des tissus.
    — Oui. » Comme toujours, Mattie faisait montre
d’une précision surnaturelle dans ses suppositions.
    « L’alun agit comme un mordant, il pénètre les fibres
de la laine et permet de fixer les couleurs.
    — Où t’en procures-tu ?
    — À Melcombe », dit Mattie.
    *
    Caris fit le voyage jusqu’au port de Melcombe qu’elle
connaissait pour y être allée plusieurs fois. Deux jours de route sous la
protection d’un employé de son père. Sur les quais, elle rencontra un négociant
en épices, qui faisait également commerce d’oiseaux des îles, d’instruments de
musique et de toutes sortes de curiosités provenant des contrées les plus
lointaines. Il lui vendit une variété d’alun connue sous le nom de « spiralum »,
qui provenait selon lui d’Éthiopie, ainsi qu’un tonnelet d’une teinture rouge
extraite de la racine d’une garance particulière, cultivée en France. Il lui
réclama sept shillings pour le tonnelet ; le sac d’alun lui avait déjà
coûté une livre. Ignorant leur valeur, Caris n’aurait su dire si elle les avait
obtenus pour un bon prix. En fait, il lui avait cédé tout ce qu’il possédait et
il lui promit de lui en trouver encore dès qu’un autre bateau accosterait
d’Italie. Elle lui demanda en quelles quantités cette garance et l’alun
devaient être utilisés, mais il ne put lui répondre.
    De retour à Kingsbridge, elle entreprit de teindre dans une
marmite des morceaux de son coupon invendu. Pétronille s’étant plainte de
l’odeur, Caris s’installa dans la cour derrière la maison. Elle savait qu’elle
devait faire bouillir le tissu dans une solution d’eau et de colorant. Peter
lui avait indiqué les proportions à respecter. En revanche, elle n’avait pas la
moindre idée de la façon dont on utilisait l’alun.
    Commença alors une éprouvante période d’essais. Elle
plongeait le tissu dans l’alun avant de le teindre ; elle mélangeait
l’alun à la teinture et faisait bouillir le tissu. Ou bien elle faisait tremper
le tissu teint dans l’alun. Elle poursuivit l’expérimentation en utilisant
tantôt la même quantité d’alun et de colorant, tantôt plus, tantôt moins. À la
suggestion de Mattie, elle tenta d’ajouter d’autres ingrédients : de
l’écorce de chêne, de la craie, de l’eau de chaux, du vinaigre et même de
l’urine.
    Le temps pressait. Partout, dans toutes les villes du pays,
seuls les marchands appartenant à une guilde étaient habilités à vendre du
tissu, sauf en période de foire où les règles étaient moins strictes. Or,
toutes les foires se tenaient en été. La dernière, la foire de Saint-Gilles,
une ville à l’est de Winchester, dans la région des Downs, se tenait le jour de
la Saint-Gilles, le 12 septembre. Et on était déjà à la mi-juillet. Il ne
restait donc que huit semaines à Caris.
    Elle débutait de bon matin et s’échinait jusque bien après
la tombée de la nuit. À force de remuer sans cesse le tissu dans la marmite, le
sortant de l’eau pour l’y replonger, elle

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